La presse de la collaboration« Les Américains et les Anglais attaquent notre Afrique du Nord, le Maréchal stigmatise l'agression et donne l'ordre de la résistance », gros titre de l'édition de l'Avenir du 9 novembre 1942.
Les journaux qui entrent dans cette catégories sont ceux qui
continuent à paraître sous le régime de censure et avec l'autorisation et le financement des autorités d'occupation. Dès leur entrée à Paris, en juin 1940, les Allemands créent une agence de presse (AFIP) qui traduit leurs dépêches. Ils utilisent à leur convenance la presse quotidienne en zone occupée à la faveur de la disparition de la majorité des titres d'avant-guerre.
Les journaux qui demeurent à Paris épousent la ligne allemande sous couvert de continuité :
Le Matin, Paris-Soir, Le Petit Parisien, L'Auto, Je suis partout... Tous donnent dans la surenchère forcenée au service de l'occupant. Les Allemands, jugeant l'offre trop restreinte, font surgir des titres de substitution, pour récupérer des segments de lectorat à l'image de la
Vie industrielle pour les milieux d'affaires. De nouveaux hebdomadaires s'emparent de la place laissée vacante et sont très orientés à droite :
La Gerbe, Au pilori... En tout, une cinquantaine de titres nationaux.
Le droit de publier est accordé par l'occupant comme une récompense et un moyen de pression. Au début de 1943, l'ensemble de la presse parisienne tire à 2,3 millions d'exemplaires mais il y a un pourcentage considérable d'invendus.
Cette presse a constitué l'
emblème de la collaboration auquel
aucun Français ne pouvait échapper en passant dans la rue ou en utilisant les journaux pour se renseigner sur les conditions pratiques de la vie quotidienne (restrictions, interdictions, suppressions etc). Manipulation politique et contrôle des autorités allemandes y sont évidents : la presse est le symbole même de la trahison.
- Sur Yellow Tricycle : A Paris, le quotidien le plus lu est le Courrier parisien. Sa réputation lui a permis de continuer à publier après le début de l'occupation et a gardé une ligne plus réservée grâce à son directeur mais le remplacement de ce dernier par Gabriel Meilland (PV) 1943 change radicalement le discours de ses pages, pour l'emmener sur la voie de la collaboration. Sa publication y est contrôlée par la Propaganda allemande qui y exerce sa censure mais les autorités vichystes parviennent également à s'y faire entendre. Voir la liste des pvs.
La presse clandestine« Dans la guerre comme dans la paix, le dernier mot est à ceux qui ne se rendent jamais », citation de Georges Clemenceau devenu l'épigraphe du journal Combat.
L’état de guerre et l'Occupation placent la
presse sous un régime de censure complet, que ce soit la censure gouvernementale française ou la censure allemande. Ainsi en septembre 1939, les journaux communistes sont interdits à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Le premier numéro clandestin de
L'Humanité paraît le même mois. Sous l'Occupation, la presse communiste et des organisations affiliées reste la plus précoce et la plus prolifique.
Après la défaite, une presse clandestine modeste et diversifiée naît spontanément pour
répondre aux mensonges des journaux contrôlés par les autorités et répercuter les informations censurées. En rupture avec l'ordre établi, elle a pour but de
raviver le patriotisme et l’état d'esprit combatif dans l'espoir de susciter un renversement de la situation militaire ou un rétablissement de l'indépendance française d'où le choix de titres comme
Libération ou
Résistance.
Autour de la fabrication et de la diffusion, modestes et difficiles, se constituent des petits groupes de sympathisants à l'origine de mouvements de résistance.
Les journaux donnent des consignes de recrutement, d'organisation et d'action. Les militants devenant plus nombreux, certains se consacrent à la rédaction, à l'impression ou à la distribution du journal. À partir de 1942, la cassure est de plus en plus nette avec le régime de Vichy et Pétain.
Les subsides fournis par la France libre, les financements exceptionnels accordés par les particuliers permettent un développement significatif : aux quelques unités ou dizaines d'exemplaires de 1940-41 succèdent des tirages par dizaines de milliers.
Au printemps 1944, le tirage total serait de 2 millions d'exemplaires, soit autant que la presse autorisée, exploit dans ces temps de
pénurie et de répression. Les principaux lieux de fabrication et de diffusion sont les régions les plus peuplées et les plus urbanisées à commencer par la région parisienne et Lyon qui acquiert sa réputation de capitale de la résistance. Les difficultés sont pourtant nombreuses, du rationnement du papier à la traque sans relâche pour les autorités.
- Sur Yellow Tricycle : A Paris, le seul journal clandestin connu de tous est Le Réveil qu'on trouve parfois dans sa boîte aux lettres ou sous le manteau et dont la fréquence de publication est variable selon les difficultés rencontrées par ses rédacteurs. A la tête de ces derniers, Renée Girault (PV) qui a créé le journal et rejoint depuis peu le rang du réseau de résistance Honneur et Armée. Elle fait imprimer les feuillets de nuit sur les presses de la Sorbonne grâce à la complicité d'Hélène Perrin (PV). On trouve dans Le Réveil nombre de rubriques diversifiées pour plaire au plus grand nombre, dont certains les principaux contributeurs sont les membres de la troupe du théâtre de l'Atelier. Leur anonymat est garanti par leurs pseudonymes, tous issus de la légende arthurienne. Le Réveil s'est donné pour but d'ouvrir les yeux des Parisiens sur les réalités de l'Occupation allemande et de les pousser à résister. L'un des rédacteurs du Réveil, le poète Arthur Brunel (PV), a rédigé une chanson devenue l'un des hymnes de la résistance, ce qui a contribué au succès du titre. Voir les pvs dans Honneur et Armée et parmi les Parisiens.
(Pour plus de renseignements, consulter le Dictionnaire de la France sous l'Occupation d'Eric Alary et Bénédicte Vergez-Chaignon d'où sont tirées ces informations)