| | Auteur | Message |
---|
| Sujet: Les vers de la vie... Mer 17 Aoû - 17:52 | |
| Je me suis rendue compte que, si nous avions déjà un répertoire pour les livres et un autre pour les films, nous n'avions rien quand aux poèmes. Et pourtant, tellement d'auteurs en ont écris sur la seconde guerre mondiale. Alors ça ne fait pas de mal d'en trouver, non? On ne peut pas les répertorier par ordre alphabétique comme pour les films et les livres. Je vous propose tout simplement de les poster les uns à la suite des autres, et bien sur, de poster des petits commentaires entre chaque, voici seulement un petit code pour rendre tout ça joli: - Code:
-
<div class="back"><div class="titre">Titre du Poème
<font-size:9px>Auteur</font></div></div>
<div class="back2">TEXTE DU POEME</div> Je commencerai avec mon poème préféré, pour ceux qui connaissent "L'armée des ombres", c'est l'histoire de ces jeunes étrangers morts pour la France qu'Aragon relate ici. L'Affiche Rouge
Louis Aragon Vous qui n'avez réclamé ni gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement:
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan. Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant |
| | |
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Mer 17 Aoû - 20:38 | |
| Ce n'est pas vraiment un poème, mais une chanson que je trouve remarquablement belle et poignante une fois qu'on a compris qu'elle parle du nazisme... Voivi un lien vers la chanson elle-même pour ceux qui voudraient l'écouter : Comme ToiComme Toi
Jean-Jacques Goldman Elle avait les yeux clairs et la robe en velour A côté de sa mère et la famille autour Elle pose un peu distraite et du soleil la fin du jour La photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir Le bonheur en personne et le douceur d'un soir Elle aimait la musique surtout chuman et puis mozart
Refrain : Comme toi (x8) Comme toi que je regarde tout bas Comme toi qui dort en révant à quoi Comme toi (x4)
Elle allait à l'école au village d'en bas Elle apprenait les livres elle apprenait les lois Elle chantait les grenouilles et les princesses qui dorment au bois Elle aimait sa poupée elle aimait ses amis Surtout Lutéana et surtout Jérémy Et ils se mariraient un jour peut-être à Varsovie
Refrain
Elle s'appelait Sara elle n'avait pas huit ans Sa vie c'était douceur et des nuages blancs Et d'autres gens en avait décidé autrement Elle avait des yeux clairs et elle avait ton âge C'était une petite fille sans histoire et très sage Mais elle n'est pas née comme toi ici et maintenant
Refrain Comme toi (x4) |
| | |
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Ven 6 Avr - 11:40 | |
| Les petites lumières jaunes
Denise Bonal Là, dans cette gare, au sol glacé, ils ont piétiné sans comprendre. Là, ils ont attendu sans poser de questions. Ils se parlaient tout bas, entre eux, sans rien apprendre. Le temps des petites lumières jaunes.
Ils ont reçu des coups de matraque sans broncher. Ils ont courbé la tête sous les aboiements et les injures sans répliquer. Ils ne savaient où poser leur regard comme soudain dévêtus, Avec seulement leurs petites lumières jaunes.
Ils se sont mis en marche sans se retourner. Personne n'était venu leur dire adieu. Pas un ne tenta de s'échapper du troupeau, Jadis ancien troupeau qui traversait la mer à pied sec.
L'une d'entre ce troupeau, toute jeune, si jeune, Qui portait entre ses bras un paquet mal ficelé Au détour du quai Lança le paquet mal ficelé vers une femme immobile Qui, tremblante, se tenait là et regardait sans comprendre La cohorte des petites lumières jaunes.
Le paquet, c'était moi. Ils sont tous partis. Ceux qui furent les miens. Tous les autres. Et les miens dont je ne sais rien. De ce pays hospitalier leur dernière image fut cette gare au sol glacé.
Ils sont montés dans les wagons. Le train a lancé son nuage de fumée chaude. Emportant au loin ceux qui ne seraient bientôt que fumée chaude. C'était le temps des petites lumières jaunes.
|
| | |
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Jeu 8 Nov - 18:42 | |
| Moi c'est pas vraiment un poème, c'est une prière d'un Parachutiste des Forces Françaises Libres. La prière du para
André Zirnheld (1913-1942) Je m'adresse à vous , mon Dieu, car vous seul donnez ce qu'on ne peut obtenir que de soi.
Donnez moi, mon Dieu ce qu'il vous reste. Donnez moi ce qu'on ne vous demande jamais.
Je ne vous demande pas le repos, ni la tranquillité, ni celle de l'âme, ni celle du corps. Je ne vous demande pas la richesse, ni le succès, ni peut-être même la santé.
Tout çà, mon Dieu, on vous le demande tellement que vous ne devez plus en avoir.
Donnez moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste. Donnez moi ce que l'on vous refuse.
Je veux l'insécurité et l'inquiétude. Je veux la tourmente et la bagarre. Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement, que je sois sûr de les avoir toujours, car je n'aurai pas toujours le courage de vous les demander.
Donnez moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste. Donnez moi ce dont les autres ne veulent pas.
Mais donnez-moi aussi le courage et la force et la foi. Car vous seul donnez ce qu'on ne peut obtenir que de soi. |
| | | Manfred Mohr The High Flying Bird
■ topics : OUVERTS ■ mes posts : 533 ■ avatar : Charles Dance ■ profession : Oberst dans la Luftwaffe, responsable de l'aéroport d'Orly PAPIERS !■ religion: Protestant■ situation amoureuse: Marié, père de famille■ avis à la population:
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Ven 20 Déc - 19:27 | |
| Parce que je ne peux pas ne pas le mettre - c'est sans doute mon poème préféré sur la WWII - j'ai choisi Péri de Paul Eluard (en fait, je voudrais mettre l'intégralité du recueil "Au rendez-vous allemand", voire même tous les poèmes qu'il a écrit sur la WWII, mais je crois que c'est le plus significatif ^^) Un homme est mort qui n’avait pour défense Que ses bras ouverts à la vie Un homme est mort qui n’avait d’autre route Que celle où l’on hait les fusils Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre l’oublie
Car tout ce qu’il voulait Nous le voulions aussi Nous le voulons aujourd’hui Que le bonheur soit la lumière Au fond des yeux au fond du cœur Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre Et ce sont des mots innocents Le mot chaleur le mot confiance Amour justice et le mot liberté Le mot enfant et le mot gentillesse Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits Le mot courage et le mot découvrir Et le mot frère et le mot camarade Et certains noms de pays de villages Et certains noms de femmes et d’amies Ajoutons-y Péri Péri est mort pour ce qui nous fait vivre Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant. En fait, Péri fut journaliste, résistant, et communiste : il a été fusillé au Mont-Valérien. D'ailleurs, ce n'est pas le seul poème où on lui rend hommage, La rose et le réséda lui est dédié (ainsi qu'à Mocquet et Estienne d'Orves) par Aragon, qui lui a aussi dédié un autre poème « Ballade de celui qui chanta dans les supplices », en référence aux derniers mots de Péri lui même : "tout à l'heure, je vais préparer des lendemains qui chantent". |
| | |
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Jeu 26 Déc - 10:12 | |
| Je connaissais la phrase sur les lendemains qui chantent, mais pas du tout son contexte ni ce poème qui est vraiment magnifique Très beau, simple, et avec un message optimiste derrière, j'aime beaucoup, merci pour cette belle découverte Manfred 8D |
| | | Manfred Mohr The High Flying Bird
■ topics : OUVERTS ■ mes posts : 533 ■ avatar : Charles Dance ■ profession : Oberst dans la Luftwaffe, responsable de l'aéroport d'Orly PAPIERS !■ religion: Protestant■ situation amoureuse: Marié, père de famille■ avis à la population:
| Sujet: Re: Les vers de la vie... Sam 12 Juil - 18:15 | |
| L'un des plus grands poèmes d'Aragon selon moi, publié sous le pseudonyme de François La Colère, aussi parlant ou presque que La rose et le réséda, pas du même style : celui là est accusateur, sans concession aucune, dirigé ouvertement contre les allemands mais aussi contre Vichy : J'écris dans un pays ravagé par la peste
Louis Aragon (aka François La Colère) J’écris dans un pays dévasté par la peste Qui semble un cauchemar attardé de Goya Où les chiens n’ont d’espoir que la manne céleste Et des squelettes blancs cultivent le soya
Un pays en tous sens parcouru d’escogriffes À coups de fouet chassant le bétail devant eux Un pays disputé par l’ongle et par la griffe Sous le ciel sans pitié des jours calamiteux
Un pays pantelant sous le pied des fantoches Labouré jusqu’au cœur par l’ornière des roues Mis en coupe réglée au nom du Roi Pétoche Un pays de frayeur en proie aux loups-garous
J’écris dans ce pays où l’on parque les hommes Dans l’ordure et la soif le silence et la faim Où la mère se voit arracher son fils comme Si Hérode régnait quand Laval est dauphin
J’écris dans ce pays que le sang défigure Qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies Une halle à tous vents que la grêle inaugure Une ruine où la mort s’exerce aux osselets
J’écris dans ce pays tandis que la police À toute heure de nuit entre dans les maisons Que les inquisiteurs enfonçant leurs éclisses Dans les membres brisés guettent les trahisons
J’écris dans ce pays qui souffre mille morts Qui montre à tous les yeux ses blessures pourprées Et la meute sur lui grouillante qui le mord Et les valets sonnant dans le cor la curée
J’écris dans ce pays que les bouchers écorchent Et dont je vois les nerfs les entrailles les os Et dont je vois les bois brûler comme des torches Et sur les blés en feu la fuite des oiseaux
J’écris dans cette nuit profonde et criminelle Où j’entends respirer les soldats étrangers Et les trains s’étrangler au loin dans les tunnels Dont Dieu sait si jamais ils pourront déplonger
J’écris dans un champ clos où des deux adversaires L’un semble d’une pièce armure et palefroi Et l’autre que l’épée atrocement lacère À lui pour tout arroi sa bravoure et son droit
J’écris dans cette fosse où non plus un prophète Mais un peuple est parmi les bêtes descendu Qu’on somme de ne plus oublier sa défaite Et de livrer aux ours la chair qui leur est due
J’écris dans ce décor tragique où des acteurs Ont perdu leur chemin leur sommeil et leur rang Dans ce théâtre vide où les usurpateurs Ânonnent de grands mots pour les seuls ignorants
J’écris dans la chiourme énorme qui murmure J’écris dans l’oubliette au soir qui retentit Des messages frappés du poing contre les murs Infligeant aux geôliers d’étranges démentis
Comment voudriez-vous que je parle des fleurs Et qu’il n’y ait des cris dans tout ce que j’écris De l’arc-en-ciel ancien je n’ai que trois couleurs Et les airs que j’aimais vous les avez proscrits A noter aussi la référence directe à l'Espagne au premier paragraphe, car Aragon, comme tous les surréalistes, soutenait les républicains... |
| | |
| Sujet: Re: Les vers de la vie... | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |