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 Béatrice Beauclair # broken wings

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Béatrice Beauclair
Béatrice Beauclair
◆ Sous-fifre ◆



Féminin

■ topics : OUVERTS
■ mes posts : 154
■ avatar : Hayley Atwell
■ profession : Membre des services secrets de Vichy, infiltrée à l'Abwehr, chargée de la surveillance de la Luftwaffe à Orly.

PAPIERS !
■ religion: Protestante, comme l'ensemble de sa famille, mais elle s'est éloignée de sa foi.
■ situation amoureuse: Mariée, mais peu fidèle, et surtout autant attirée par les femmes que les hommes.
■ avis à la population:

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MessageSujet: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mar 3 Nov - 23:24


Béatrice Beauclair
Hayley Atwell (c) Tumblr



Etat-civil
♠️ Forces d'occupation
En qualité de membre du personnel de la Luftwaffe à Orly, mais aussi d'agent de l'Abwehr.
♠️ 33 ans
Béatrice est née en 1910, dans une fratrie qui comptait déjà deux garçons, et en a vu naître trois autres après elle.
♠️ Française
Née d'une mère d'origine suisse, elle n'en est pas moins française, même si elle parle couramment l'allemand.
♠️ Mariée
Le capitaine Etienne Beauclair, actuellement prisonnier en Allemagne, est le second mari de Béatrice. Elle l'a épousée en 1937, un an après avoir divorcé de son premier époux. Elle est aujourd'hui mère de deux enfants, Rose (8 ans) et Guillaume (4 ans), dont aucun n'est l'enfant de son père officiel.
♠️ Protestante
Une religion héritée de sa mère, rigoureuse calviniste. Béatrice s'est légèrement éloignée de sa foi protestante, sur laquelle elle est peu disserte.
♠️ Agent des services secrets
Recrutée par le Renseignement militaire quelques années avant la guerre, Béatrice travaille officiellement à Orly dans le personnel de navigation. Au début de l'occupation, elle a rejoint les services secrets clandestins de Vichy pour lesquels elle donnait des informations sur l'Abwehr qui l'a recrutée en la repérant à Orly, dans le but de surveiller les faits et geste de la Luftwaffe. Aujourd'hui, Béatrice n'est plus certaine des gens pour lesquels elle travaille réellement.


Interrogatoire

♠️ A-t-il des manies ou des tics ? Béatrice veille à rester la plus maîtresse d'elle-même possible, dans sa situation, mieux vaut éviter tout ce qui pourrait la trahir. Difficile dès lors de lui trouver des manies bien définies, les seules choses qu'elle ne maîtrise vraiment pas étant ses cauchemars, dont elle cache soigneusement l'existence.
♠️ Son livre préféré ? Elle n'est pas une grande lectrice, il serait plutôt étonnant de la croiser en train de bouquiner. Néanmoins, s'il fallait absolument lui trouver un livre de chevet, ce serait sans doute le récit de l'aviatrice Maryse Bastié, Ailes ouvertes, qui lui rappelle ses anciens rêves de pilotage.
♠️ Son lieu préféré dans Paris ? Ce n'est pas tant Paris que la proche banlieue qui a bercé la jeunesse de Béatrice, et lorsqu'elle pense à un endroit où il lui est arrivé de se sentir bien, c'est vers le domaine familiale de Reuil-Malmaison que vont ses pensées.
♠️ Aime-t-il sortir et où ? Elle sort peu, les circonstances ne lui semblent pas particulièrement propices à faire la fête. S'il fallait choisir absolument un endroit, ce serait sans doute un endroit où elle pourrait enfin se trouver seule et au calme, hélas difficile de se débarrasser de l'ombre de sa conscience, et mêmes les endroits les plus calmes ne sont d'aucune aide face à cela...
♠️ Comment vit-il les restrictions et les privations ? Béatrice a deux enfants à nourrir, mais elle aurait pu les vivre beaucoup plus mal. Le Vial comme les Beauclair, la famille de son époux, n'ont jamais été à plaindre de ce point de vue là, et si la situation de la jeune femme fâchée aurait pu être rendue plus précaire entre les différends familiaux et son mari prisonnier... il faut bien admettre que l'Abwehr n'est pas toujours ingrat.
♠️ Son avis sur les Allemands et l'occupation ? Elle ne porte ni l'un ni l'autre en grande estime. Les Allemands de manière générale ne lui font rien, l'occupation en revanche l'a placée dans une situation intenable. Mal à l'aise, amère, inquiète... elle s'en prendrait volontiers aux nazis si elle ne savait pas devoir surtout se blâmer elle-même pour ses choix. Ce qui ne l'empêche pas de rêver parfois du jour où ils quitteront enfin Paris.
♠️ Son avis sur les juifs ? Les pasteurs ont très vite appelé à la solidarité des protestants avec les juifs, qui plus que tous les autres, savent ce qu'il en est des persécutions. Si Béatrice n'a jamais été assez fervente fidèle pour adhérer totalement à ce genre de propos (outre le fait que les persécutions en question lui semblent bien loin), elle ne peut qu'avoir pitié.
♠️ Son avis sur les manifestations ? Elle les regarde avec indifférence. Une chose est certaine, Béatrice n'est pas de ceux que l'on verrait s'y mêler, et elle n'est pas convaincue de leur utilité – elle côtoie les Allemands d'assez près pour se douter qu'ils ne céderont pas.
♠️ Son avis sur le gouvernement de Vichy et la politique de collaboration ? Le respect que Béatrice pouvait bien avoir pour le Maréchal Pétain au moment de l'armistice s'est envolé, et c'est désormais le malaise qui domine lorsqu'elle pense à Vichy et à la collaboration. Il y a bien longtemps désormais qu'elle a cessé de croire en ce qu'elle entend des discours officiels. Amère, elle a toujours regardé avec méfiance ce qui se passait à Vichy, mais depuis les lois iniques anti-juives, elle ne pEut plus le cautionner.


Qui suis-je ?

☆ Prénom/Pseudo ?
Marie, mais on m'appelle aussi la Mayday Bernic  Béatrice Beauclair # broken wings  2455235318
☆ Âge ?
22 ans, il me semble.
☆ Etudes/Travail ?
Je suis une bernique en chef professionnelle, mention master d'histoire gnhehe
☆ Où as-tu connu YT ?
J'ai vu la lumière, et des berniques, et je suis entrée  chou Il y a 5 ans tout de même !
☆ Un truc à nous dire ?
Je vous aime Béatrice Beauclair # broken wings  1094942603 (surtout mon hibou Béatrice Beauclair # broken wings  1094942603 )




Dernière édition par Béatrice Beauclair le Mer 17 Fév - 0:29, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mar 3 Nov - 23:24


Biographie

Les ailes nous manquent, mais nous avons toujours assez de force pour tomber (Claudel)



Septembre 1944 – Siège de la DGSS

La pièce n'était pas très engageante. Exiguë, sombre malgré la vaillance blafarde de deux ampoules, et très rudimentaire avec son unique table entourée de trois chaises, l'endroit était clairement prévu pour mettre mal à l'aise, et Adèle ne put s'empêcher de frissonner en songeant que c'est dans ce genre de lieux et pire encore qu'un nombre incalculable de patriotes avaient été emmenés et torturés par les nazis. Ces derniers avaient enfin été chassés de la capitale, mais partout, leur souvenir demeurait, attaché à chacun des bâtiments de la ville, si bien qu'à chaque fois qu'elle ouvrait une de ces pièces pour assister aux entretiens des nouveaux responsables des services secrets avec les anciens agents plus ou moins perdus de vue pendant la guerre, la jeune secrétaire regrettait que l'on ne se contente pas des bureaux des étages supérieurs où l'on pouvait au moins voir la lumière du jour. Elle s'installa néanmoins à sa place, mais brusquement, la porte s'ouvrit et elle fut à nouveau debout sur ses pieds pour accueillir un officier suivi d'une femme sur laquelle son regard se posa aussitôt et qu'elle surprit ainsi à hausser un sourcil perplexe en détaillant la pièce avant d'y entrer. Le major Mercier laissa tomber sur la table un épais dossier et Adèle put enfin découvrir à qui ils auraient cette fois à faire. « Béatrice Beauclair, née Vial. »
- Voici mademoiselle Garnier, annonça l'officier en désignant la secrétaire, sa présence est tout à fait autorisée, elle doit prendre en notes notre entretien. Asseyez-vous, je vous en prie.
La jeune femme vit bien le regard peu amène que lui lança la nouvelle venue, mais elle ne s'en formalisa. Depuis plusieurs semaines qu'elle assistait à ces conversations, elle avait cessé de se sentir de trop, quand bien même Béatrice Beauclair paraissait particulièrement peu avenante. Cintrée dans un tailleur de circonstances, elle ne semblait pas mal à l'aise, mais elle affichait un air distant et un visage presque dur qu'elle tourna finalement vers le major. Depuis sa chaise en bout de table, Adèle ne pouvait la voir tout à fait de face, mais elle devinait assez bien à ses traits tendus que la situation ne lui plaisait guère.
- Vous savez quel est le but de cette conversation, reprit Mercier après avoir ouvert et vaguement feuilleté le dossier qu'il avait apporté. Vous avez demandé à réintégrer nos services, ce qui ne peut se faire sans enquête. Nous allons donc reprendre depuis le début comme, j'en suis certain, lors de votre premier recrutement. Vous nous éclaircirez évidemment aussi sur ces dernières années. Avez-vous des questions ?
- Non, vous pouvez commencer, répondit froidement l'intéressée.  
Ces préliminaires notés, Adèle leva la tête vers l'officier, et acquiesça d'un geste de la tête lorsqu'il lui fut demandé si elle était prête. Si elle se lassait parfois de ces longs entretiens, elle devait admettre cette fois une certaine curiosité. Le nom de Vial était loin d'être inconnu, ces derniers temps, rares étaient ceux à n'avoir pas entendu prononcer celui de Guillaume Vial, le chef du réseau Honneur et Armée qui avait tant fait pour la libération de Paris, et auquel s'associaient parfois ceux de ses frères, tous liés de près ou de loin à la résistance ou à la France libre. Que faisait donc cette autre Vial ici ?
- Votre famille fait décidément parler d'elle, lança d'ailleurs le major, vos frères se sont illustrés dernièrement, et avant eux votre père, c'est bien cela ?
- Il était à Verdun, entre autres, oui, répondit Béatrice non sans avoir jeté un regard sur le dossier où s'alignaient divers document militaires, dont une lettre de citation adressée à Philippe Vial, en 1917. C'est là qu'il a été blessé, puis démobilisé. J'avais sept ans à son retour, vous avez vraiment besoin de passer tout ça en revue ?
- Votre père était un héros de la guerre contre les Allemands, ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous étiez proche de lui, rétorqua Mercier avec un regard entendu.
A ce sous-entendu peu subtil, Adèle distingua assez nettement un geste de crispation de la part de Béatrice, mais ce fut si fugace qu'elle se demanda si elle ne l'avait pas rêvé.
- Oui, je l'étais. Plus que de ma mère suisse qui m'a appris l'allemand, si vous voulez tout savoir, ajouta-t-elle avec ironie.

Aéroport civil du Bourget – Mars 1919

- Arthur, arrête de bouder ! C'est mon anniversaire, tu n'as pas le droit. Et puis Guillaume a raison, tu allais encore faire une bêtise, et papa nous a demandé d'être sages !
La petite fille brune ouvrit deux grands yeux implorants face à son frère dont la mine boudeuse ne put résister bien longtemps. Du haut de ses neuf ans, Béatrice avait l'habitude de chercher à réconcilier Arthur et Guillaume, respectivement âgés d'un et deux ans de plus qu'elle, aînés de la la très nombreuses fratrie Vial dont elle était la seule fille au milieu de cinq garçons. Six enfants, voilà qui faisait du monde et de l'agitation au domaine familial de Rueil-Malmaison, mais si les deux derniers – à savoir Frédéric, cinq ans, et Henri, deux ans – brassaient beaucoup d'air sous l’œil de Louis, sept ans et officiellement le plus sage de la famille, c'est généralement entre les trois aînés, pourtant presque inséparables, que se déclenchaient les vraies disputes. Et il n'était pas rare de voir la petite Béatrice chercher à convaincre l'un de ses deux grands frères de cesser de faire la tête à l'autre. Mais si elle se laissait volontiers entraîner dans les fréquentes bêtises d'Arthur – quand bien même leur mère, Eugénie, était toujours persuadée que ce dernier, son petit préféré, n'y était jamais pour rien –, jamais il ne lui serait venu à l'esprit de remettre en question les gronderies de Guillaume, en qui elle avait une confiance aveugle, et une admiration probablement égale à celle qu'elle vouait à leur père. Encore moins aujourd'hui, alors que Philippe Vial avait décidé d'emmener ses trois aînés au Bourget, après l'avoir promis à Béatrice pour le jour de son anniversaire. La fillette rêvait d'aller voir de plus près ces avions qui la fascinaient sur les images des quelques livres qu'elle avait pu trouver sur la question dans la grande bibliothèque du manoir Vial, qu'ils appelaient tous le domaine. Il y avait bien l'Etoile Filante, l'avion du vieil oncle général autour duquel les trois aînés passaient du temps à nettoyer et bricoler ce qu'ils pouvaient, mais elle voulait en voir plus. Il n'était donc pas question de laisser qui que ce soit gâcher cette journée, aussi prit-elle d'autorité la main d'Arthur pour le ramener avec lui vers Guillaume qui suivait leur père quelques pas plus loin. Attrapant aussi la main de l'aîné de la famille auquel elle adressa un sourire ravi, elle les attira avec elle au niveau de Philippe qui les conduisait jusque dans les grands hangars. En règle générale, c'était plutôt avec Guillaume qu'elle se promenait ainsi sur les pas de leur père (même s'ils n'étaient plus déguisés en petits marins depuis quelques années déjà), Arthur prétendant qu'il n'y avait rien de plus ennuyeux que de suivre les conversations des adultes, mais cette fois, la petite Béa avait décidé que ses deux grands frères devaient fêter dignement son anniversaire avec elle, et lorsqu'elle avait une idée de ce genre en tête, la fillette habituée à ne pas se laisser marcher sur les pieds par tous les garçons dont elle était entourée, était bien difficile à faire changer d'avis.

Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent sur le tarmac, bordés par de grands hangars dont la taille laissa Béatrice admirative. Lâchant les mains de ses frères, elle s'arrêta un instant pour détailler un pilote, impressionnant dans son bel uniforme, qui passa auprès d'eux et les salua jovialement.
- Béatrice, tu viens ? lança soudain Philippe, la poussant à détourner le regard et à trottiner vers lui. L'officier que tu vois ici veut bien nous montrer quelques avions.
La fillette adressa un large sourire à son père, remercia chaleureusement l'officier et lui emboîta le pas.
- Dis, tu crois que je pourrai monter dans un avion ? chuchota-t-elle à l'intention de Guillaume, excitée comme une puce.
- Je ne sais pas, on n'a peut-être pas le droit... Il faudra que papa demande.
Béa hocha la tête, ravie, comme s'il lui semblait évident que si papa demandait, il n'y aurait aucun problème. Rien ne semblait impossible à ce père qui leur était même revenu de la guerre, quand tant d'autres n'avaient jamais retrouvé leurs familles. Elle n'avait que quatre ans lorsqu'il avait été appelé sur le front de la Grande guerre, aussi ne se souvenait-elle réellement que du héros, celui que l'on avait fêté à son retour, devant lequel même leur calviniste de mère s'adoucissait et faisait parfois preuve de tendresse, celui qui avait ramené la sérénité au domaine et fait que tout pouvait rentrer dans l'ordre. Que ne pouvait-il faire ? Et si Béatrice avait hoché la tête quand on lui avait expliqué qu'il était normal qu'il soit parfois malade, si elle voyait bien de temps en temps ses faiblesses ou entendait ses quintes de toux, elle n'avait pas conscience, loin de là, que Philippe n'était pas éternel, et que sa santé rongée par les gaz se détériorait parfois gravement pour ne jamais se rétablir au même point qu'avant la crise. L'idée de la mort ne l'avait jamais effleurée - comment Dieu pourrait-il vouloir rappeler leur père, quand il était le centre et le cœur de la famille, de toute façon ? Même le pasteur n'avait pas su répondre à cette question. C'est donc tout à fait persuadée que rien ne serait impossible ce jour-là que la fillette se mit à écouter avec attention ce qu'expliquait l'officier au fur et à mesure qu'ils passaient devant les hangars. Ils s'arrêtèrent devant l'un d'entre eux, non pas pour le voir de plus près, mais parce qu'Arthur s'était brusquement lui aussi décidé à poser une série de questions, si bien que Béatrice osa glisser un œil vers le monoplan qui se trouvait là.

Un petit garçon qui devait avoir à peu près son âge émergea soudain de derrière l'appareil. Très blond, il devait avoir à peu près l'âge de Béa, qui détailla la paire de lunettes d'aviateur qu'il avait à la main.
- Oh... ce sont les tiennes ? osa-t-elle demander en les désignant timidement.
- Non, ce sont celles de ma maman, répliqua le garçon. C'est son avion !
- Ah oui ? Moi aussi j'ai un avion, chez moi tu sais, même qu'il s'appelle l’Étoile Filante !
- Quel nom prometteur ! C'est toi qui le lui a donné ?
Une autre silhouette venait de sortir des profondeurs du hangar, mais cette fois-ci, il s'agissait d'une femme, blonde elle aussi, petite, qui vient vers eux à larges enjambées, tandis que le reste des Vial rejoignait Béa, attiré par leurs voix. La femme était habillée comme l'un des pilotes qu'ils avaient croisés, et la fixait avec un léger sourire. La petite Béatrice venait de faire la rencontre de Rose Boucher, l'aviatrice qu'elle ne devait cesser d'admirer par la suite, et son fils, Edouard Cabanel. Intimidée, elle ne se laissa pas pour autant démonter et répondit aux questions de l'aventurière, jusqu'à ce que celle-ci ne lui propose, pour son plus grand plaisir, de s'installer un instant dans son avion. Béa, l'air ravi, guetta l'approbation à la fois de son père et de Guillaume, avant de hocher la tête et de se laisser hisser à la place du pilote, émerveillée. Elle hérita même de la paire de lunettes que portait Edouard un peu plus tôt. Comblée, elle ne cessa de remercier Rose Boucher, et même son fils et fit promettre à son père qu'ils viendraient voir les démonstrations, un jour. Lorsqu'il fallut se quitter en prendre le chemin du retour, Philippe étant fatigué, elle en faisait presque encore des bonds de joie auprès de ses frères.
- Dis papa, tu crois qu'un jour je pourrai vraiment voler dans un avion ? demanda-t-elle alors qu'ils franchissaient les portes de l'aéroport.
- Bien sûr. Un jour, tu seras une grande aviatrice, répondit Philippe dans un sourire.
- Et moi, papa, je pourrai être un grand pilote aussi, dis ? demanda soudain Arthur, jaloux de l'attention dont on couvrait sa sœur depuis le début de la journée, et toujours prompt à vouloir être meilleur que les autres.  
Mais Béatrice l'ignora, laissée rêveuse par l'affirmation de son père. Elle rejoignit pour Guillaume pour la lui répéter avec fierté. Un jour, quoi qu'il arrive, elle serait une grande aviatrice, l'idée ne devait plus la quitter, même bien plus tard, même lorsque son père ne fut plus là pour y assister.  

Septembre 1944 – Siège de la DGSS

- Votre père est mort quelques années après la guerre, des suites de ses blessures... reprit l'officier.
- En effet. Il avait été rendu malade par les gaz utilisés pendant les combats, sa santé a décliné continuellement jusqu'en 1923. C'est notre mère qui s'est occupée de lui jusqu'à la fin, elle était infirmière pendant la guerre.  
Adèle, quoi que concentrée sur ses notes, ne put s'empêcher de lever discrètement les yeux pour chercher sur les traits de Béatrice une quelconque émotion qui pourrait trahir le détachement avec lequel elle avait prononcé ces mots, mais tout ce qu'elle put voir, fut encore et toujours cette femme à l'expression fermée, qui ne s'éclaira qu'un bref instant d'un vague sourire songeur lorsque le major Mercier tourna les pages du dossier. La secrétaire y jeta un regard à son tour, et de là où elle se trouvait, reconnut divers documents qui portaient le blason de l’École Alsacienne. Glissant un nouveau coup d’œil sur Béatrice, elle se demanda quel effet cela pouvait faire de voir sa vie défiler dans les pages d'un rapport d'enquête – étrange, si l'on voulait son avis, mais la principale intéressée n'avait pas l'air de s'en formaliser. Elle se contentait de fixer tour à tour le major, puis les feuillets du dossier, toujours ce très léger sourire songeur aux lèvres. À y regarder de plus près, Adèle réalisa que quelques unes des lettres que manipulait Mercier étaient des avis disciplinaires.
- Ça n'a pas dû être évident, six enfants privés d'un père, commenta ce dernier.
- Ce n'est jamais évident, je suppose. Nous n'étions pas livrés à nous-même non plus. Mes frères aînés et moi - Guillaume surtout - avons pu nous charger des plus petits quand il le fallait.
- Vous-même étiez pourtant une jeune fille plutôt indisciplinée, par la suite, si j'en crois vos dossiers de l’École Alsacienne.
Le léger sourire de Béatrice se changea en rictus dont Adèle ne sut dire s'il était amusé, ou ironique. Elle se laissa aller contre le dossier de sa chaise avant de répondre.
- Je ne n'irais pas jusque là. Je me laissais volontiers entraîner dans les escapades de mon frère Arthur, c'était plutôt lui l'indiscipliné, si vous y tenez. Je voulais être pilote, je me devais d'être bonne élève.


Paris – Mai 1919

- Psst, Béa ! Béa, viens par ici !
Béatrice, qui se dirigeait à grandes enjambées vers l'une des salles de classes de l’École Alsacienne où elle n'allait pas tarder à être attendue – et en retard, donc – fronça les sourcils, croyant d'abord avoir rêvé. Mais lorsqu'elle tourna la tête vers l'angle de la petite cour dans laquelle elle se trouvait, elle dut bien admettre qu'on l'appelait réellement, puisque assis sur le rebord du mur qu'il avait dû escalader, Arthur lui faisait de grands signes.
- Arthur ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? lança-t-elle précipitamment.
- Je viens te communiquer une information très importante, répondit le jeune homme en arborant un large sourire de conspirateur. J'ai rendez-vous avec des amis tout à l'heure. On se retrouve au même bar que l'autre fois. Et dans mon extrême générosité, je t'invite !
- Ta générosité me touche, mais on est censés être en classes tous les deux, tout à l'heure, rétorqua Béatrice. Comment tu as fait pour venir jusqu'ici, d'ailleurs ?
- Boaf, j'ai fait le mur. Tu ne vas pas me dire que résisterait à une telle invitation pour des cours... d'allemand, si j'en crois ton livre ? Comme si tu avais besoin de cours pour parler allemand, en plus, maman serait vexée.
La jeune fille dévisagea un instant son frère, songeuse. Elle savait bien qu'il avait fait le mur. Ça n'était pas la première fois, loin de là, même si depuis le début de l'année, Arthur avait quitté l’École Alsacienne où la fratrie Vial au complet faisait ses études jusqu'à la fin du lycée, pour entrer dans une formation de pilote. Comme tous les Vial semblaient y être destinés là encore (à l'exception peut-être de Louis qui n'envisageait rien de tel), après Guillaume qui était entré à Saint-Cyr deux ans plus tôt, il avait finalement rejoint l'armée pour y devenir pilote. Béatrice ne put s'empêcher, en le dévisageant dans son uniforme d'apprenti, de sentir une fois encore cette habituelle pointe d'amertume lorsqu'elle le voyait ainsi, entrain d'accomplir un rêve qui était d'abord le sien. Elle ne pouvait le nier, elle en avait voulu à Arthur pour lequel rien n'était jamais impossible et qui s'était empressé de récupérer à son compte les ambitions de sa sœur, celles qu'elle partageait avec leur père, puis qu'elle avait nourries avec d'autant plus de force après la mort de Philippe. Son ressentiment était stupide, sans doute, rien n'empêchait Béatrice de suivre les pas de son grand frère lorsqu'elle aurait obtenu son diplôme elle aussi, mais c'était plus fort qu'elle. Tout était toujours facile pour Arthur, que sa mère absolvait de toutes ses frasques, peu importe ce qu'on pouvait bien lui dire. Aux yeux d'Eugénie Vial, la sévère Eugénie, c'était Béatrice qui influençait son grand frère, et si elle n'avait jamais montré beaucoup d'affection pour ses enfants, ses relations avec son unique fille s'était rapidement dégradées après la mort de Philippe. Béatrice n'y était pas pour rien : elle en voulait à sa mère, pour toutes sortes de choses, et surtout sans doute de n'avoir pas su jouer son rôle de mère après la disparition de son époux.

Mais Arthur était bien loin de toutes ces considérations dont il n'avait probablement pas même conscience, lui pour qui il était si naturel d'être au centre de l'attention, parfois au détriment des autres qui n'avaient pourtant de cesse de l'admirer. Et malgré cette vague rancune qui remontait parfois, Béa était bien incapable de résister à l'idée de le suivre dans ses multiples frasques.
- Je ne sais pas, Arthur, répondit-elle néanmoins en jetant un regard ennuyé vers sa salle de cours. Ça va chauffer pour nous si on se fait prendre. Guillaume rentre demain, en plus, je n'ai pas envie de devoir encore passer la journée à suivre un entraînement militaire parce qu'il aura été mis au courant !
Un sourire effleura les lèvres de la jeune femme, pas tant au souvenir du jour où Arthur et elle avaient été momentanément exclus de l’École Alsacienne et où Guillaume, prévenu, leur avait fait subir deux jours de tortures sportives pour leur passer l'envie de recommencer, qu'à l'idée que son frère revenait au domaine pour le week-end. Elle avait beau passer le plus clair de son temps avec Arthur, depuis que leur aîné était entré à Saint-Cyr, elle attendait toujours avec le même enthousiasme ses retours au manoir familial – enthousiasme qu'elle devait partager avec le chien de Guillaume qui, lui, avait le droit de lui sauter dessus sans s'attirer une moue circonspecte. Heureusement, il en fallait plus pour arrêter Béatrice et une fois cette saleté de cabot qui n'obéissait qu'à son maître évacué, elle ne se privait pas de sauter au cou de son frère, cet aîné qu'elle avait tant à cœur de rendre fier d'elle, quitte à le suivre dans ses (trop) longues séances de sport et à l'abreuver de paroles plus ou moins futiles pour lui raconter la vie de la fratrie en son absence. Peut-être n'en avait-elle pas conscience elle non plus, mais quand Guillaume était de retour, le temps qu'elle pouvait bien passer avec lui à réparer à l’Étoile Filante, le vieil avion, passait bien avant Arthur.

- Pfff, Béa... Tu sais que si tu ne fais pas attention, tu vas devenir aussi rabat-joie que Guillaume ? Tu ne vas quand même pas refuser une invitation de ton grand frère adoré ? geignit le jeune homme en uniforme, avant de poursuivre sans lui laisser le temps de protester. Tu manquerais quelque chose en plus ! Il y aura Meilland, et ses amis de la dernière fois, Robert et Jeanne.
Béatrice allait lui donner une fin de non recevoir, mais ce dernier nom fit mourir les mots sur ses lèvres, lesquelles lèvres gardaient un souvenir assez... ému de cette fameuse Jeanne. Ému et très net, tout comme de cette fameuse dernière soirée. Présentée par Arthur à quelques connaissances de son grand ami, Gabriel Meilland, elle n'avait pu s'empêcher de remarquer cette Jeanne, et les longs regards que celle-ci lui lançait parfois. Ce n'était pas la première fois que la jeune femme se laissait ainsi troubler par une autre fille. Elle ne savait exactement quand cela avait commencé, elle n'était d'ailleurs pas tout à fait certaine de ce qu'elle devait une penser, mais le fait était que certaines l'attiraient, au même titre que ses camarades masculins. Ses premiers émois amoureux, Béatrice les avait connus il y avait quelques temps déjà, sans en tenir quiconque (surtout pas ses frères) informé. Un petit arrangement entre sa conscience, Dieu et elle. Mais lors de cette fameuse soirée... C'était la première fois qu'elle avait embrassé une femme. Et ce souvenir troublant aurait suffit à lui faire monter le rouge aux joues si elle n'avait pas habilement détourné les yeux d'Arthur, et opposé encore quelques maigres contestations à sa proposition... qu'elle ne pouvait désormais plus refuser. Son frère avait, sans le savoir, déballé le meilleur argument possible, et quelques minutes plus tard, sa petite sœur courait en classe après lui avoir promis qu'elle le retrouverait dans deux heures, à la sortie de l'école, bien avant la fin de ses derniers cours.

Rodée aux sorties (plus ou moins) nocturnes et clandestines, Béa n'eut aucun mal à convaincre le concierge pourtant méfiant de la laisser sortir. Elle prétexta une urgence au manoir familial et, puisqu'il était déjà devant, eut même le culot de désigner Arthur et grands coups de « voyez, on est déjà là pour venir me chercher ! » Elle songea bien à ce que dirait Guillaume s'il la voyait, mais ses remords ne firent pas long feu et elle aborda son futur pilote de frère avec un sourire victorieux. Ce dernier la salua d'un large geste, un peu désordonné, l’œil légèrement hagard et le rire fort alors qu'il apostrophait une silhouette qui s'avéra être celle de Gabriel Meilland, et que Béa gratifia d'un « bonjour » enjoué. À l'évidence, Arthur et lui avaient déjà commencé les festivités, en témoignait la bouteille que ce dernier avait à la main, mais elle ne s'en formalisa pas. Elle était trop impatiente, et à la fois nerveuse à l'idée de la soirée à venir pour s'en préoccuper, Arthur savait de toute façon très bien se surveiller tout seul – du moins, le croyait-elle –, et à quoi il s'exposait le lendemain en cas de gueule de bois trop prononcée. Lorsqu'il furent en vue du bar, qui faisait également office de dancing les soirs où assez de jeunes gens s'y rassemblaient, elle ne put retenir un large sourire. Une silhouette fine et blonde attira aussitôt son regard, si bien qu'elle ne réalisa que les commentaires appréciateurs et typiquement masculins de son frère et de son ami concernaient la fameuse Jeanne.
- Taisez-vous, vous n'êtes même pas discrets, grommela-t-elle, vexée.
- Oh, ça va, Béa ! T'es une fille, tu peux pas comprendre, laisse les hommes faire !
Mais les hommes en question eurent beau faire, aucun de leurs efforts en furent couronnés de succès, et de toute façon, l'alcool ne leur rendait pas forcément service et ils finirent par se désintéresser de la jolie blonde. Béatrice, en revanche, qui n'était pas de celles qui restaient timidement dans leur coin, quand bien la situation la laissait un peu incertaine, encouragée par les sourires ravageurs de Jeanne, finit par s'enhardir et se faire offrir un second baiser. Un baiser qui avait la fougue de la jeunesse, de la nouveauté et de l'interdit. Heureusement pour elle, le lendemain matin, Arthur avait trop bu pour se souvenir que sa petite sœur avait fini par disparaître, pour ne refaire signe de vie qu'une fois rentrée au domaine par ses propres moyens. La fratrie la trouva songeuse, et parfois même rêveuse, au grand dam d'Eugénie qui lui reprocha son inattention – inattention qui n'empêcha toutefois pas la jeune femme de lui claquer sa porte au nez. Arthur essaya de se rafraîchir la mémoire et de comprendre ces quelques moments d'absence en prêchant le faux pour savoir le vrai. Il crut même avoir compris, et lui gratifia de clins d’œil complice, mais il était bien loin du compte. Béatrice garda sa nuit pour elle, et elle n'en sauta pas moins avec toujours le même enthousiasme au cou de Guillaume lorsqu'il finit par arriver. Et s'il lui fallut quelques jours pour trancher la question, elle en conclut une bonne fois pour toutes qu'il n'y avait rien à regretter.


Septembre 1944 – Siège de la DGSS

- Et vos petits problèmes de disciplines n'ont pas été un obstacle, finalement...  Vous avez d'ailleurs fini par intégrer une formation de pilote pour l'armée, c'est bien cela ?
Adèle, surprise, ne put s'empêcher de couler un nouveau regard à la dérobée vers Béatrice Beauclair qui hochait la tête. Les femmes qui voulaient rejoindre l'armée ne se bousculaient pas aux portes, et elles n'en avaient de toute façon que rarement les moyens. Elle-même n'en avait jamais réellement eu l'intention, elle avait pris le seul poste qu'on voulait bien lui offrir au BCRA à Londres, pendant la guerre (tout ça pour finir secrétaire dans les nouveaux services secrets, si elle avait su !). Mais alors une femme dans l'armée de l'air... Un instant, elle se prit à se remémorer ces aviatrices aventurières, ces Rose Boucher, pour lesquelles elle se perdait en admiration. À la voir ainsi, elle avait du mal à imaginer la sœur de Guillaume Vial entrain de rêver à de grandes aventures à bord d'un avion.
- Oui, je voulais rejoindre l'aviation depuis longtemps et...
La voix de Béatrice mourut, et un éclat très fugace passa sur son visage, si bien que la jeune secrétaire s'intéressa à nouveau aux pages du dossiers que le major s'était remis à tourner. À la place des quelques documents de l’École alsacienne et des rapports de l'école de pilotage qu'il détaillait quelques secondes plus tôt, il s'était désormais arrêté sur une série de photographies qui avaient mal vieilli. Pourtant, on y distinguait très bien la carcasse d'un avion biplace qui venait visiblement de s'écraser, le nez entre deux troncs d'arbres et dont quelques éléments pendaient lamentablement à l'extérieur de l'épave.
- … et de toute façon, nous étions tous destinés à faire l'armée. Excepté Louis, il est devenu professeur, reprit la jeune femme en levant à nouveau les yeux vers Mercier.
- Mais votre formation n'a pas abouti, poursuivit ce dernier en délaissant les photographies pour la fixer, sous l’œil curieux d'Adèle. Pouvez-vous m'expliquer ce qui s'est passé ?
A cet instant, l'ancienne des services secrets qui paraissait si détachée jusque là eut un geste d'impatience.
- Vous avez tout ce que vous avez besoin de savoir dans vos dossiers, je crois, siffla-t-elle.
- Oh, j'ai bien les photos d'un crash, ce rapport stipulant que vous n'avez pas pu mener à bien les essais qui devaient décider de votre intégration dans l'armée, quand bien même vous étiez considérée comme une excellente pilote, mais ce que je veux savoir, c'est ce qu'il s'est passé. La mort de votre frère Arthur est-elle liée à cet accident ?
Adèle fronça les sourcils en réalisant qu'elle avait également sous les yeux un acte de décès au nom d'Arthur Vial, daté de 1934, tandis qu'en face du major Mercier, Béatrice s'était raidie. Tous deux se fixaient obstinément, l'un dans l'attente de quelque chose, l'autre avec une froideur noire qui n'avait rien de très engageant – comme tout ce qui émanait de cette femme qui, pourtant, avait quelque chose d'assez énigmatique pour que la jeune demoiselle Garnier sente sa curiosité piquée. Mercier avait raison, il y avait quelque chose de douteux dans l'enchaînement des ces événements que la principale intéressée ne souhaitait visiblement pas évoquer, quelque chose que l'on ne savait pas. Pourtant, le silence lourd se dissipa de lui-même, et ce fut finalement tout à fait calme que Beauclair se décida à répondre.
- Mon frère et moi avons eu un accident, lors d'un vol non autorisé par sa base. J'ai appris plus tard qu'Arthur avait bu ce soir-là... Après cela, je n'ai pas été capable d'assurer correctement mes essais, et ma formation de pilote s'est arrêtée là. La mort d'Arthur à ce moment n'a été qu'une coïncidence.  
Le ton était sans appel, et Mercier n'eut d'autre choix que de hocher la tête, tout cela ne l'intéressant pas directement. Adèle, frustrée, quitta quant à elle le dossier des yeux pour revenir à Béatrice, qui fixait un point invisible derrière le major. Un court, très court instant d'absence, mais qui sembla à la secrétaire bien assez éloquent.


Paris - Juillet 1934

Quelque chose l'étouffait. Quelque chose qui pesait trop lourdement sur sa poitrine pour laisser l'air alimenter le peu de souffle qu'il lui restait, ce même souffle saccadé, difficile, faible qu'elle entendait pourtant siffler et dont elle ne savait qu'il était réellement le sien que par la brûlure que lui causait chaque inspiration. Il fallait qu'elle respire, qu'elle se débarrasse de la brûlure, mais tout mouvement lui était impossible. Quoi qu'elle fasse, elle ne pouvait bouger. Elle était prisonnière. Prisonnière de ces mêmes masses grises et informes qui l'étouffaient, qui écrasaient non seulement sa poitrine, mais aussi ses bras, ses jambes, comme si elles conspiraient à l'empêcher de se dégager, à la forcer à rester là pour suffoquer. Et pour voir la suite. Car lorsqu'elle parvint enfin à lever légèrement la tête dans un effort totalement disproportionné, la scène qu'elle découvrit avec quelque chose d'aussi effrayant... que familier. Elle connaissait ces débris, ces branches cassés dont les feuilles pendaient lamentablement au-dessus d'elle, ces troncs abîmés qui semblaient s'animer en courbes sinueuses à sa vision troublée. Elle connaissait la douleur lancinante, si lancinante qu'elle ne savait plus d'où elle venait réellement. Elle connaissait cette sensation d'étouffement qui allait grandissante, toujours plus oppressante qui lui interdisait le moindre mouvement. Elle savait ce qui allait se produire, et son souffle se fit plus court encore, la pression des débris sur son corps plus pesante encore alors qu'elle tentait de se débattre pour y échapper. Mais ses efforts restèrent vains et soudain, comme née des troncs qui se tordaient dans la nuit tombante, une ombre se dressa au-dessus d'elle. Une ombre bien connue... c'était la silhouette de son frère qui se tenait là et Arthur, la tête légèrement penchée sur le côté, une grimace étrange aux lèvres, la fixait. Il la fixait, sans détourner un seul instant les yeux, et son regard l'accablait. « C'est de ta faute » semblait-il répéter inlassablement, dressé au-dessus d'elle, sans faire le moindre geste pour l'aider. « C'est de ta faute », susurrait une voix, un murmure menaçant, accablant, qui bientôt couvrit même le bruit de son souffle toujours plus sifflant, toujours plus brûlant, tant et si bien qu'elle ne pouvait prononcer le moindre mot, pousser le moindre cri pour que tout s'arrête, pour qu'Arthur cesse de la fixer ainsi, comme si tout ne dépendait que de ce regard. Et pourtant, il ne la regardait pas. Pourtant, ces yeux qui la vrillaient ne voyaient rien. Ce regard, ce rictus presque moqueur, cette immobilité... ils étaient ceux d'un mort. Ceux d'une silhouette qui, brusquement, ne se dressait plus au-dessus d'elle mais elle se balançait, vulgaire cadavre pendu aux branches d'un arbre tordu.  Arthur était mort, c'était de sa faute et rien ne pouvait venir la tirer à sa suffocation, seule, dans la carcasse enfoncée d'un avion.

Brusquement, tout s'arrêta. Dans un sursaut violent, Béatrice ouvrit les yeux et se redressa. En une seconde à peine, elle était assise sur le matelas, le souffle haletant, le regard hagard, perdu dans la pièce obscure qu'elle ne parvenait pas à reconnaître. Elle tremblait de tous ses membres, et fit un nouveau bond lorsque, auprès d'elle, une seconde silhouette se redressa.
- Béa... est-ce que ça va ?
Incapable de reprendre correctement son souffle, la jeune femme fixa un instant sans comprendre celui qui s'était adressé à elle avant de réaliser, brusquement, où elle se trouvait, et ce qui venait de se passer. Un cauchemar, encore un, toujours le même depuis l'accident et pire encore, depuis qu'en poussant une porte du manoir familial derrière lequel elle pensait trouver Arthur, elle n'avait trouvé que son cadavre. Depuis, ses nuits ne cessaient d'être hantées, presque toujours de la même façon, quand bien même elle était remise de l'accident, et son frère était enterré depuis plusieurs semaines. Sauf que cette fois, elle n'était pas seule, et en reconnaissant les traits ensommeillés d'Edouard Cabanel, Béa sentit aussitôt une partie de l'angoisse qui l'étouffait disparaître.
- Je... désolée, j'ai fait un cauchemar, balbutia-t-elle en cherchant à reprendre son souffle.
- Je sais, mais ça va, d'accord ? Allez viens... c'est fini, répondit-il en l'attirant contre lui.
La jeune femme hocha la tête, et tandis qu'elle se laissait aller contre son torse en retombant doucement sur le matelas, elle se força à prendre de longues inspirations. Il y avait un certain temps, maintenant, que celui qui avait d'abord été un ami d'enfance plus ou moins proche était devenu son amant. Une liaison parfois qui avait parfois été distante, mais elle avait toujours pris le même plaisir à le retrouver, dans une chambre d'hôtel discrète pour éviter les scandales faciles autour d'un député marié et infidèle. Béatrice ne pouvait même qu'admettre qu'elle s'était bien plus attachée à Eddy qu'elle ne l'avait d'abord réalisé, elle qui pensait d'abord à s'amuser lorsqu'ils s'étaient tombés dans les bras pour la première fois. Elle s'était même plus qu'attachée à lui : elle en était tombée amoureuse. Et surtout, plus qu'un amant, depuis quelques temps, le fils de Rose Boucher était sa seule et unique bouffée d'oxygène. Quand ils se retrouvaient, quand il la faisait rire en imitant ses collègues de la Chambre, quand il l'embrassait et la prenait dans ses bras, alors seulement elle parvenait à oublier le reste du monde, les événements récents, et leurs conséquences.

Car tout ne se résumait pas à un accident, et tout en se blottissant dans les bras d'Eddy, Béatrice ne put s'empêcher de faire à nouveau défiler dans son esprit encore troublé par le cauchemar le fil des événements qu'elle avait elle-même provoqués. Car c'était bien de sa faute, du moins elle en était persuadée. C'était elle qui avait convaincu Arthur de lui faire faire un tour d'avion, alors qu'il était strictement interdit aux jeunes pilotes d'en faire décoller un sans autorisation. Il avait cédé, et si c'était bien lui qui avait pris des risques avec des pirouettes qui les avaient conduits tout droit entre deux troncs et à l'hôpital, dans un état plus ou moins précaire, la jeune femme s'en voulait. Pour ça, et pour ce qui s'en était suivi : Arthur, renvoyé de son unité et radié de l'armée en général, ne l'avait pas supporté. Il s'était tué. Guillaume et elle avaient trouvé son corps, juste son corps, pas même un mot, et si sa mort avait été camouflée en accident pour ne pas choquer les bonnes mœurs, Béa savait. Elle savait qu'il lui en voulait, avant de mourir, qu'il la considérait comme fautive, et qu'elle l'était. De l'avis général d'ailleurs, surtout celui d'Eugénie qui avait perdu son fils préféré et trouvé en sa fille une coupable idéale. Seul Guillaume n'avait pas semblé l'accuser de tous les maux, mais peu importait : la culpabilité rongeait Béatrice aussi bien que les souvenirs, ces mêmes souvenirs qui l'avaient paralysée au moment de passer ses tests pour intégrer l'armée à son tour, quelques heures plus tôt. Elle avait pu décoller, mais une fois en vol, l'angoisse l'avait étreinte et elle n'avait plus songé qu'à poser l'avion, et s'enfuir. Finis les grandes ambitions, elle ne serait jamais une grande pilote, elle avait déçu tout le monde, y compris son père, et une fois rentrée au domaine, les remarques acide de sa mère avaient achevé de lui faire perdre son sang-froid. Elle était partie en claquant la porte, sans jeter un regard à ses frères présents, à savoir Louis et Henri puisque Fred avait rembarqué sur son bateau (il avait intégré la marine) et Guillaume, rejoint sa fiancée. Béatrice n'avait pourtant par pour habitude de céder à la colère, encore moins face à sa mère, mais c'en était trop.

Heureusement, Eddy était là. Elle n'avait pas pour habitude d'aller quémander du réconfort, mais à la façon dont il la serrait dans ses bras, dont il déposa un baiser sur son front avant qu'elle n'aille nicher son visage au creux de son cou, Béa se prit à songer qu'elle pourrait probablement rester des heures, des jours entiers ainsi.
- Ça va aller ? murmura le jeune homme.  
- Oui oui... promis, je ne te réveille plus, je m'en voudrais que tu aies l'air fatigué demain à la Chambre, répondit Béa en levant légèrement la tête.
- Oh tu sais... au moins, ça donnera l'impression que j'ai vraiment passé la nuit à travailler.
Béatrice esquissa un sourire, avant de se blottir à nouveau contre lui. L'angoisse qui lui avait coupé le souffle quelques minutes plus tôt s'était dissipée, et elle put à nouveau fermer les yeux sans être assaillie de souvenirs. Elle marmonna quelque chose qui ressemblait à un commentaire sur le fait que les députés n'étaient pas crédibles quand ils prétendaient travailler la nuit, mais, épuisée, elle ne fut pas certaine d'avoir été bien comprise. Elle put enfin se rendormir, sereine dans les bras d'Edouard, et ce d'une traite jusqu'au lendemain matin où, éveillée par des mouvements auprès d'elle, elle ouvrit un œil pour constater que son amant tentait (vainement) de s'extirper des draps alors qu'elle était restée contre lui. Elle grogna pour la forme en disparaissant à moitié sous les draps – à moitié seulement, car Eddy était à moitié nu, ce qui n'était pas sans intérêt.
- Tu es certain que tu dois partir tout de suite ? finit-elle par demander d'une petite voix, mais en lui lançant un regard plutôt éloquent.
- Oui, il paraît qu'on me réclame à la Chambre... Je suis plus demandé qu'un ministre, vois-tu, répliqua le député avec humour.
- Tu parles, tout ça pour aller vous lancer des chaussures à la figure !
Une moue boudeuse plus tard, Béa plongeait à nouveau sous les couvertures, sans la moindre envie d'en sortir. Retrouver le domaine, ses frères, Guillaume auquel elle allait devoir annoncer son échec et surtout, sa mère, lui paraissait au-dessus de ses forces, à tel point qu'elle en aurait presque la nausée. Elle resta ainsi un court moment, épiant les mouvements d'Eddy, avant d'émerger, cheveux en bataille, au moment de son départ, le temps d'un baiser. Et la promesse de le rappeler si ça n'allait pas, ou même si ça allait. Bientôt en tout cas. Quelques minutes plus tard à peine, Béatrice, prise de nausée, se précipitait dans la salle de bain, et si elle rentra au domaine légèrement pâles et les traits défaits, ce n'était pas seulement à cause de son échec de la veille. Quelques jours suffirent à confirmer ses craintes : elle était enceinte.

Elle ne rappela pas Eddy. Elle ne retourna pas non plus sur la base où on lui proposait pourtant de repasser les tests, au regard des compétences dont elle avait fait preuve pendant sa formation. Les cauchemars se poursuivirent. Béatrice avait définitivement perdu son frère, son amant et ses rêves d'enfant.


Septembre 1944 – Siège de la DGSS

Un silence s'était fait dans la petite salle d'interrogatoire, dont l'allure de cellule et la lumière blafarde semblaient peser un peu plus lourdement depuis quelques minutes. Adèle, qui n'avait pourtant pas pour habitude de se laisser impressionner, ne pouvait se défaire d'une sensation de malaise, comme si l'obstination de Béatrice Beauclair à s'en tenir au strict minimum ne faisait qu'alourdir la portée des événements qu'elle voulait cacher. Que pouvait-il se cacher derrière cet air froid qui avait retrouvé sinon sa sérénité, du moins tout son calme ? Quels drames, quels souvenirs agitaient cette femme si impeccable dans son tailleur et sous ses boucles brunes que jamais on ne l'aurait imaginée liée de près ou de loin aux services secrets ? Adèle ne put s'empêcher de sourire pour elle-même à cette remarque intérieure. C'est qu'elle en avait croisé, à Londres, des gens qui paraissaient n'avoir rien à faire là. Mais à l'époque, toutes les bonnes volontés (ou presque) étaient précieuses. La personne qu'elle avait face à elle conjuguait quant à elle l'élégance froide et détachée de la plus banale des filles de bonne famille protestante, et le mystère des agents au passé les plus troubles. Un passé dont même le fameux dossier du major Mercier, pourtant épais, ne rendait totalement compte.
- L'enquête menée sur vous à l'époque de votre entrée dans nos services soutient que vous aviez des relations avec le député Edouard Cabanel, ambassadeur de Vichy à Paris pendant la guerre. Quant à l'homme que vous avez épousé peu après la mort de votre frère, Armand Giraud, le père de votre fille aînée, il est connu pour avoir été l'un des clients les plus assidus de la collaboration...
- Et vous vous interrogez sur ces mauvaises fréquentations ? répliqua Béatrice avec un rictus désabusé. Mon mariage avec Armand n'a pas duré, nous avons divorcé moins d'un an après la naissance de Rose et en très mauvais termes, j'ignore totalement ce qu'il est devenu après notre dernière entrevue... devant le notaire.
Il y avait une pointe d'ironie dans ces quelques paroles, qui laissaient deviner combien les choses avaient pu mal se passer, comme souvent en cas de divorce. Adèle songea qu'il fallait une dose certaine de caractère pour ce lancer dans ces procédures souvent pénibles, surtout en tant que femme et, elle le supposait, issu d'une famille calviniste.
- En revanche, vous avez bien revu l'ambassadeur pendant l'occupation, n'est-ce pas ?
- Oui, mais ce n'est pas aux services secrets que je vais apprendre la raison de ces rencontre... Il travaillait pour vous, je vous le rappelle. Et nos liens n'étaient alors qu'amicaux.
Mercier hocha la tête, même si Adèle crut bien entendre un petit reniflement méprisant. Le major n'était pas tendre avec les « pseudo-résistants » comme il les appelait quand ceux qu'il avait face à lui avaient rejoint des réseaux. Alors pour ceux dont la position avait quelques ambiguïtés... Il tournant néanmoins quelques pages d'un air décidé, comme s'il lui faisait la faveur de ne pas insister sur la question. Béatrice, quant à elle, n'avait pas prononcé un mot plus haut que l'autre, soulagée, peut-être, d'aborder des questions moins familiales. Du moins, c'était tout ce que la secrétaire pouvait supposer.
- À quel moment les services secrets vous ont-ils contacté exactement ?
- Au printemps trente-six. Je ne le savais pas à l'époque, mais ils l'ont fait sur les conseils de Guillaume. Je travaillais à Orly, dans les transmissions. Ils avaient besoin de gens qui maîtrisaient l'allemand et étaient capable d'écouter des communications dans l'aviation.
- Et vous aviez au moins autant le bon profil que les bonnes personnes pour vous recommander, souligna l'officier le nez dans ses papiers. Je dois dire que les rapports vous concernant et vos états de service à cette époque sont plutôt bons.


Août 1938 - Siège du Deuxième Bureau

Béatrice rassembla une pile de papiers sur son bureau, et les documents dans une main, une tasse de café dans l'autre, elle quitta sa station d'écoute pour gagner une petite salle de réunion encore déserte, mais où on ne tarderait probablement pas à la rejoindre. Depuis l'intérieur de la pièce dont elle n'avait pas fermé la porte, la jeune femme, si elle levait les yeux de ses notes, pouvait avoir un aperçu de l'agitation coutumière du siège du Deuxième Bureau, à savoir des services de renseignements de l'armée française. Une agitation particulièrement nerveuse ces derniers temps à laquelle elle n'échappait elle-même pas totalement, constata-t-elle en se rendant compte qu'elle tapotait du bout des doigts sur la table à laquelle elle était installée. La situation s'y prêtait, et si ces lieux dans lesquels elle était entrée pour la première fois un peu plus de deux ans plus tôt ne semblaient jamais connaître les repos, ces derniers mois, la nervosité générale était allée croissante. L'Allemagne était au centre de toutes les conversations, de toutes les inquiétudes, et de bien des rapports dont ceux notamment que l'on demandait à Béatrice, chargée entre autres d'écouter et de décrypter les communications de la Luftwaffe flambante neuve que s'était offerte Hitler. L'agent qu'elle attendait, quant à lui, rentrait d'une mission outre-Rhin, mission durant laquelle la jeune femme avait servi de relais aux informations et aux divers messages que Gaspard Thomas avait envoyés durant le temps de son passage en Allemagne. Ce n'était pas la première fois qu'ils travaillaient tous les deux de cette manière, et si Thomas faisait évidemment le gros du travail sur le terrain, ils formaient néanmoins un duo efficace. Et de manière un peu inattendue, Béatrice s'était prise au jeu. Quand les services secrets étaient venus la chercher, elle travaillait aux transmissions aéronautiques militaires, comme simple auxiliaire. L'armée de l'air, certes, mais ses grands rêves de pilotage étaient loin. L'homme qui l'avait recrutée lui avait fait un portrait flatteur de ses compétences à la fois linguistiques et techniques, de la mission du Deuxième Bureau, et Béatrice avait fini par accepter. Une bonne décision, finalement : elle ne caressait plus le moindre espoir de piloter un jour, mais en revanche, elle faisait quelque chose d'utile. Et qu'elle prenait plus à cœur qu'elle ne l'aurait pensé. Pendant un temps, après son entrée dans les services secrets, sa vie de manière générale avait pris une tournure moins désespérante.

L'ombre qui se dessina dans l'encadrement de la porte obstrua soudain le champ de vision de Béatrice, qui leva les yeux vers le nouveau venu. Gaspard Thomas se dressait face à elle, et fermant la porte derrière lui, il s'installa face à la jeune femme, un sourire satisfait aux lèvres.
- Salut Beauclair ! lança-t-il en se laissant tomber sur une chaise. Alors, la pêche à été bonne, cette fois... J'espère que Rivet est content.
- Pas vraiment, non, répliqua aussitôt Béatrice, avant d'ajouter, voyant Gaspard sur le point de réagir : Une minute, écoutez-moi. Ce ne sont pas les informations le problème, mais ce que l’État Major va en faire.
- C'est-à-dire ?
- Rien.

La jeune femme poussa un soupir de lassitude et, devant l'expression d'incompréhension de son collègue, attrapa une feuille de papier sur le haut de sa pile qu'elle fit glisser jusque lui. Il s'agissait d'un communiqué officiel émanant des hautes sphères du commandement.
- Ils pensent que la crise peut encore se régler diplomatiquement, et que rien n'assure qu'Hitler veut vraiment la guerre. Ils font l'autruche, et toutes les informations du monde leur passent au-dessus. La conférence va bien avoir lieu, le sort des Sudètes est réglé par avance.
Les derniers mots de Béatrice n'étaient pas dénués d'une pointe d'ironie vaguement méprisante. Il y avait des mois maintenant que les services secrets tentaient d'alerter les politiques et les officiers les plus haut gradés des véritables buts poursuivis par le IIIe Reich et son chancelier. Hélas, la France attendait ses prochaines (proches) élections, et rien ne surpassait la politique. Or en politique, on ne se lance pas dans une guerre à la veille d'élections, ça fait mauvais genre. Quant aux officiers, ils n'avaient que la ligne Maginot à la bouche, quand bien même elle ne protégeait pas l'entièreté des frontières avec l'Allemagne. En outre, Béatrice et d'autres avec elle soupçonnaient la plupart des politiques et des militaires de ne pas faire grand cas de la Tchécoslovaquie.

- Ça vaut bien la peine d'aller risquer sa peau chez les Boches, marmonna Gaspard. Et Rivet, qu'est-ce qu'il a dit ?
- Il a fait son possible, comme toujours... soupira Béatrice. Il veut qu'on reste en état d'alerte. Qui sait, cette conférence va peut-être nous surprendre.
Thomas leva les yeux au ciel. Elle n'était pas beaucoup plus convaincue que lui et hélas, la suite des événements devait prouver que ce n'était pas eux qui se trompaient. En attendant, ils poursuivirent rapidement le débriefing de l'agent tout juste revenu de mission, faisant le point sur ce qui avait déjà été transmis à leur supérieur, et ce dont Gaspard avait encore à parler avec Rivet quand il le verrait. Tout en parlant, Béatrice ne put s'empêcher de songer que si une guerre se profilait réellement, c'était toute la famille Vial qui serait mobilisée. Guillaume bien sûr, mais aussi Frédéric dans la marine, et le petit dernier, Henri, qui avait fini par rejoindre les troupes aéroportées. Et puisqu'elle était déjà sur le front avec les services de renseignement, il ne restait plus que Louis, sur le point de terminer sa thèse à la Sorbonne où il souhaitait enseigner. Une exception, mais pas jusqu'au bout : c'est de l'histoire militaire que faisait le seul civil de la famille. Non, décidément, tous les Vial avaient suivi les pas de leur père, à défaut – en ce qui concernait Béatrice – d'aller au bout de ses ambitions. A bien y réfléchir, Etienne aussi serait mobilisé. Mais étrangement, la pensée que son second mari aurait également à partir au combat laissait Béatrice beaucoup plus indifférente.
- Bon, lança soudain Gaspard qui émergeait de la lecture d'un compte-rendu, nous sommes d'accord je crois. J'ai rendez-vous avec Rivet... A la prochaine, Beauclair !
L'intéressée salua son collègue d'un signe de tête avant de rassembler ses papiers et de sortir à son tour de la salle de réunion. Sa journée touchée à sa fin, et si elle n'avait pas rendez-vous avec Rivet, c'était une toute autre sorte d'entretien qui l'attendait.

Étienne l'attendait à la sortie de l'immeuble où le Deuxième Bureau avait son siège. En le reconnaissant, cintré dans son uniforme de l'infanterie, Béatrice inspira discrètement. Elle avait rencontré ce militaire, ami de Guillaume, environ deux ans auparavant, peu après son entrée dans les services secrets. Elle qui collectionnait à nouveau les aventures depuis son divorce, hommes et femmes confondus, s'était laissée prendre à son charme et pendant plusieurs mois, une année peut-être, elle en avait probablement été amoureuse. La jeune femme qui quittait une seconde fois le nom de Vial pour celui de Beauclair rayonnait sincèrement lorsqu'ils s'étaient mariés. C'est à cette époque que les choses avaient semblé s'arranger. Elle avait une carrière, un homme qu'elle aimait, et si les cauchemars persistaient avec autant de ténacité que la rancune d'Eugénie, les blessures ouvertes par la mort d'Arthur guérissaient peu à peu. Le seul problème était probablement que ces périodes d'accalmie n'étaient jamais vouées à durer, et le mariage d’Étienne et Béatrice n'était pas resté harmonieux aussi longtemps qu'elle l'aurait voulu. Depuis quelques mois, l'ambiance était électrique, malgré la présence de la petite Rose au milieu, qui grandissait sous l’œil sévère mais juste d'un homme qui prenait son rôle de père d'adoption plus ou moins à cœur. Et en dépit de tout ce qu'ils s'étaient promis lors de leur mariage, la jeune femme avait fini par retomber dans ses travers. Elle avait bien tenté d'arranger les choses, mais les aventures avaient repris. Il y avait eu Jeanne qui était réapparue, des inconnus et surtout Gabriel Meilland. Le meilleur ami d'Arthur, l'une des rares personnes à l'avoir connu qui ne paraissait pas la tenir pour responsable de ce qui s'était produit. Dans leur jeunesse, Béatrice avait toujours regardé avec une certaine admiration ce garçon qui faisait les quatre cent coups avec son frère, une admiration banale de petite sœur probablement. Mais ils n'étaient plus jeunes, et de fil en aiguille, cette sorte d'amitié distante s'était transformée en une attirance... à laquelle ils avaient évidemment succombé. Sauf que cette fois, Béa était tombée enceinte. Peu de temps avant de découvrir que Meilland la trompait, alors que pendant quelques semaines, elle avait cru avoir un coup de cœur pour lui.
- Alors, qu'est-ce que c'est que cette nouvelle que tu dois m'annoncer ?
La voix d’Étienne, lorsqu'ils se furent engouffrés dans sa voiture, tira Béatrice de ses mornes pensées. Elle leva la tête et dévisagea un instant son époux, ne sachant exactement comment lui annoncer les choses. Il y avait quelques temps qu'elle faisait mine de se rapprocher de lui, raison pour laquelle ils parvenaient ce soir à aller dîner au restaurant ensemble. Mais cette façon de renouer avec lui avait un objectif très précis, dont elle n'était pas particulièrement fière, mais essentiel. Elle était enceinte, et il fallait qu'il pense être le père.

- J'attends un enfant, lança-t-elle finalement sans détour.
Étienne tourna vivement la tête vers elle et, après ce qui sembla être un instant d'hésitation, esquissa un sourire. A cet instant seulement, elle réalisa qu'il ne soupçonnait rien de ses liaisons car s'il ne fit pas montre d'un enthousiasme extraordinaire, il ne remit en revanche jamais en question la sincérité de son épouse. Une occasion de reprendre à zéro, peut-être, et de recommencer autour de cet enfant. Hélas Béa n'en fut pas capable. Et l'harmonie retrouvée de façade ne fut que de courte durée, sauf que cette fois, en disparaissant, elle devait emporter bien plus que la bonne entente du couple Beauclair.



Dernière édition par Béatrice Beauclair le Jeu 31 Déc - 2:25, édité 10 fois
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PAPIERS !
■ religion: Protestante, comme l'ensemble de sa famille, mais elle s'est éloignée de sa foi.
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mar 3 Nov - 23:24


Biographie

Le reste est silence
(Shakespeare)



Septembre 1944 – Siège de la DGSS

- Je n'étais pas un mauvais agent, oui. Ça a l'air de vous étonner... ce n'est pourtant pas mon efficacité qui est remise en cause, je crois.
Cette pique inattendue fit lever la tête à Mercier, mais aussi à la jeune secrétaire, qui dissimula un sourire en surprenant la grimace fugace qui tordit les lèvres de son supérieur. Elle aurait presque pu jurer que Béatrice aussi avait souri, mais furtivement, si bien que déjà, son visage avait retrouvé toute la neutralité qu'il affichait depuis le début de cet entretien.
- Non, en effet, marmonna Mercier sans insister.
Il s'arrêta un instant sur des rapports de mission, une série de compte-rendu, des notes diverses, des papiers plus ou moins confidentiels, dont certains en allemand. La plupart portaient la même écriture, fine et rapide, probablement plus déchiffrable qu'elle n'en avait l'air de loin. La conversation s'étant interrompue, Adèle en profita pour y jeter un regard curieux. Elle ne lisait pas bien le Boche, comme on disait à Londres, mais elle se doutait assez bien de ce que devaient contenir ces feuillets.
- Vous faisiez partie des services dévolus à la surveillance de l'Allemagne, n'est-ce pas ? reprit soudain Mercier en levant la tête vers l'intéressée. Vous étiez sous les ordres de Rivet ?
- Oui, j'étais chargée des écoutes de la Luftwaffe, entre autres.
- Les écoutes cryptées également ?
Béatrice hocha la tête, ce qu'Adèle reporta scrupuleusement dans son propre rapport, non sans une vague grimace, elle qui avait déjà eu l'occasion d'approcher des documents codés et n'avait définitivement jamais réussi à assimiler correctement quoi que ce soit sur la question. Mais elle ne fut pas surprise, la femme toujours plus intrigante qu'interrogeait le major Mercier l'aurait plus étonnée en répondant par la négative. Et plus l'entretien avançait, plus Adèle se prenait à s'interroger sur la tournure qu'il allait prendre lorsque la guerre serait enfin évoquée. Car c'était bien ce qui intéressait le major, et probablement ce qui avait conduit Béatrice sur cette chaise face à lui. Ce qui s'était passé pendant la guerre.
- Quels étaient vos liens avec Rivet ?
Et d'ailleurs, la guerre n'allait pas tarder à faire sa grande entrée dans la conversation. Adèle connaissait assez la façon dont Mercier menait ses entretiens pour le savoir, mais à voir le regard inquisiteur que Béatrice vrilla sur lui, elle devait également s'en douter.
- Professionnels. Je n'étais généralement pas directement en contact avec lui. Mais je partageais ses vues sur l'Allemagne et sur la guerre, c'est ce qui vous intéresse, n'est-ce pas ?
- En effet... Votre frère, le colonel Vial, était lié aux services secrets lui aussi. Est-ce qu'il partageait également cette opinion ?
La question entraîna avec elle un instant de silence, durant lequel Adèle dut se contenter de les observer se dévisager. Il y avait un peu de perplexité, et beaucoup de méfiance dans le regard de l'ex-agent.
-  Où est-ce que vous voulez en venir ? demanda-t-elle avec une certaine sécheresse.
- Et bien je cherche à en savoir plus sur votre entourage au début de la guerre. Il semble que vous avez perdu presque tout contact avec votre famille en trente-neuf, peut après la naissance de votre second enfant...
- Mes différends familiaux ne regardent que moi.
La réponse avait claqué, sèchement elle aussi, et la jeune secrétaire ne put que noter l'air agacé de Béatrice, qui s'était à nouveau raidie sur sa chaise. Le sujet de la famille était visiblement à éviter, et Mercier l'avait bien compris. Il posa les papiers à plat devant lui et tenta d'insister :
- Et pourtant...
- Et pourtant non, il n'y a rien d'intéressant pour votre enquête de ce côté-là, le coupa Béatrice. De toute façon, tous mes frères à l'exception de Louis ont été mobilisés au début de la guerre, tout comme mon mari. J'étais seule à Paris, et je n'ai pas eu besoin de mon entourage pour prendre des décisions.
Il sembla à Adèle, alors qu'elle notait consciencieusement ce qui semblait être un rare mouvement d'impatience de cette femme à première vue si maîtresse d'elle-même, entendre une pointe d'amertume dans ces paroles. Un court instant, elle leva les yeux sur Béatrice et se demanda si derrière cette note amère ne se cachait pas un regret. Qu'en aurait-il été de ces fameuses décisions si justement, elle n'avait pas été seule, s'il n'y avait pas eu ces différends familiaux ? Pendant une courte seconde, Adèle se laissa aller à faire bien plus qu'on ne lui demandait en tant que secrétaire (toute initiée aux arcanes des services secret fut-elle) : imaginer. Et elle imagina volontiers que si les choses en avaient été autrement au début de la guerre, ils ne seraient pas là tous les trois - ou du moins pas Béatrice.
- Et par "décisions", vous entendez le fait d'avoir suivi Rivet dans son souhait de reconstituer des services secrets, même après l'armistice... Au début en tout cas ? reprit le major Mercier ne feuilletant ses documents.
- Oui. Nous étions en guerre depuis longtemps avec l'Abwehr, ça ne s'est pas arrêté en juin quarante.


Octobre 1940 – Parc Montsouris

Béatrice dévisageait, apparemment sans gêne aucune, l'homme qui lui faisait face. Mais alors qu'elle semblait considérer la proposition que ce dernier venait de lui faire, peser avec sérieux le pour et le contre avant de formuler une réponse, ses pensées lui échappèrent. L'espace d'un instant, son esprit se trouva bien loin du capitaine Paul Paillole, ou même du parc dans lequel il lui avait donné rendez-vous pour éviter les oreilles indiscrètes, et dont l'atmosphère tranquille en cet après-midi d'automne aurait presque pu faire oublier les événements de l'été. C'était là, sur une allée du parc Montsouris où Paillole s'était arrêté pour se tourner vers elle, entre en banc où un homme en complet lisait le journal et une aire de jeu pour enfants dans laquelle une mère sermonnait son fils pour avoir sali ses vêtements, c'était là, au milieu de cet instant d'un quotidien bien éloigné de la guerre, que Béatrice devait accepter ou non la mission qu'on souhaitait lui confier. Une décision qui valait son temps de réflexion, car il ne s'agissait rien de moins que d'intégrer l'Abwehr, les services de renseignements allemands, afin de l'espionner de l'intérieur pour le compte des services secrets mi-officiels, mi-clandestins recrées par le colonel Rivet après la défaite. Pourtant, lorsque ses yeux quittèrent le visage de Paillole, son supérieur, ce n'était pas à ce qu'accepter pourrait impliquer qu'elle songeait. Non, c'était une pensée inattendue, mais peu surprenante dans le fond, qui s'était imposé à elle lorsque l'officier s'était planté face à elle pour attendre sa décision, une question quelle ne s'était pas posée depuis longtemps  : qu'aurait fait Guillaume  ? Les valeurs qu'il faisait passer avant tout le reste, son sens de la morale et de l'honneur l'auraient-ils conduits à se plier à ce qui, sans être réellement un ordre, avait été présenté à Béatrice comme son devoir d'agent ayant accepté de suivre Rivet dans la reconstitution du IIe Bureau  ? Même si cela impliquait de travailler, un apparence au moins, au service de l'ennemi  ? – et quel ennemi, l'Abwehr, la grande rivale dans cette guerre de l'ombre qui était celle des services secrets  ! Un an auparavant, Béa aurait peut-être été capable de répondre immédiatement à cette question, mais ce jour-là, elle se prit à hésiter. Et à songer qu'elle n'aurait probablement jamais la réponse, car s'il y avait des mois qu'elle n'avait pas parlé à son frère, ce n'était pas uniquement parce que, comme l'ensemble de la fratrie Vial (à l'exception notable de Louis, qui enseignait désormais à la Sorbonne), Guillaume avait été mobilisé dès l'automne précédent. Leur dernière entrevue remontait à plus loin encore, et elle n'avait été rien moins qu'une dispute, dans la grange qui abritait l'Etoile Filante, leur vieil avion, l'endroit même où ils avaient partagé tant de moments. Certes, Béatrice n'avait depuis la défaite que peu de nouvelles de ses frères, et c'était à peine si elle savait Frédéric coincé dans le sud avec la flotte, tandis qu'Henri, parachutiste, s'était probablement évaporé à Londres. Mais de Guillaume, elle ne savait rien ou presque depuis qu'ils s'étaient affrontés avec rancœur, elle parce qu'elle avait découvert l'ampleur de l'emprise que son aîné avait eu sur sa vie sans même qu'elle ne s'en rende compte, lui parce que de colère, elle avait probablement conforté sa fiancée, Diane, dans sa décision le quitter brutalement, sans même un mot. Après que Guillaume l'ait surprise en flagrant délit d'adultère, avec une femme qui plus est. Béatrice ne pouvait probablement pas plus le décevoir, elle qui lui avait un jour juré d'être toujours à la hauteur.

Elle était tellement en colère, à l'époque, d'avoir découvert que ce grand frère en qui elle avait toujours eu une confiance aveugle lui avait laissé croire qu'elle avait enfin pris sa vie en main, alors que de son entrée dans les services secrets, jusqu'à son mariage qui battait de l'aile, tout était de son fait à lui... Elle s'était sentie trahie, si bien que lorsque cette fiancée qu'elle n'avait jamais appréciée, coupable de lui voler l'attention de Guillaume, lorsque Diane était venue lui confier ses doutes sur l'affection de ce denier, Béa n'avait rien fait pour la retenir. La jeune femme était partie, Béatrice n'avait pu cacher à Guillaume qu'elle avait eu une conversation avec elle, ils s'étaient affrontés, et les choses s'étaient arrêtées là. La rancœur de Béa était restée vive, mais elle constata amèrement, ce jour-là, face à Paillole, que toute colère l'avait quittée. Bien des choses s'étaient produites depuis et, malgré toute sa rancune, la guerre avait apporté à la jeune femme son lot d'inquiétudes, peut-être même moins pour son mari, Étienne, qui restait pourtant prisonnier dans un Oflag autrichien, que pour Guillaume dont la rumeur de l'évasion d'un camp de prisonniers était pourtant parvenue jusqu'à elle. Elle avait beau s'être démenée, dans la tourmente de la défaite face aux Allemands, c'était tout ce qu'elle avait pu apprendre. Au moins, elle savait ses frères en vie, et toutes les rancœurs, toutes les disputes du monde n'ôtaient rien au soulagement que constituait cette certitude. 
- Beauclair ? 
La voix du capitaine s'éleva, comme s'il s'impatientait, et en reportant son attention sur lui, Béatrice réalisa que son regard s'était égaré derrière la silhouette de son supérieur, sur la clôture de l'aire de jeux dans laquelle l'enfant penaud baissait la tête, à moitié dissimulé par un écriteau "interdit aux chiens et aux Juifs". 

- Ce que je vous demande n'a rien d'évident, je le sais. Mais pensez à votre position à Orly... Les Allemands ignorent que vous étiez des nôtres avant la guerre, vous êtes presque membre de la Luftwaffe, vous allez probablement les intéresser, l'Abwehr a besoin de recrues françaises. C'est une occasion à ne pas manquer.
La jeune femme hocha la tête, car elle savait parfaitement tout cela. Depuis ses premiers pas dans les services secrets, elle n'avait jamais cessé de travailler officiellement à Orly, si bien que lorsqu'ils étaient arrivés, il n'avait fallu aux Allemands qu'une courte période d'incertitude avant de lui intimer avec d'autres de conserver son poste. Une couleuvre à avaler pour celle qui ne se voyait pas volontiers travailler au service de l'ennemi, mais qui s'était transformée en aubaine avec la remise sur pied des services, et surtout de leur branche non-officielle des "Travaux Ruraux". Camouflés derrière le nébuleux BMA qui avait, lui, l'aval des Allemands et de Vichy pour traquer gaullistes et communistes, les TR chassaient quant à eux tout ce qui n'était pas eux, ce qui incluait l'espionnage des occupants eux-mêmes. Une façon de continuer le combat, et peut-être une façon d'envisager les choses moins difficile pour Béatrice dont le regard fut à nouveau attiré par l'écriteau derrière Paillole. Elle ne s'était jamais réellement mêlée de politique, en dehors de ce que son travail d'agent impliquait, et le régime du Maréchal même s'il était celui de l'armistice et de la défaite l'avait laissée sinon indifférente, du moins sans a priori outrés contrairement à d'autres. En bonne Vial, elle avait été élevée avec un certain respect pour Pétain... Mais les dernières décisions de ce dernier et de son gouvernement, cette loi sur les juifs avait jeté sur son indifférence un soudain malaise. Un sentiment que n'avaient pas arrangées les interventions de pasteurs s'élevant contre une iniquité que les protestants se voulaient particulièrement à même de comprendre. Même vacillantes, la foi et les valeurs qui avaient bercé la vie de Béatrice s'étaient rappelées à son bon souvenir. Mal à l'aise, elle sentait soudain comme une inquiétude à l'égard de la suite des événements qui lui semblaient déjà atteindre les limites de ce qui pouvait se cautionner. 

Mais elle ne travaillait pas directement pour Vichy, du moins c'est ainsi qu'elle envisageait les choses, et en espionnant les Allemands eux-mêmes, sans doute s'imagina-t-elle pouvoir échapper à ce malaise car, plongeant enfin son regard dans celui de Paillole, elle se décida enfin. 
- C'est d'accord, lâcha-t-elle sobrement. 
Béatrice ne doutait pas un instant que cette décision ne serait pas sans conséquences. Tromper l'Abwehr était une autre paire de manches que la Luftwaffe, et en voyant un discret rictus tordre les lèvres de son supérieur, elle songea avec ironie à un temps où elle aurait pu demander conseil à son frère et peut-être s'éviter une erreur, ce qu'elle semblait incapable de faire lorsque Guillaume était absent. Et encore, la jeune femme n'avait pas idée du point auquel accepter cette mission allait bouleverser sa vie. Et que c'était là, au milieu du parc où le quotidien s'écoulait toujours le plus normalement possible qu'elle venait elle-même de tout déclencher. 
- Je n'en attendais pas moins de vous, répondit Paillole. Tenez-nous au courant de vos progrès.
Là-dessus, le capitaine tourna les talons, et quitta Béatrice qui s'éloigna à son tour, songeuse. Elle avait promis un café (ou ce qu'il en restait) à l'une de ses rares amies, Sixtine, mais ses pensées eurent bien du mal à se fixer sur la jeune femme, elle aussi recrue des services secrets, dont elle se demanda un instant quel genre de mission elle pouvait bien recevoir. Il y avait quelque chose de frustrant à ces conversations où elles savaient toutes les deux qu'elles se cachaient une part de la vérité (à un point que Béatrice ne pouvait soupçonner de la part de Sixtine) sans pour autant pouvoir s'en dire plus. Ce n'était pas à la demoiselle blonde qui l'attendait à une terrasse que la future fausse recrue de l'Abwehr allait pouvoir se confier - si elle en avait réellement eu l'envie. Ni à elle, ni à personne d'autre en réalité, cette fois Béatrice était bel et bien seule pour prendre ses décisions. 


Septembre 1944 – Siège de la DGSS

- L'Abwehr que vous avez intégrée rapidement, n'est-ce pas ? Vos premiers rapports datent du mois de novembre quarante.
Mercier s'était en effet remis à feuilleter son dossier, et avait désormais sous les yeux une série de documents toujours couverts de la même écriture, lorsqu'ils n'étaient pas tapés à la machine.
- Paillole était convaincu que l'Abwehr avait besoin de recrues françaises et qu'il ne serait pas difficile de les intéresser à mon cas. Il avait raison, j'ai rapidement été approchée, répondit Béatrice Beauclair sur un ton égal, après avoir jeté un regard froid sur les rapports en question. Ils ont commencé à me surveiller en novembre, et à la fin de l'année, c'était une affaire entendue.
Adèle ne put s'empêcher de songer qu'en effet, s'il y avait bien une chose qu'on ne pouvait lui reprocher, c'était un manque d'efficacité, et l'espace d'un instant, elle négligea ses notes pour tenter d'apercevoir plus précisément les documents que consultait le major, lequel affectait pour ces derniers un intérêt distant, ce que la secrétaire reconnut comme le signe qu'il préparait ses prochaines questions. Béatrice, quant à elle, le dévisageait mais Adèle ne put se décider sur ce qu'elle lisait sur ses traits. Froideur, ou méfiance, peut-être les deux, comme si elle savait elle aussi que l'officier était loin d'en avoir terminé. Après tout, elle était la mieux placée pour savoir les questions que le major souhaitait sans doute lui poser, songea la secrétaire en baissant le nez sur sa tâche avant de croiser son regard.
- Quelle était exactement votre fonction à l'Abwehr, lorsque vous avez été recrutée ? demanda enfin Mercier en levant la tête.
- Je devais garder un œil sur ce qui se passait à Orly. Les Allemands s'espionnaient volontiers entre eux, répondit Béatrice avec un rictus ironique.
La jeune secrétaire haussa un sourcil dans son coin, en essayant de faire le calcul qui s'imposait. Beauclair était alors un agent des services secrets, chargée d'espionner la Luftwaffe et surtout l'Abwehr qui, elle-même, lui demandait de surveiller la Luftwaffe. La boucle était presque bouclée, et elle ne put que songer que si elle était là, face à Mercier, c'est que les Allemands avaient bel et bien fini par la boucler. C'était à s'y perdre.
- Combien de temps cette situation a-t-elle duré ? reprit l'officier en posant ses coudes sur le bureau, mains croisées sous son menton, prêt à en découdre.
- Longtemps... commença Béatrice, avant d'être interrompue.
- Presque deux ans, n'est-ce pas ? En fait, ce petit arrangement a fonctionné jusqu'en novembre quarante-deux, et l'invasion de la zone sud... Quand Paillole, Rivet et tous les autres sont partis en Afrique du Sud.
Il y eut un silence. A voir la façon dont elle s'était raidie, Béatrice avait compris où son interlocuteur voulait en venir, tandis que la secrétaire, elle, commençait à comprendre.
- Alors que vous, vous êtes restée. Vous ne les avez pas suivis.
Nouveau silence, plus tendu encore que le précédent. C'est à peine si Adèle osa lever les yeux de ses notes, de peur de récolter un regard noir de l'un des deux protagonistes de la scène qui se jouaient devant elle – même si pour être tout à fait honnête, et pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, elle redoutait surtout une œillade de Béatrice. Il y avait longtemps que Mercier ne lui faisait plus peur. Heureusement, tout le monde semblait l'avoir oubliée.
- Non, je ne les ai pas suivis, lâcha l'ex-agente avec dureté, mais moins que ce à quoi la jeune secrétaire s'attendait. J'avais deux jeunes enfants, leur père était toujours prisonnier, je ne pouvais ni les laisser, ni les emmener avec moi en Afrique.
- Et vous ne pouviez les confier à votre famille, c'est cela ? rétorqua aussitôt Mercier avec sévérité. Entre votre frère Louis ou votre mère qui cachaient des juifs, ou vos trois autres frères dans la résistance en France et en Afrique, quand vous n'étiez pas fâchée avec eux... Tout ça faisait de vous la seule à travailler pour le camp opposé. Et votre position à l'Abwehr n'était pas inconfortable, même si elle impliquait de dénoncer vos propres anciens collègues chargés de vous convaincre de rallier...
- Je n'ai pas dénoncé Charles !
Béatrice avait finalement élevée la voix, et dans ses yeux bruns, Adèle surprit un vif éclat de colère. Elle s'était entièrement tendue, comme sous le coup d'une accusation qu'elle ne pouvait supporter. Mercier, quant à lui, s'était légèrement reculé sur son siège.
- Il n'a pas été assez prudent. Quand il est revenu d'Afrique au début de l'année suivante, j'ai hésité, mais j'ai aussi commencé à rassembler les informations que je pouvais lui donner. Je n'ai été mise au courant de son arrestation qu'après coup, affirma Beauclair avec véhémence. C'est là que j'ai perdu tout contact, parce que j'étais la coupable parfaite à vos yeux, et que personne n'a cherché plus loin. Je ne suis pas la seule à avoir commis des erreurs !


Mars 1943 - Hôtel Lutetia

Les portes du Lutetia s'ouvrirent d'elles-mêmes avant que Béatrice n'ait pu les pousser, laissant passer un homme en uniforme de la Gestapo dont elle se fit un honneur de soutenir le regard perplexe avec fierté. Ce n'était pourtant qu'une fierté de passage, car au moment de pénétrer dans les le luxueux hall de l'hôtel reconverti en quartier général de l'Abwehr depuis bientôt trois ans, elle se sentait plutôt d'humeur à tourner les talons et à ne plus jamais revenir. Elle s'abstint pourtant de jeter un coup d’œil de regret derrière elle, et laissa les portes de ce qui avait un jour été un haut lieu de rencontre de la société artistique et mondaine parisienne se refermer sur son passage. Comme un piège, songea la jeune femme en avançant droit devant elle. Autour, une sorte d'agitation si habituelle qu'elle en paraissait presque tranquille faisait se mouvoir les hommes et les choses dans un ballet bien réglé d'uniformes, de chariots chargés de papiers, et de « Heil Hitler » bien sentis. Presque trop bien réglé, avec une rigueur toute allemande, auraient pensé certains, et peut-être Béatrice elle-même, si, une fois son identité dûmment contrôlée, elle n'avait été occupée à gravir avec une angoisse sourde et habilement dissimulée les escaliers menant aux bureaux des étages supérieurs. Parfois, pour occuper ses pensées à des choses futiles plutôt qu'aux raisons de sa présence en ces lieux, elle se prenait à imaginer ce à quoi pouvait ressembler l'hôtel Lutetia avant – cet « avant » qu'on ne prenait désormais plus la peine de préciser tant il était évident. Elle n'avait jamais mis les pieds ici, avant, jamais vu l'immense hall dépourvu de ses croix gammées et de ses officiers en vert-de-gris, jamais pris un verre au bar en se demandant quelle sommité elle allait pouvoir croiser. Non, depuis quelques mois, Béatrice espérait plutôt ne pas croiser les sommités du moment, ce qu'elle n'allait pas pouvoir s'éviter ce jour-là, puisqu'elle était convoquée. Elle l'était toujours, d'une certaine façon, lorsqu'on lui demandait de venir faire ses rapports sur les activités de la Luftwaffe. Mais cette fois était différente. À moins que l'on ne se sente soudain le besoin de la faire venir deux jours de suite, mais Béatrice en doutait. Il ne se passait à Orly rien de d'assez digne d'attention pour cela. Si elle était convoquée sans plus de précision, c'était probablement pour quelque chose de nouveau, et une fois arrivée à l'étage concernée, elle ne put s'empêcher de songer que faute d'avoir cédé à son humeur et fuit à l'entrée, il se pouvait bien qu'elle ne remette jamais les pieds hors du Lutetia.

- Entrez Beauclair, Trumer va vous recevoir.
Beauclair, comme on l'appelait par ici, hocha la tête et se planta devant une fenêtre en attendant que que le chef parisien de l'Abwehr daigne la faire entrer dans son bureau. Elle observa, sans réellement s'en rendre compte, un pan de mur de la prison du Cherche-Midi, qui se dressait lugubrement de l'autre côté du boulevard Raspail et dont les rare passants donnaient l'impression de chercher à éviter jusqu'à l'ombre qu'un pâle soleil d'hiver projetait sur la rue. Un rictus ironique étira les lèvres de Béatrice, qui ne put s'empêcher de songer qu'Otto Trumer aurait eu bien des raisons de l'envoyer de l'autre côté de ces hauts murs. Elle ne parvenait à se décider : était-ce suite à ce jour où il l'avait surprise en fâcheuse posture (c'est-à-dire entrain d'écouter des communications radio qui ne la concernaient pas) qu'il la convoquait, ou parce qu'après avoir été arrêté deux semaines plus tôt, Charles, un ex-collègue des services de Paillole, avait finalement craché le morceau ? Depuis que la plupart des membres des TR avaient fui en Afrique du Nord, près de quatre mois plus tôt, et que Béatrice avait fait le choix de rester, il était le premier et seul contact qu'elle avait pu avoir avec eux. Il avait cherché à la convaincre de continuer à les informer sur l'Abwehr, mais devant les nouvelles difficultés qu'envoyer les petits secrets des Allemands en Afrique impliquait, et la certitude que c'était là faire un passage définitif de l'autre côté du fil sur lequel elle marchait depuis le début de l'Occupation, elle avait hésité. Elle lui avait demandé de lui laisser le temps d'y songer, sans réellement savoir ce qu'elle redoutai. Un temps de trop. Charles avait été arrêté alors même qu'elle lui avait fixé un nouveau rendez-vous pour lui donner ce qu'elle pouvait, et depuis, elle vivait dans l'attente de conséquences qui ne venaient pas. Du moins, pas de la part de l'Abwehr, mais Béatrice ignorait que du côté de ses anciens collègues, on avait rapidement résolu l'équation qui la désignait comme la coupable la plus plausible. Et qu'on lui en voulait. Craignant plutôt les Allemands, elle avait bien songé à se mettre à l'abri, elle et surtout Rose et Guillaume qu'il fallait protéger à tout prix des errances de leur mère... mais la certitude qu'elle se rendrait suspecte et des conséquences que cela pouvait avoir sur le reste de sa famille, alors qu'elle ignorait s'ils savaient quoi que ce soit l'avait arrêtée. Elle était piégée, et d'une certaine façon, elle s'était piégée toute seule. Une fois n'était pas coutume : elle avait pris les mauvaises décisions.

La porte du bureau de Trumer s'ouvrit soudain, la sortant brusquement de ses songes. Inquiète, elle se retourna néanmoins sur le patron de l'Abwehr sans baisser les yeux, comme s'il n'y avait rien de plus naturel que cet entretien. Elle soutint sans ciller le trait glacial qu'était le regard d'Otto Trumer, et ce jusqu'à ce qu'il la fasse entrer à sa suite dans ce qui avait un jour dû être une chambre, et dont une ordonnance referma la porte derrière eux.
- J'ai une mission pour vous, Beauclair, lâcha Trumer sans prélude aucun.
Béatrice ne se sentit pas soulagée, pas profondément du moins, et c'est à peine si elle sentit sa poitrine s'alléger d'un poids. Elle n'était pas sur le point d'être arrêtée, elle connaissait assez l'officier face à elle pour savoir qu'elle serait déjà encadrée de deux soldats prêts à la conduire aux sous-sols de l'hôtel. Il n'avait pas non plus une mission particulièrement complexe à lui confier – pour quelqu'un qui jonglait entre les couvertures, garder un œil sur un lieutenant en particulier de la Luftwaffe n'avait rien d'infaisable. Elle n'était pas plus en danger que d'ordinaire, mais simplement, la situation était ce qu'elle était, et de soulagement, Béatrice comprit qu'elle n'en aurait aucun tant que les choses dureraient comme elle le faisaient. Comme face à Paillole quelques années plus tôt, les pensées de la jeune femme s'échappèrent un instant, mais cette fois elle ne songea pas à ses frères, dont elle n'avait toujours que de rares nouvelles concernant Henri et Guillaume, contrairement à Louis qu'elle voyait de temps en temps, ou Frédéric qui s'obstinait à quitter régulièrement Marseille (qui avait pour terrible inconvénient à ses yeux d'être la ville où vivait également son épouse). Cette fois, si elle resta un instant songeuse face à Otto qui lui expliquait ce qu'il attendait d'elle, ce fut pour essayer d'envisager les mois à venir. Charles arrêté, elle ignorait si les TR prendraient à nouveau le risque de lui envoyer quelqu'un, elle ne savait pas non plus si elle devait l'espérer ou non, elle qui, quelques jours plus tôt, était prête à leur prêter main forte. Et si personne ne venait ? Combien de temps pourrait-elle continuer à jouer les triples espionnes quand elle ne savait plus exactement aà qui venir rapporter ce qu'elle apprenait ? Imperceptiblement, elle se crispa, tandis que la voix de Trumer s'éteignait nettement, signe qu'il en avait terminé. Par réflexe, elle hocha la tête, et tourna les talons sans rien ajouter. Combien de temps ? Elle l'ignorait, mais probablement pas infiniment, du moins c'était ce qu'elle songeait lorsque deux silhouettes sortant d'un bureau la forcèrent à s'arrêter un instant.
- Je compte sur vous pour les débusquer, Trinkl. Je sais qu'avec vous, c'est comme si c'était déjà fait, disait un officier qu'elle ne voyait que de dos à un autre, qui hocha la tête.
Béatrice croisa brièvement le regard de Dieter Trinkl, qu'elle ne connaissait que pour ce que l'on disait de lui, à savoir que l'on faisait difficilement plus efficace en matière de terroristes, et plus particulièrement, de communistes – assez donc pour ne pas souhaiter faire plus ample connaissance. Elle haussa un sourcil face à lui, puis contourna les deux hommes sans plus s'en préoccuper. Trinkl était presque oublié au moment où elle passa les portes du Lutetia, au profit de la pensée morose qu'elle n'était pas en bonne voie pour s'en sortir. Elle ignorait qu'elle ne croyait pas si bien dire, ni songer si à propos.


Septembre 1944 – Siège de la DGSS

- Je suis restée parce que j'étais à cours de solution. Et puis, quitter l'Abwehr pour aller où ? Je n'aurais pas pu aller bien loin, vous aviez déjà décidé de me faire tuer. 
Adèle haussa un sourcil, mais devant l'absence de réaction de Mercier, dut déduire que Béatrice avait raison. Celle-ci, visiblement en colère, fixait le major avec au fond des yeux une lueur qui semblait le mettre au défi de la contredire, comme si elle l'assimilait personnellement à ce "vous" qu'elle venait d'employer. Ce ne fut qu'un éclat pourtant et la fureur sembla la quitter aussi vite qu'elle était venue, ne trouvant pas de résistance dans laquelle se nourrir, laissant à la secrétaire le loisir de réaliser que sous la surface froide, voire impavide se cachait face à elle une personne bien plus changeante qu'elle ne l'aurait imaginée. Quelqu'un qui semblait ne pas toujours savoir quelle attitude adopter, entre colère, indifférence ou mépris. Dans le fil de ses pensées, elle qui aimait à reconstituer la personnalité des hommes et des femmes qu'elle voyait défiler devant elle depuis quelques temps, se prit à se demander si cette Béatrice n'était pas plus perdue qu'elle n'en avait l'air. Difficile à imaginer en la voyant arborer à nouveau l'attitude froide et dure qu'elle avait au début de l'entretien. Adèle, en baissant les yeux sur ses notes, ne put s'empêcher de se demander si la suite allait l'éclairer sur la question - et de l'espérer.
- Un sort auquel vous avez échappé plusieurs fois de justesse, et dans des circonstances troubles... constata Mercier. 
Il avait jeté un nouveau coup d'œil à ses documents, mais s'en désintéressa pour fixer Béatrice, qui le lui rendit bien. 
- On vous protégeait, n'est-ce pas ? Qui donc ? 
- Vous seriez surpris... souffla-t-elle pour seule réponse. 
Une ombre passa sur le visage de la jeune femme, et sous le regard attentif d'Adéle à laquelle elle ne prêtait pas attention, ses yeux se voilèrent. Le major continuait à la fixer, dans l'attente sans doute d'une précision, mais Béatrice n'était plus avec eux. Ses pensées impénétrables l'avaient menée ailleurs, bien loin sans doute de ce bureau, assez pour laisser un long silence s'installer. Mais si Adèle se sentit soudain mal à l'aise, ce ne fut pas à cause de cette pause inattendue. Non, c'est parce que l'espace d'un instant, elle en était persuadée, ce fut une infinie tristesse qui se peignit sur les traits et dans les yeux de Béatrice, presque un éclat de douleur. Un instant seulement, car soudain elle se raidit à nouveau et sembla revenir brusquement à la réalité. Une réalité dans laquelle Mercier n'avait en aucun cas l'intention de la ménager.
- Et bien, surprenez-moi, reprit celui-ci. Vous voyez, Beauclair, c'est tout le problème de votre cas : tout est trouble. Par qui étiez-vous protégée ? Que faisiez-vois exactement au sein de l'Abwehr ? A qui répondiez-vous ? Vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas me répondre. 
Le ton était sans appel, et face à lui, l'ex-agent gardait toujours le silence, mais cette fois-ci, c'était bien son interlocuteur qu'elle fixait, avec méfiance et froideur toujours, même sa crispation la trahissait. Au bout de quelques secondes, elle prit une profonde inspiration... Et il se produisit une chose à laquelle Adèle ne s'attendait pas. Soudain, alors qu'elle pensait avoir été oubliée de tous, n'être là qu'en observatrice extérieure à la scène, Béatrice se tourna vers elle. Une courte seconde, elle vrilla sur la secrétaire un regard dur qui la força à baisser la tête, comme si elle avait deviné que l'on cherchait à la percer à jour. Enfin, au grand soulagement d'Adèle, elle revint à Mercier. 
- Je vais vous répondre, asséna-t-elle froidement, même si cette phrase semblait lui coûter. Mais à vous seulement. Je ne veux pas que ce que je vais vous dire soit écrit. Nulle part.
La jeune secrétaire sursauta, consciente que l'on parlait d'elle. Surprise, elle leva les yeux vers le major, s'attendant à le voir esquisser un rictus et répondre à Béatrice que la procédure était la procédure. Au lieu de cela, il resta quelques secondes songeur, puis se tourna vers elle.
- Mademoiselle Garnier, laissez-nous.
L'intéressée aurait bien voulu protester, lui rappeler que tout devait être consigné mais elle n'osa pas protester, et dut se contenter de hocher la tête, et de ravaler sa frustration. Lorsqu'elle se leva, Adèle sentit à nouveau peser sur elle le regard de Béatrice, mais lorsqu'elle osa glisser une oeillade, elle avait à nouveau l'air absente. Plus rien ne se produisit et c'est dans le silence que la jeune femme dut quitter la pièce. Une fois la porte refermée derrière elle, elle ne put s'empêcher de tendre l'oreille, mais c'est à peine si le murmure étouffé d'une voix lui parvint. Le reste est silence, songea-t-elle avec ironie, avant de tourner les talons, et la suite de l'histoire de Béatrice également.



Dernière édition par Béatrice Beauclair le Mar 16 Fév - 23:52, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mar 3 Nov - 23:35

Un zhérisssooooon Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589

Re-bienvenue ! Béatrice Beauclair # broken wings  224027223 Depuis le temps qu'on entend parler de Béatrice ! cool Trois posts directement ? Tu ne doutes de rien mdr J'ai vraiment hâte de te lire sous cette nouvelle peau en tout cas gaga
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 4 Nov - 0:47

gnihi

*repart*

Plus sérieusement, rebienvenue avec ce perso qui vend du rêve, j'ai hâte de lire ta fiche Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 4 Nov - 16:53

La voilààààà!!! Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589
Bienvenue petit Béa, bon si t'as des questions, tu sais où trouver le staff :p
Hâte de lire tout ça gnihi
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■ religion: Protestante, comme l'ensemble de sa famille, mais elle s'est éloignée de sa foi.
■ situation amoureuse: Mariée, mais peu fidèle, et surtout autant attirée par les femmes que les hommes.
■ avis à la population:

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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Jeu 5 Nov - 11:38

Merci à vous tous Béatrice Beauclair # broken wings  1094942603
J'espère que je vais être à la hauteur, après tant de temps ! chou

Victoire - Ouais, trois posts, on est jamais trop prévoyant gnhehe (t'as vu comment il est mignon ce hérisson ? **)
Theo - gnihi

Promis, je commence à remplir tout ça au plus vite gaga ! J'ai hâte de malmener cette chère Béa 8D

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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Jeu 5 Nov - 12:25

Belle-maman face

Re-bienvenue par ici (sans trop de surprise mdr) !

J'ai hâte d'en lire plus ! Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Jeu 5 Nov - 17:23

Oh my gosh, Hayley est tellement parfaite Béatrice Beauclair # broken wings  383705


Re re (...) re bienvenue miss, amuse-toi bien avec cette magnifique demoiselle =D
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Sam 7 Nov - 23:44

Hasko Landgraf a écrit:
Belle-maman face
Non. hum

Merci à vous deux dance !

Fran, on est d'accord, elle est géniale Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589 ! Heureusement que Adeline/Eddy était là pour exercer ses pouvoirs de persuasion à base de "nooon, mais Hayley Atwell elle est bien..." & "sinon, tu as toujours Hayley, regard cet avatar" mdr

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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Sam 7 Nov - 23:48

Toi, toi, TOI ! Ma mayday bernic préférée, mon hérisson gaga Béatrice Beauclair # broken wings  1094942603 !

Depuis le temps qu'on en parle, de cette petite Béatrice, ça fait quelque chose de la voir en vrai, en chair et en os Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589. Guillaume ne l'avouerait jamais sous la torture, mais il est super contente de voir arriver sa petite sœur adorée et il a hâte de pouvoir écrire tout plein de rp avec elle Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589 (bon il n'est pas le seul *sifflote*), du coup, tu as intérêt à écrire sa fiche vite, je vais veiller au grain face. 'Tention gnihi

Allez, courage à toi, et au plaisir (parce que c'en est toujours un) de te lire Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589

PS : et en plus, tu me doubles au moment de poster. Déjà reloue Béatrice Beauclair # broken wings  3331188740
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Dim 8 Nov - 15:59

Belle maman hum je suis déjà traumatisée avec cette histoire donc évitez de me la rappeler s'il vous plait...
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 11 Nov - 17:12

Toi cool

(Re)bienvenue ! Je t'attendais Béatrice Beauclair # broken wings  372240
Hâte de lire cette future longue fiche 8D
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Jeu 12 Nov - 11:27

Guillaume Vial a écrit:
Guillaume ne l'avouerait jamais sous la torture, mais il est super contente de voir arriver sa petite sœur adorée et il a hâte de pouvoir écrire tout plein de rp avec elle Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589 (bon il n'est pas le seul *sifflote*)

Héhé gnihi, on va faire de grandes choses toi et moi gnihi gaga
Merci à toi, j'ai trop hâte aussi Béatrice Beauclair # broken wings  1094942603
(Et oui, Béa est une petite soeur reloue, c'est bien connu, ça 8D)

Léa - Mais ne t'en fais pas, tu n'es pas la seule à trouver ça traumatisant hum mdr

Sixtine - Toi dance
Merci beaucoup ** ! J'espère ne pas décevoir avec cette fiche ! :o

J'envisage de finir un jour gnhehe
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Ven 4 Déc - 1:55

Oui je double-poste, mais c'est pour signaler que je suis toujours sur le coup gnhehe
Et que j'avance même ! Un peu. mdr

Voilà, c'était un post inutile, mais j'ai fini une anecdote ce soir, je suis fière de moi, j'avais besoin de le signaler du coup cool *je sors*
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■ religion: Ne croit qu'à la politique. Dieu ? ça fait longtemps qu'il n'existe plus, non ?
■ situation amoureuse: Coincé dans un mariage malheureux avec Madeleine Claussat. Trop occupé à cause de son beau-père pour avoir le temps d'aller voir ailleurs.
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Sam 16 Jan - 19:29

On surveille les avancées, t'inquiète gnhehe - et en plus, c'est toujours aussi bon à lire mimi


Hâte de pouvoir valider Béa en tout cas Béatrice Beauclair # broken wings  3107442589
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 17 Fév - 0:31

ÇA Y EST. 150 ans plus tard à peu près : c'est ENFIN terminé Béatrice Beauclair # broken wings  3331188740 Béatrice Beauclair # broken wings  3331188740 gaga

Je peux aller mourir en paix et me flageller en tant qu'admin pour avoir maintenu ces fichues questions de début de fiche mdr

En espérant que ça vous plaise chou J'ai hâte de jouer cette petite Béa-VDM gnihi
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■ religion: Ne croit qu'à la politique. Dieu ? ça fait longtemps qu'il n'existe plus, non ?
■ situation amoureuse: Coincé dans un mariage malheureux avec Madeleine Claussat. Trop occupé à cause de son beau-père pour avoir le temps d'aller voir ailleurs.
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 17 Fév - 0:40

L'avantage d'avoir lu au fur et à mesure, c'est que je peux faire ma blitz-bernique en chef et te valider dès à présent - parce qu'elle est trop top cette fiche et que j'ai définitivement trop hâte de jouer avec Béa gaga (sous toutes mes peaux paraît-il mdr - Guillaume ne cautionne pas Béatrice Beauclair # broken wings  1322793632 ). Tout est parfait, je ne peux donc que te souhaiter à nouveau la bienvenue, parce que c'est hype de souhaiter la bienvenue à quelqu'un qui est sur le forum depuis bien plus longtemps que moi mdr

Enjoy ammu !




Toutes mes félicitations, ta fiche a su toucher le cœur de nos berniques en chef, tu es à présent VALIDÉ. Mais l'aventure ne fait que commencer ! Merci de venir réserver ton avatar afin d'être sûr de pouvoir le conserver et de te recenser dans les registres de notre préfecture du forum, étape indispensable si tu ne veux pas qu'il t'arrive tes ennuis ! Tu dois tout d'abord te faire ajouter à la liste des membres et de leurs DC ainsi que dans le who's who des Allemands si tu es concerné.

Cette première étape achevée, tu peux désormais te lancer dans le jeu ! Mais pour t'éviter tout problème, nous avons quelques parachutes de secours : tu peux te faire des amis (ou toute autre connaissance car tout bon Parisien doit avoir un carnet d'adresses bien rempli) ainsi que remplir une petite bibliothèque pour ne pas te perdre dans les dizaines de rp que tu ne manqueras pas d'ouvrir ! Et si tu souhaites des idées de rp, n'oublie pas que tu peux aller consulter la partie top-secrète des complots. Mais si tu es timide, tu as toujours la possibilité de participer à la foire aux rps ou de t'inscrire aux mini-intrigues afin que les berniques en chef t'organisent des tête-à-têtes avec des inconnus.

Sache qu'on n'abandonne jamais un petit parachuté à son sort sur les plages de Yellow, si tu as besoin d'aide pour bien t'intégrer parmi nous, tu as la possibilité d'aller demander à être parrainé. Nous serions ravis de prendre encore plus soin de toi 8D.

Tu ne connais pas très bien Paris et tu es perdu dans nos rues ? N'hésite pas à consulter le petit guide de Paris qui t'accompagne où que tu ailles.

Nous te rappelons que tu peux solliciter les berniques en chef pour obtenir un rang et un logement à partir de 100 messages.

Allez, il ne te reste plus qu'à venir nous faire un petit coucou dans le flood ! En ce moment, sur le forum, une intrigue générale est en cours, après l'attentat manqué contre un officier allemand : des parisiens sont fait prisonniers, les autorités cherchent les coupables et les résistants traquent une taupe! N'hésite pas à en prendre connaissance et à t'inscrire pour y participer! Dans ce contexte, deux intrigues générales sont en cours, tu trouveras les explications ici même! Pour toujours plus de challenge en rp, n'hésite pas à aller voir les défis de Yellow ! Seras-tu capable de relever les défis de La Voix de Londres ?

Bon jeu parmi nous bounce
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 17 Fév - 0:44

Merciiiiii blitz-chief-bernic gaga

J'ai hâte de jouer avec tous tes moi aussi gnihi
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1Mer 17 Fév - 0:49

Je t'en prie gnihi (ouais, ça manquait de gnihi mdr ). Au plaisir (toujours renouvelé) de rp avec toi gaga !
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MessageSujet: Re: Béatrice Beauclair # broken wings    Béatrice Beauclair # broken wings  Icon_minitime1

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