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 Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]

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Wilhelm Feigel
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MessageSujet: Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]   Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE] Icon_minitime1Dim 23 Avr - 13:34


Et de temps en temps un éléphant blanc.
L'histoire d'une double méprise [feat LIBRE!]




La terrasse du café est presque vide. En milieu de matinée, elle n’attire pas foule. Il faut attendre midi pour que quelques Parisiens la remplissent peu à peu, sortant du cabinet de notaire, d’avocat, du bureau, de la banque où ils travaillaient, pour manger un morceau. Mais rare sont les promeneurs qui s’y arrêtent en milieu de matinée pour déguster une tasse de café dilué. Wilhelm Feigel y est pourtant assis, à une petite table bien en vue de la rue, d’où il peut aussi voir qui arrive, et observer les allées et venues à l’un des portails du Jardin du Luxembourg. Le temps est agréable en ce Samedi matin d’octobre 1943. Le directeur de la Continental Films se laisse aller à ne penser à rien. Il n’a encore rien commandé au garçon de café; c’est qu’il attend quelqu’un. D’ailleurs, il ne pense pas tout à fait à rien: insidieusement, il tourne et retourne dans sa tête les arguments qui pourraient convaincre l’interlocuteur qui devrait le rejoindre, s’il n’est pas en retard. C’est un cinéaste français de renom que Feigel admirait déjà avant-guerre, lorsque ses films sortaient encore en Allemagne. C’est l’un des premiers que le responsable de la propagande cinématographique a contacté à son arrivée en France; mais à l’époque, il avait refusé de rejoindre les rangs de la Continental. Feigel se souvient parfaitement de l’échange par lettres qu’ils ont eu ensemble. Le cinéaste avait décrété que son engagement humaniste et passablement de gauche, avant-guerre, était incompatible avec une quelconque collaboration avec la société allemande aujourd’hui. Argument difficile à accepter pour Wilhelm. Le passé est le passé. Rien ne l’aurait empêché à ce moment-là d’aller là où il se trouvaient les perspectives d’avenir pour son cinéma… et les moyens financiers. D’autant qu’au vu de son talent, Feigel lui avait clairement signifié qu’il était disposé à « oublier » toutes les erreurs de jugement qu’il avait pu avoir quelques années auparavant. Il pouvait mettre son talent au service de l’« amitié franco-allemande ». Qui lui en aurait tenu rigueur ? Il faut bien s’adapter aux situations imprévues…

Et voilà qu’il revient vers lui. La lettre reçue il y a quelques jours lui donne rendez-vous ici pour reparler de la proposition qui lui a été faite deux ans auparavant. Et dire que Wilhelm avait alors abandonné tout espoir de le convaincre. Comme quoi, tout est possible.

Sauf que le cinéaste est en retard. Peut être ne viendra-t-il pas. Feigel l’imagine un instant, pris dans un cas de conscience. Attendez qu’il rencontre son futur patron et voilà que le cas de conscience se transformerait en dilemme cornélien. Il doit le sentir. Voilà pourquoi il n’est pas là. Il a déjà vingt minutes de retard. Ou alors il s’est joué de lui. Wilhelm soupire. Il est las d’attendre. Il sort de sa poche intérieure la lettre du cinéaste et la parcourt du regard. Rendez-vous à… onze heures ? Voilà la raison de ce retard ! Feigel s’est trompé d’une heure. Il a du confondre avec un autre rendez-vous, dans un autre lieu, un autre temps. Il rit de sa méprise. Il a donc quarante minutes devant lui, et aucune envie de les passer ici, immobile. Il faut tuer le temps. Il se lève, quitte la terrasse et de dirige vers le Jardin du Luxembourg. Le temps est vraiment agréable; après quelques jours d’un gris qui annonçait l’automne, le soleil semble revenu et darde se rayons sur les feuilles déjà brunes, les faisant paraître translucides. Wilhelm se rend compte que s’il a parfois traversé ce grand parc, il n’y est jamais venu pour flâner. C’était pourtant une habitude qu’il avait prise autrefois, à Berlin. Il ne se lassait pas des parcs qui jalonnaient la ville de sa jeunesse. Mais le Jardin du Luxembourg, c’est aussi particulier. Cela lui rappelle ce vers de Rilke, issu du poème qui porte le nom de ce parc. Le seul vers dont il se souvient, une rengaine lancinante qui tourne à présent dans sa tête.

« Und dann und wann, ein weisser Elephant. »

Près du bassin, il aperçoit le carrousel du poème. Mais le manège ne tourne plus. Il est immobile, on le devine un peu rouillé. On ne le met sans doute en marche que le dimanche, quand cela vaut la peine. Comment était Paris avant son arrivée à Paris ? Avant l’Occupation ? Y avait-il plus de gens dans les rues, plus d’enfants dans ce parc ? Ou Paris a-t-elle toujours été cette ville calme qu’il connait ?

Il faut qu’il retrouve ces vers de Rilke. C’est à propos d’une carrousel. D’ailleurs, le poème s’appelle « Der Karrousel », et non « Jardin du Luxembourg »; l’indication de lieu n’en est que le sous-titre. Le poème est peuplés d’animaux grimaçants qui tournent, tournent…

Sans pouvoir se l’expliquer, Wilhelm sent qu’il est temps de s’asseoir. Ici, sur un banc près du bassin. Il croise ses jambes et plonge son regard dans les eaux ternes et immobiles. Cela dure quelques secondes. Il n’est plus capable de flâner en laissant son esprit s’égarer. Il est déjà las de la promenade et trouve le temps long. Encore une demi-heure. A côté de lui sur le banc, il y a un journal qui ressemble au Courrier Parisien. Pensivement, il le ramasse et l’ouvre au hasard. Et ce qu’il y trouve n’est pas vraiment conforme à ce dont il s’attendait.

En lieu et place des habituelles nouvelles parisiennes, la page qu’il lit révèle un dessin, une sorte de croquis en noir et blanc. Une caricature. Une légende grinçante sur le véritable quotidien de Gerhardt Lengefeld. Quoi d’autre ? Des appels à l’insoumission ?

Wilhelm referme le journal rapidement et ne peut s’empêcher de lancer un regard furtif autour de lui, comme un écolier craignant d’être surpris à quelque bêtise. Mais qui a laissé traîner ça là ? L’Allemand repose le journal sur le banc, là où il l’avait trouvé. Ou peut être devrait-il le prendre avec lui pour empêcher que ce genre de papier ne tombe entre les mains de naïfs Parisiens. Il le regarde avec suspicion, comme s’il était susceptible de s’ouvrir de lui-même et de révéler son contenu aux quelques passants. Wilhelm le reprend à nouveau. Non, mieux vaut le laisser à sa place. Il va le reposer… mais trop tard, on vient.


C'est liiiibre, il peut se passer n'importe quoi, Résistants, Parisiens, Allemands, veneeeeez !
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Joseph Colombel
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MessageSujet: Re: Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]   Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE] Icon_minitime1Jeu 27 Avr - 19:27


Du désert de bitume

Wilhelm Feigel & Joseph Colombel


Enfin le ciel brumeux s'était retiré des toits parisiens, comme la marée qui recule en laissant tout de même quelques colifichets visqueux sur le rivage. Dix jours de pluie dégoutante et de filets d'algues célestes avaient accablé les habitants de la capitale, mais aujourd'hui, enfin, le ciel avait pris de la hauteur et une coloration plus heureuse. Cet "enfin" soulevait le cœur de Joseph qui, rendu maussade par le mauvais temps automnal, avait vécu prostré chez lui, rideaux tirés, à peine égayé par la visite de Louis trois jours auparavant, et resté sourd à chacune de ses incitations à sortir prendre l'air. « Quel plaisir aurais-je à me tenir voûté sous un parapluie, marchant à grands pas ridicules pour éviter les flaques, et forcé de hurler à travers les bourrasques dans l'espoir que tu saisisses une bribe de ce que je te dirais ? Non, vas-y toi, je suis mieux ici », avait-il grommelé en désignant la porte d'un air triste et résigné d'enfant malade. Et Louis l'avait donc laissé, non sans avoir d'abord obtenu de lui la promesse qu'ils dîneraient ensemble à l'extérieur, dès que le temps serait redevenu plus clément.

Il avait donc été convenu ce matin-même, par brèves missives échangées, que ce jour serait celui où Joseph Colombel quitterait sa sombre retraite pour marcher au soleil. Il y avait eu débat, car les goûts de luxe de Louis (dont il se défendait à corps et à cris, mais de luxe tout de même) l'avaient poussé à suggérer le restaurant d'il ne savait plus quel hôtel bien trop guindé, ce à quoi Joseph avait rétorqué qu'un de ces jolis sièges verts du Jardin du Luxembourg serait préférable à tout fauteuil capitonné de velours tapageur, du moins pour aujourd'hui. En dépit de ses fanfaronnades, Louis avait été élevé par des parents issus de l'ancienne aristocratie, et, comme tout sang bleu, il serait prêt à vendre père et mère pour obtenir ce qu'il considérait, au fond, comme lui revenant de droit : la meilleure place, où qu'il se rende. Et pourtant, cette meilleure place, il l'abhorrait. Les conversations dociles et insipides des gens de sa classe l'ennuyaient à mourir, et ce depuis toujours. Paradoxe des enfants bien nés ! Quoiqu'il en soit, Joseph l'avait convaincu, et c'est avec plus d'une heure d'avance qu'il arriva au lieu du rendez-vous. La raison de cette hâte ? Un certain écœurement des boulevards, qui lui avait fait presser le pas dès son entrée dans le Quartier Latin. Il avait oublié, en tant que reclus temporaire, l'horreur de la circulation parisienne depuis que... Depuis que tout était devenu horrible, en somme. Certes, les cafés n'étaient pas encore combles à cette heure de la matinée, mais est-ce que les pauvres consommateurs de boissons chaudes en terrasse étaient vraiment les êtres les plus dérangeants dans le paysage ? Certainement pas. Toute cette activité morose, tout ces bruits, et même la vue des uniformes des Allemands quelquefois (trop souvent), tout ceci accaparait soudain l'esprit du promeneur le mieux intentionné pour lui rappeler que Paris n'était plus ce lieu d'enchantement, de beauté et de contemplation qu'il avait pu être quelques années auparavant. Paris n'était plus. Voilà tout. C'était un monde famélique, en décomposé, qui se mouvait par à-coups désespérés et sans jamais réussir à faire sens. Inconsciemment, et peut-être pour se calmer tandis qu'il remontait le boulevard Saint-Michel au pas de course, il se récita du Rimbaud de circonstance, à voix sans doute moins basse qu'il le pensait, car un ou deux passants qu'il croisa en sens inverse fixèrent alors sur lui des regards interloqués (qui était donc cet énergumène pressé qui psalmodiait des paroles insensées ? devaient-ils se demander, les incultes) :
« Du désert de bitume fuient droit en déroute avec des nappes de brumes échelonnées en bandes affreuses au ciel qui se recourbe, se recule et descend, formé de la plus sinistre fumée noire que puisse faire l'Océan en deuil, les casques, les roues, les barques, les croupes, —La bataille !... »
C'est donc peut-être bien d'un véritable illuminé qu'avait l'air Joseph lorsqu'il franchit les grilles du Jardin du Luxembourg, une main serrée sur un quasi-point-de-côté, l'autre recoiffant sans y penser sa tête soudainement quelque peu échevelée, afin de recouvrer une allure plus digne et maîtrisée. Le calme, enfin ! s'écria-t-il intérieurement en empruntant l'une des allées latérales, tout à fait déserte.

Au bout de cinq bonnes minutes, il se rendit compte qu'il marchait tête basse, encore occupé par la vue désolante du Quartier Latin à la fois spectral et grossièrement bruyant. Il ruminait en fait des idées en rapport avec Honneur et Armée, comme à chaque fois qu'il était spécialement mécontent d'une situation extérieure. Cela lui donnait du courage et parvenait à l'apaiser au moins pour un temps. Le reste du temps, il arrivait assez bien à oublier qu'il était X4, dans une autre vie. Cette démultiplication forcée devait rapidement devenir une priorité pour les adhérents au réseau de résistance. Guillaume semblait particulièrement à l'aise avec cela ; pour Joseph, c'était un peu moins naturel. Peut-être que son sens aigu (d'autres diraient manichéen) du Bien et du Mal rendait l'entreprise particulièrement difficile. Mentir, c'était mal, cacher une partie de son identité aux yeux du monde, c'était mal. Etait-il quelqu'un de mauvais ? Ses collègues d'Honneur et Armée ne comprenaient pas ce genre de questionnements qui taraudaient Joseph. Ils étaient dévoués, entièrement et sans compromis, sans cas de conscience, sans désespoir aucun. Du moins, c'est l'air qu'ils se donnaient. Sait-on jamais quels doutes nagent dans les eaux profondes de l'âme de chacun ? se demanda-t-il en arrivant devant le bassin, dont l'onde noire se ridait sous l'effet d'une constante petite brise. Il sortit une cigarette de ses affaires (la seule qu'il s'autoriserait aujourd'hui, afin d'économiser celles qu'il lui restait), et, s'étant aperçu qu'il n'avait rien pour l'allumer, il se mit à guetter les promeneurs. Le plus proche était assis sur un banc, non loin, apparemment absorbé par la lecture du journal.
« Je vous prie de m'excuser, monsieur... » commença-t-il poliment alors qu'il était encore à quelques pas de distance.
Mais quelque chose sur le visage de l'homme, quand il leva la tête vers lui, fit regretter à Joseph de l'avoir dérangé. Il crut d'abord que c'était du mécontentement, mais, maintenant qu'il était juste devant lui, il constata que cela s'apparentait davantage à de la panique. Il faillit s'aplatir en excuses et s'éloigner dare-dare, sans vraiment comprendre pourquoi, quand son regard tomba sur le journal que le promeneur tenait à la main. Inutile d'être dans le bon sens pour en deviner le titre : il en connaissait déjà la couverture, c'était Le Réveil ! Le sang de Joseph se glaça dans ses veines. Un débat, il y avait déjà plusieurs mois de cela, avait opposé Joseph à Thibaud Pelletier : il avait toujours pressenti que ce satané journal leur poserait des problèmes, et voilà que les circonstances lui donnaient raison ! De deux choses l'unes : soit cet homme était un sympathisant, mais il était hors de question d'échanger le moindre mot à propos de la résistance au milieu d'un jardin public, soit il était hostile à la résistance et tenait ce papier par mégarde, auquel cas il était encore mois question de rester là pour badiner. Tout ce dilemme intérieur, heureusement, ne transparut nullement sur les traits de Joseph, qui se contentait de froncer les sourcils. Cela aurait pu être interprété comme de la confusion, voire comme une colère contenue face à la lecture de l'homme. A présent, il fallait dire quelque chose pour débloquer cette affreuse situation. Quelque chose qui ne le compromettrait pas, surtout pas. Mais quelque chose de suffisamment courtois pour ne pas passer pour un malotru, ou, pire, pour un collabo, si finalement cet inconnu s'avérait être un ami. Avec un air neutre dont il ne se serait jusqu'alors jamais cru capable, il se contenta de constater à mi-voix :
« C'est un objet dangereux, que vous avez-là, monsieur. »
Ce qui, au fond, ne l'engageait à rien, car l'interlocuteur pourrait interpréter ces paroles comme bon lui semblerait, en fonction de ses propres convictions. Bien qu'il pensait s'être correctement exprimé, une sueur froide continuait de lui glacer le dos, et l'envie de prendre ses jambes à son cou ne l'avait pas quitté.

© Codage par Vent Parisien — Citation de Rimbaud




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MessageSujet: Re: Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]   Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE] Icon_minitime1Ven 28 Avr - 0:19


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L'histoire d'une double méprise [feat LIBRE!]





Reposer le journal, et courir le risque qu’un inconnu le ramasse. Le garder, et être vu avec ce torchon dans les mains. Les deux situations n’avaient rien de séduisant pour l’Allemand qu’était Wilhelm. Quoi qu’il en soit, il n’aurait pas le loisir de prendre une décision mûrement réfléchie, car le nouveau venu avait déjà atteint le banc, lui laissant juste le temps de rouvrir le journal et de plonger les yeux entre ses colonnes. Wilhelm ne lisait pas les lignes serrées; son regard glissait entre les mots comme s’il ne parlait soudainement plus le français. Il ne regardait pas davantage l’inconnu jusqu’à ce que celui-ci lui adresse quelques mots de convenance. A ce moment, il fit mine d’être surpris, tout absordé qu’il était dans la lecture des nouvelles parisiennes. Il n’alla pas jusqu’à mimer un sursaut pour parfaire l’effet, mais presque. Il faut dire que tout cela n’était pas très calculé, contrairement aux habitudes du coordinateur de la propagande cinématographique qui se plaisait ordinairement à jouer au comédien; et en levant les yeux, il ne put dissimuler l’éclair d’effroi qui les traversa sans doute à cet instant, et qui trahissait ses doutes quant à l’issue de cette situation. Celui qui avait parlé l’a fait d’une voix grave, mais claire; d’un ton poli, mais sûr de lui. Il ne demandait la permission de s’asseoir que par courtoisie et se projette déjà quelques secondes plus tard, quand il serait effectivement et en toute légitimité assis à l’autre bout de ce banc, à une distance respectable de son voisin qui, français ou allemand, ne recroiserait probablement jamais son chemin. Mais pourtant, cela ne se passa pas exactement ainsi. Un grain de sable s’était glissé dans l’engrenage de la courtoisie parisienne; celle-ci soupçonnait l’anormalité de cette situation en apparence banale et avait décidé de se rebiffer. La phrase s’interrompit. Silence. Un silence qui sembla durer plusieurs minutes; ce n’étaient pourtant probablement que quelques secondes qui s’écoulèrent alors que l’Allemand retenait son souffle.

Un homme assez grand, brun, l’air assez jeune - du moins plus que Feigel -. Un visage sérieux, voire sombre - à moins que ce ne soit tout simplement l’incertitude du moment qui se dépeignait sur ses traits soucieux ? Il avait suspendu sa phrase et restait debout, comme si ce qu’il avait vu et, sans doute, reconnu, l’avait dissuadé de s’asseoir comme il le projetait sans doute en venant jusqu’ici. Ces quelques secondes de silence - combien ? oh, si peu: deux, trois, tout au plus - trahissaient sa connaissance de cette presse clandestine. Mais à partir de ce constat, les conclusions possibles étaient multiples, et la phrase que l’inconnu prononça ensuite n’aida pas Wilhelm à se faire une idée de l’identité du personnage qui lui faisait face. Une phrase évasive, presque songeuse, dite sur un ton d’une légèreté déconcertante. Effectivement, il connaissait ce journal. Il l’avait apparemment reconnu du premier coup d’oeil.

Mais cela ne prouvait rien. Certes, il y avait bien des gens qui s’obstinaient à griffonner ces feuillets qui circulaient sous le manteau, et d’autres qui les lisaient avec régularité et avidité. Mais un honnête collaborateur, ou un Parisien moyen pouvait tout aussi bien être au courant de l’existence de ces papiers, voire en avoir une fois tenu un dans ses mains, sans souscrire le moins du monde aux inepties qui y étaient rapportées. Et s’il avait affaire à un Allemand dont l’accent s’était estompé au fil des années passées ici, et qui était en ce moment même en train de jubiler, certain d’être tombé par hasard sur un résistant imprudent ? De toutes ces possibilités, Wilhelm Feigel ne savait pas laquelle était la moins embarrassante. Il fallait croiser les doigts pour qu’il s’agisse d’un simple Parisien qui se contenterait de repartir perplexe et qui, le soir venu, raconterait à sa famille l’étrange histoire de l’inconnu à l’accent allemand qui lisait la presse clandestine au beau milieu du Jardin du Luxembourg.

Les vers de Rilke s’étaient évanouis devant l’incongruité d’une situation dont Feigel risquait de perdre le contrôle s’il ne réagissait pas un peu plus vite à la remarque énigmatique du nouveau venu. Sans quitter l’homme du regard et en tentant de dissimuler le plus possible cette légère déformation des consonnes caractéristique de l’accent germanique, il répondit sur le même ton:

« Vous le connaissez donc ? »

La réponse était tout aussi ambiguë que la phrase du Français présumé. Dangereux. Mais dangereux pour lequel des deux ? D’un côté, Feigel n’avait pas la moindre envie de tomber sur un véritable résistant ici et maintenant. Il doutait de sa propre capacité à parvenir à ses fins - c’est-à-dire l’arrestation de l’opposant, sans doute - à un contre un, et redoutait la fuite d’un ennemi qui ne manquerait pas de revenir à la charge plus tard… Le directeur de la Continental savait frapper par derrière; mais il manquait cruellement de courage pour ce qui était d’un éventuel face-à-face. D’ailleurs, son rôle ici n’était d’arrêter personne, il y avait la Schutzstaffel pour cela, n’est-ce pas ? Mais de l’autre côté, la perspective de jouer les héros ne lui déplaisait pas. S’il avait vraiment devant lui un Français d’une loyauté douteuse envers les Autorités, alors il sentirait peut-être grandir en lui cette joie maligne, le plaisir d’avoir devant soi quelqu’un qui n’est pas dans son droit et se trouve, en conséquence, en position d’insécurité. La question était de savoir si l'homme, Français ou non, avait perçu l'accent allemand.

Et tout à ces quelques pensées qui lui traversaient l’esprit, Wilhelm Feigel assortit sa question de ce qu’il espérait être un regard entendu, alors qu’il ignorait toujours l’identité de son interlocuteur. Si celui-ci ne dissipait pas l’ambiguïté rapidement, alors cet embryon de dialogue risquait fort de se muer en terrible quiproquo.


HRP: Avec plaisir ! L'échange promet d'être insolite ^^ Désolée, je ne te donne pas beaucoup de matière, mais je voyais mal Willy tenter de camoufler son accent en se lançant dans un long discours x,)
Et sinon, Willy parle très bien français, mais je te laisse décider si vous accent est décelable ou pas :P
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Joseph Colombel
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MessageSujet: Re: Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]   Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE] Icon_minitime1Mer 10 Mai - 13:26


Du désert de bitume

Wilhelm Feigel & Joseph Colombel


Pourquoi fallait-il qu'il ait choisi de s'adresser au seul promeneur ici présent qui avait eu l'idée absurde de s'encombrer de tels papiers ? Joseph ne croyait ni au hasard ni à la fatalité, mais il ne savait trop quel nom donner à ce guignon incontestable qui semblait trotter ridiculement derrière lui depuis qu'il avait quitté sa demeure. Ceci dit, et sans aller jusqu'à faire preuve de désinvolture, il s'encouragea intérieurement en songeant que cet incident pouvait se clore rapidement si chacun des deux partis était disposé à ne pas vouloir en découdre. Vous direz, lecteur, que Joseph aurait pu simplement faire semblant de ne pas reconnaître le moins du monde Le Réveil. Certes, répondrons-nous, hélas monsieur Colombel ne pouvait pas mentir si son mensonge n'avait pas l'air d'une moitié de vérité. Et s'empêcher de poser les yeux sur ce journal qu'il avait reconnu pour poursuivre un semblant de conversation mesquine avec cet étranger était au-dessus de ses capacités : son visage serait devenu cramoisi, des trémolos auraient commencé à hachurer ses paroles, ses yeux se seraient mis à papillonner sottement, bref, il aurait eu l'air ou d'un imbécile ou d'un coupable. Depuis plusieurs mois, il avait donc pris le parti, risqué mais efficace, d'être toujours sincère comme il savait si bien l'être, mais jusqu'à un certain point seulement. Etonnamment, le gens faisaient d'ordinaire confiance à ces deux yeux noirs, profonds et sérieux, et à cette mine qui ne souriait que doucement, comme pour ne pas empiéter sur les émotions de l'interlocuteur. Cependant, les yeux de l'étranger, eux, le sondaient en contre-plongée d'une manière qui en d'autres circonstances aurait semblée impolie, mais qui ici pouvait éventuellement se justifier. Aussi Joseph sentit-il qu'il était temps de répondre à la question, posée d'un ton, soit dit en passant, moyennement aimable et passablement suspicieux.
« Je sais qu'il existe, répondit-il en hochant sobrement la tête, mais en l'occurrence, je l'ai reconnu pour ce qu'il n'était pas. »
A ces mots, il tira de la poche de son manteau quelques feuilles qu'il avait roulées sur elles-mêmes : il s'agissait du Courrier Parisien. Il avait été bien inspiré en se le procurant ce matin. D'ailleurs, il achetait et lisait très régulièrement ce ramassis de mensonges éhontés, car, selon lui, il fallait toujours se tenir au courant de ce que le gouvernement souhaite que l'on sache. De la même manière, les Allemands seraient bien idiots de ne pas lire les quelques exemplaires du Réveil qui entraient par erreur en leur possession. C'était aussi pour cette raison précise que Joseph avait exprimé des réticences à l'idée qu'Honneur et Armée publie un journal clandestin. Une fois diffusés, qui sait entre quelles mains tombent de tels papiers... En fait, il y avait mille bonnes raisons de craindre les retombées de la publication de ce journal. Mais, sur ce terrain, Joseph n'avait pas obtenu gain de cause, et Le Réveil était bel et bien né.
Joseph se repassait intérieurement les quelques mots prononcés par son interlocuteur. Il y avait quelque chose qui n'allait pas, mais il était incapable de savoir si cela venait de son intonation, de son laconisme ou simplement de son visage qui faisait montre d'un hermétisme presque inquiétant. Dans ce climat nouveau où chacun jaugeait l'autre pour découvrir un éventuel ennemi, il n'était pas si surprenant que cet homme se montre prudent face à Joseph. Pourtant, "prudence" n'était pas vraiment le mot : quelque chose d'insaisissable chez cet homme relevait davantage de l'engouement que de la crainte. C'était relativement stressant. Malheureusement pour lui, monsieur Colombel était un être de sang froid, et, pour être plus précis, le plus grand calme était excité chez lui par ce genre de comportement froid et un brin autoritaire : qu'importe, si c'était ce que l'homme souhaitait, alors ils pourraient bien continuer à se regarder en chiens de faïence jusqu'à midi, ce n'était pas Joseph qui flancherait ! Après tout, se rappela-t-il, il était celui des deux qui était dans son bon droit ; ce n'était pas lui que l'on venait de surprendre avec une lecture douteuse. Réfléchissant rapidement, il songea que n'importe quel "bon citoyen" chercherait à en savoir plus. Il rangea le Courrier Parisien dans sa poche, avant de faire remarquer d'une voix doucereuse :
« Par ailleurs, et sans vouloir vous paraître brutal, monsieur, je dois dire que c'est aussi votre mine qui m'a indiqué la nature de ce papier. »
Brutal, Joseph ne l'était pour ainsi dire jamais. Morose et pessimiste, cela pouvait lui arriver. Mais discourtois et querelleur, non. Cet homme, qui ne daignait toujours pas se présenter ou du moins prononcer plus de cinq mots, jouait à se montrer énigmatique, soit. Aussi Joseph n'ajouta-t-il rien de plus jusqu'à ce que celui-là veuille bien ou s'expliquer ou désamorcer la situation. Parallèlement, l'idée qu'il fût Allemand, peut-être, coexistait à l'esprit de Joseph avec le désir de s'éloigner d'ici le plus vite possible. Mais non : il resta debout devant lui, calme en surface, parce que désormais, prendre la tangente serait interprété comme un signe de malaise, et l'on sait que pour eux, il n'y a qu'un pas entre le malaise et les aveux de trahison.

© Codage par Vent Parisien — Citation de Rimbaud



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MessageSujet: Re: Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE]   Et de temps en temps un éléphant blanc. [RP LIBRE] Icon_minitime1Lun 29 Mai - 23:04


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Wilhelm Feigen avait encore beaucoup de temps avant son rendez-vous. C’est que depuis l’arrivée du mystérieux inconnu, les secondes passaient singulièrement lentement. Il n’y avait pas deux minutes qu’il était là… et pourtant, le moment était comme suspendu depuis la phrase fatidique. L’homme était resté debout devant le directeur des services de propagande cinématographiques parisiens, et la rencontre banale entre deux promeneurs était en train de se muer en un face-à-face dangereux. Le Français, l’Allemand. Le premier avait visiblement adopté la même stratégie que le second en contournant le problème. Il s’agissait de ne pas révéler trop tôt les cartes de son jeu. Il fallait le comprendre: il pouvait être un collaborateur convaincu qui pensait se trouver face à un dangereux résistant. Ou un Français un peu trop averti des moyens de subversion de la société parisienne pour être complètement honnête, et qui soupçonnait que son interlocuteur pût être un occupant, ou un potentiel délateur. Ou encore un ami, mais comment savoir ? Les réseaux devaient être fort cloisonnés. La situation devenait compliquée, si l’on y songeait un instant.
En attendant, que faire face à une réponse vague ? Rester soi-même évasif.

« Je vois. »

Une inflexion sur le « je », l’ombre d’un « chhhh » qui laissait soupçonner l’accent germanique, parlerait peut-être à une oreille avertie. Mais qu’importait ? Si la conversation s’éternisait, sa nationalité ne pourrait demeurer longtemps cachée. Son statut non plus… sauf s’il décidait de mentir. Feigel s’aperçut soudain qu’il tenait toujours le papier sur ses genoux. Il en tourna les pages d’un air faussement intéressé, jusqu’à en trouver le nom. « Le Réveil ». Il n’avait encore jamais eu l’occasion de lire ce qui se disait dans ces cercles de rébellion. Pourtant, il devait s’en trouver quelques exemplaires à la Propaganda, si Krebs, le responsable de la propagande dans la presse, se souciait des positions de l’ennemi. Quel portrait y faisait-on donc de son peuple ? Feigel  n’avait jamais pensé à aller fouiner de ce côté-là. Cela ne l’intéressait pas fondamentalement, mais la lecture pouvait s’avérer amusante, en s’armant d’un peu d’ironie et d’autodérision, dont le directeur de la Continental n’était pas tout à fait dénué.

Le Français ajouta des paroles un brin provocatrices. Quand on prend des précautions oratoires comme celles-ci, c’est souvent pour introduire des sous-entendus incisifs qu’il vaut mieux enrober d’un peu de politesse. C’est pourquoi les phrases débutant par « sans vouloir… », « au risque de vous paraître… », ces phrases avaient tendance à éveiller chez Wilhelm un fond de méfiance à l’égard des propos de son interlocuteur. C’est qu’à force de négociations et de contacts avec des personnes à responsabilités, l’Allemand était passé maître dans l’art de la manipulation rhétorique. Ce qu’il faisait aux autres ne fonctionnaient pas toujours pour lui. Mais le soupçon à peine voilé dans les paroles de son interlocuteur lui parut tout à fait cocasse; il s’esclaffa, et son rire discret était presque sincère.

« Vous me soupçonnez ? » lança-t-il, joueur. « C’est vrai qu’un Allemand en possession de… » Comment s’appelait ce torchon, déjà ? Il y jeta un coup d’oeil rapide. « …du Réveil, c’est assez louche, n’est-ce pas ? »

Bas les masques. Puisqu’il ne pourrait pas cacher plus longtemps son accent et sa maîtrise imparfaite de la langue, autant l’assumer. D’ailleurs, cela ne prouvait rien quant à ses intentions. Enfin, sans doute que si, un peu. Les chances de tomber sur un Allemand jouant un double jeu étaient sans doute très réduites. Mais les dés étaient jetés.

« Je ne sais que dire pour m’innocenter ! »

Voilà que les rôles se renversaient à nouveau et que Feigel se prenait au jeu. Puisant dans des ressources d’improvisation théâtre qu’il ne soupçonnait pas, il poursuivit d’un air songeur:

« "Le Réveil". C’est que ça a plus d’allure que « Le Courrier Parisien », non ? Plus de souffle épique ! »

Pris dans ce jeu enthousiaste et odieux, il posa le journal au milieu du banc, à sa gauche, et esquissa un sourire indescriptible. Au delà du journal était laissé un grand vide sur le banc. Le Français était toujours debout, comme figé dans une posture neutre mais courtoise. Il était calme, sa stature imposante; il semblait plus grand que Wilhelm. Le genre d’homme que l’on écoute quand il prend la parole, d’une voix forte et claire. Le directeur de la Continental lui désigna la place vide à sa gauche, avec un sourire emprunt d’une fausse cordialité.

« Mais ne vouliez-vous pas vous asseoir ? »

A croire que l’Allemand venait de se convaincre qu’il ne courait personnellement aucun danger dans cette histoire, ou presque. Alors que l’autre… tout dépendait de quel côté il était. Mais quoi qu’il en soit, cette demi-heure qu’il avait à tuer était en train de se transformer en une anecdote qu’il raconterait sans doute avec amusement à certains ses collègues, quelle que soit l’issue que cela prendrait.

« Vous m’intéressez. Je pensais en être l’un des seuls lecteurs. Les Parisiens sont-ils aussi assidus que moi? »

Quelle fausseté ! Qu’importait. Raisonnement par l’absurde, bluff, tous les moyens étaient bons. Le tout était d’arracher à son interlocuteur un peu plus de paroles que celles qu’il avait jusque là eu la bonté de lui accorder. Après tout, dans une situation si atypique, n’importe quelle réponse pouvait se révéler passionnante. Et s’il s’agissait d’un honnête Français, alors peut-être aurait-il quelque chose d’intéressant ou de croustillant à lui révéler sur ce papier. Après tout, il le connaissait, même si cela se réduisait à « savoir qu’il existe ». Restait à savoir ce que cela cachait.  Et si cela ne cachait rien ? Bah, on pourrait toujours parler littérature.



Hum, désolée, je commence déjà à laisser traîner mes réponses >_<
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