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 Un quiproquo à rendre parano. [JULES]

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Simone Gauthier
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Un quiproquo à rendre parano. [JULES] LAzeZ5g
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PAPIERS !
■ religion: De tradition catholique mais ne pouvant se qualifier de religieuse, Simone se dit agnostique.
■ situation amoureuse: Célibataire et repoussant toujours le mariage.
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MessageSujet: Un quiproquo à rendre parano. [JULES]   Un quiproquo à rendre parano. [JULES] Icon_minitime1Jeu 6 Juil - 13:01

Tous les jeudi soirs depuis un mois et demi. Simone était-elle tombée sur la tête ? Vraisemblablement pas. Et pourtant, elle n'ignorait rien des risques qu'elle encourait à se glisser tous les jeudi soirs depuis un mois et demi dans l'ombre du Cabaret Au Paradis. Avant, elle ne s'autorisait ce plaisir qu'une fois tous les mois, voire tous les deux mois pour ne pas éveiller les soupçons des habitués des lieux. Mais était-ce le poids suffocant de la culpabilité, l'étau oppressant de ses mensonges ou l'étreinte malsaine du lieutenant Müller qui plongeaient Simone dans cette dépendance à l'amour ? Simone qui se réveillait seule dans les draps froids de sa mansarde parisienne ou dans les draps poisseux qu'elles partageait avec Mathias dont suintaient la cruauté, la vulgarité et la violence. Simone avait terriblement besoin d'amour. Dès le vendredi matin, elle ne pensait qu'à la semaine suivante alors elle pourrait apaiser ses lèvres brûlantes par un baiser langoureux et réchauffer son corps frissonnant par des caresses tendres. Alors tous les jeudi soirs depuis un mois et demi, Simone bravait tous les dangers pour goûter au plaisir inavouable de l'amour.

Bien sûr, elle était discrète, elle s'asseyait toujours à une table au coin de la scène, à l'abri des lumières tamisées, là où les hommes ne pouvaient pas la voir mais où elle pouvait voir les filles. Elle ne faisait pas le moindre bruit, n'applaudissait jamais à la fin du numéro et ne commandait rien au serveur. La jeune femme attendait sagement dans l'ombre, elle savait qu'elle ne perdait jamais rien à attendre. Car lorsque les lumières faiblissent et que la salle se vide, une fille magnifique vient la prendre par la main et l'emmener dans un petit salon derrière la scène. Alors Simone se laisse aller à l'amour et ne repart qu'à l'aube, le cœur suant de passion.

Mais bien sûr, rien ne pouvait être aussi simple que s'asseoir dans l'ombre, faire l'amour et repartir sans la moindre préoccupation. Ce qui tendait à préoccuper Simone ces derniers temps c'était ce serveur. Un gus qui semblait avoir la ferme intention de l'importuner. Il n'avait jamais fait attention à elle, à cette époque où elle ne venait au cabaret que très rarement et c'était pour le mieux. Mais depuis que ses visites se faisaient plus régulières, Simone sentait le regard lourd du garçon la fixer insistement, elle qui aurait préféré que personne ne la voie. Et depuis quelques temps, il semblait ne pas manquer une des visites de la jeune femme pour lui tourner autour, lui demandant sans cesse si tout allait pour le mieux, si elle désirait quelque chose à boire ou s'il pouvait faire quoi que ce soit pour elle. Ce à quoi elle répondait toujours grinçant entre ses deux pour ne pas se faire entendre de son interlocuteur "Que tu me foutes la paix.". La jeune femme ne savait pas bien cerner son petit jeu, à l'évidence il ne semblait pas très proches des autorités françaises et allemandes, fidèles clients du cabaret, qu'il ne semblait pas servir avec la plus grande amabilité. Mais alors bon sang, pourquoi ne pouvait-il pas cesser de l'embêter ? Dernièrement, le jeune garçon en était même venu à lui poser discrètement des questions visant à inquiéter la jeune femme, sous couvert professionnel toujours : "Vous attendez quelqu'un ?", "Etes-vous ici seule ?" ou encore "Ne souhaitez-vous pas vous joindre aux messieurs installés par ici ?" Pour Simone, il ne faisait aucun doute que le serveur voyait clair dans son manège seulement la jeune femme ne cessait de se demander pourquoi il ne l'avait pas dénoncé lui qui aurait pu le faire il y a belle lurette devant la belle clientèle du cabaret. Surement voulait-il quelque chose d'elle. De l'argent, cela ne faisait pratiquement pas le moindre doute dans l'esprit de Simone. Mais de l'argent, Simone en manquait, être informatrice ne payant pas beaucoup et ses romans ne lui rapportant pas un rond et aussi aisés, enfin ouverts d'esprit ses parents fussent-ils, la jeune femme savait qu'elle aurait du mal à leur présenter la situation pour demander de l'argent. Comment exactement pouvait-elle donc le faire taire ?

Jeudi, il était neuf heures. Un peu tôt certainement mais une longue nuit semblait attendre Simone. La jeune femme avait pris une résolution, ce soir elle ne laisserait pas ce rigolo de serveur l'importuner, elle lui ferait peur, elle le ferait taire, peut-être qu'elle le ferait même déguerpir de l'établissement ou prendre son jour de congé le jeudi. Simone était déterminée. Et alors, elle pourrait à nouveau ne plus se préoccuper que de l'amour et du désir qui enivreraient ses nuits dans la discrétion du cabaret parisien. Simone avait enfilé sa cape noire qu'elle portait toujours à l'occasion, même en été, pour disparaître comme une ombre dans la nuit. Il devait être neuf heures et quart quand elle poussa la porte du cabaret, il n'était pas très loin de sa mansarde au coin d'une rue passante de Montmartre. Moins d'une minute après qu'elle avait poussé la porte, Simone était assise à sa place habituelle, ne perdant plus une miette du spectacle des demoiselles qui dansaient et chantaient pour elle. Et elle déterminée, si on venait l'importuner, ce serait la dernière fois.
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Jules Dumas
Jules Dumas
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■ situation amoureuse: En théorie fiancé, en pratique plus proche du célibat
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MessageSujet: Re: Un quiproquo à rendre parano. [JULES]   Un quiproquo à rendre parano. [JULES] Icon_minitime1Sam 5 Aoû - 21:05

Le travail de serveur au cabaret n’était pas ce qu’il y avait de plus varié, ni passionnant. La tâche la plus périlleuse consistait à emmener du bar jusqu’à une table un plateau rempli d’alcool, ce qui dans l’absolu, et compte tenu des circonstances générales, était plutôt sûr. Aussi il compensait, question de principes – littéralement –, par quelques activités illicites mais morales, qui impliquaient notamment de laisser traîner ses oreilles, de s’entendre avec tous et surtout toutes – les danseuses à la vertu toute relative pouvaient être des mines de renseignements –, et ce en se montrant toujours discret. Sous couvert d’un gagne-pain qui consistait à se montrer le plus transparent possible afin de ne pas importuner la clientèle venue pour les belles jambes des filles plus que pour la compagnie des serveurs, Jules parvenait donc à payer son loyer tout en se montrant à peu près utile à la résistance.  
Mais ce n’était en théorie pas ce soir que la pêche à l’information serait exceptionnellement bonne. La salle était loin d’être bondée, tout au plus normalement remplie, et parmi les clients aucun galonné digne de grand intérêt. Mais bien qu’elle n’affiche pas de clinquante médaille sur sa poitrine il y avait tout de même cette blonde, assise bien à l’écart, que Jules n’avait pas manqué de remarquer. Ce soir il l’avait même presque attendue et s’était étonné de ne pas l’avoir vu arriver plus tôt. Mais pour ne pas avoir l’air de la guetter il laissa une bonne vingtaine de minutes passer avant de s’approcher d’elle, plateau à la main et sourire aimable aux lèvres, dans une attitude purement professionnelle. Et ce malgré ces dernières semaines où elle n’avait pas manqué de lui faire comprendre, en lui répondant toujours qu’elle n’avait besoin de rien, qu’elle souhaitait avant qu’on la laisse tranquille. Mais si le serveur aurait pu être découragé, le résistant, intrigué puis alarmé par un comportement pour le moins inhabituel, n’avait pas encore baissé les bras.

« Bonsoir mademoiselle. Est-ce que ce soir je peux faire quelque chose pour vous ? »

Ou est-ce qu’elle comptait passer la soirée sans consommer, ce qui d’un point de vue commercial n’était pas idéal – mais objectivement Jules se moquait bien qu’à terme le cabaret mette la clef sous la porte – et surtout ne faisait pas d’elle une cliente lambda. Déjà, être une femme ailleurs que sur la scène ou déambulant entre les tables n’était pas commun, alors en plus une femme qui passait sa soirée dans l’ombre, à attendre quelqu’un ou quelque chose dont Jules craignait toujours d’avoir manqué, cela devenait carrément louche. La semaine dernière il avait d’ailleurs quelque chose, ce qui l’avait tout sauf rassuré. Au contraire, ses soupçons étaient montés d’un cran, de sorte à ce qu’il soit ce soir décidé à en avoir le cœur net. Il était plus que temps. Ou au moins il se promettait d’essayer de tirer la situation au clair ! Car jeudi dernier, il en était persuadé, il l’avait entraperçue, rien qu’une seconde mais c’était bien assez pour semer le doute, en compagnie de Louise, une danseuse qui, en plus d’être la bonne humeur à l’état pur, informait à l’occasion Jules de ce qu’un officier avait pu lui confier sur l’oreiller. Or le lendemain matin, alors qu’elle ne cherchait en principe pas à cacher ses accointances, elle avait fermement nié avoir rencontré une quelconque blonde. Inutile de dire que les suppositions avaient aussitôt fusé dans l’esprit de Jules, qui n’avait pu s’empêcher d’imaginer le pire. Et si la blonde était une collabo de l’ombre et avait réussi à retourner Louise ? Alors est-ce que la danseuse avait déjà fourni le nom de Jules ? Sans doute pas. Car la semaine, bien qu’angoissante, s’était déroulée sans accro et même plutôt tranquillement. Peut-être que la blonde n’en était qu’à faire chanter Louise, qui n’avait pas encore craqué, ou bien avait divulgué de fausses informations. Auquel cas elle ne pourrait pas tenir ad vitae eternam… Ou peut-être était-ce le contraire ! Que Louise n’informait pas deux camps opposés mais simplement deux réseaux qui ne se connaissaient pas encore. Face aux deux possibilités Jules avait tenté de tirer des probabilités statistiques, sans grand succès. Mais encore, il ne s’agissait que de suppositions basées sur les quelques secondes seulement durant lesquelles il avait aperçu les deux femmes.
Aussi Jules supposait que ce soir encore il ne ferait rien pour cette mystérieuse cliente mais que cette fois ce serait peut-être elle qui pourrait quelque chose pour lui.  

« Nous avons en ce moment un excellent vin rouge en quantité limitée et réservé à nos fidèles clients, ordre de la direction. »

Clients qui en principe se voyaient flattés d’être considérés comme des habitués et ne manquait pas de débourser des sommes scandaleuses pour une bouteille toute droit venue du marché noir. Mais il se doutait bien que la jeune femme n’avait pas à cœur d’être remarquée, ni des autres clients ni des employés de l’établissement. C’était cependant là la manière, certes peu discrète mais il n’avait pas été formé pour mener subtilement l’enquête, que Jules jugeait la plus sûre pour lui rappelait qu’elle n’était plus ici incognito. Même s’il ne connaissait rien d’elle, en dehors du fait qu’elle était blonde, pas particulièrement aimable, avait ses soirées du jeudi libre et que durant au moins une elle avait rencontré une informatrice de la résistance. Ce qui faisait déjà beaucoup. Toujours l’air de rien, ou presque, Jules continua de vendre sa boisson.

« Il est en principe servi à la bouteille. Mais si vous n’attendez personne je peux faire une exception et vous en apporter un verre. »

Il se pencha légèrement et baissa la voix, même si personne ne pouvait les entendre, comme pour prendre le ton du secret.

« A moins que vous ne souhaitiez que j’aille informer quelqu’un de votre arrivée ? »

Après des semaines à traîner dans les parages il était temps de donner une explication digne de ce nom. Mademoiselle était donc poliment priée de broder le pourquoi du comment de sa présence ici. Sinon il serait temps pour lui d’en référer aux hautes instantes – soit à l’avis vaguement éclairé d’Elsa –  afin d’envisager ce qui devrait être fait contre cette femme qui définitivement était trop louche pour être honnête.
Bien conscient du danger de se montrer si direct mais surtout décidé à mettre les choses au clair, le serveur ajouta, avec un sourire faussement complice au coin des lèvres, un commentaire qui ne laissait pas la place au doute – enfin de son point de vue.

« Malheureusement Louise n’est pas là aujourd'hui, j’en suis désolé. »

Il avait bien remarqué qu’au moins une fois elle avait fait autre chose que rester bêtement assise à regarder un spectacle franchement pas conçu pour elle ! Et il se doutait bien que ce n’avait pas été l’affaire que d’une fois. Evidemment elle se contenterait certainement de l’envoyer promener, mais au moins il aurait désormais la certitude qu’elle travaillait pour quelqu’un, ce qui serait déjà un grand pas.  
Jules se redressa, jeta un œil autour de lui pour s’assurer que personne ne les observait – sans grande surprise la scène retenait plus l’attention que nos deux protagonistes – puis baissa de nouveau les yeux sur la cliente. Loin d’être un grand perspicace, ni particulièrement doué pour noter les détails d’expression du visage, il jurait cependant avoir remarqué une ombre passer sur celui de la jeune femme. Visiblement il avait mis le doigt sur quelque chose, ce qui manqua de le faire sursauter de fierté.
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