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 INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !

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Dédé la Truffe
Dédé la Truffe
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■ mes posts : 50
■ avatar : (c) Doisneau - avec la participation de Médor, mon fidèle caniche
■ profession : Poivrot...euh tenancier d'un bar.

PAPIERS !
■ religion: Le Bordeaux.
■ situation amoureuse: Dans une relation compliquée avec un verre de vin.
■ avis à la population:

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MessageSujet: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Dim 3 Fév - 20:33

Aux pavés, citoyens ! →
28 mars 1943


L'avis de Dédé

« C'est bien les parisiens, ça, sortir gueuler dans la rue en agitant des pancartes ! Y ont toujours fait comme ça, et y f'ront toujours si vous voulez mon avis ! M'enfin j'avoue que cette fois, c'est pas totalement une idée d'abrutis... La preuve, Dédé aussi il y est !
Moi j'suis parti du nord avec de copains et d'autres gens que j'connaissais pas. Y'en a plein d'autres, ils sont partis d'ailleurs et tout le monde s'est retrouvé sur la place. C'est beau tout c'monde. J'aime bien ce coin, avant la guerre, c'était tout animé...
Les Allemands ? Bah. On les a bien eu sur c'coup là, y'a pas à dire ! Y ont envoyé des hommes sur tous les cortèges, juste pour surveiller qu'ils ont dit. Y'a aussi les types de la Milice qui sont v'nus, histoire de pas s'laisser dépasser par les nazillons. M'enfin pour l'moment, on est tous là, on gueule mais ça va, y s'passe rien.
S'il va s'passe quelque chose ? Si vous voulez mon avis, ça m'étonnerait que tout ce p'tit monde reste tranquille. Les Boches, la population, tout ça... y'a p't'être des résistants dans le lot aussi ? Mon p'tit doigt il me cause souvent, et là il m'dit que ça sent l'roussi tout ça. Et mon p'tit doigt, il se trompe pas souvent... »

Rappels :

- L'intrigue se déroule le dimanche 28 mars 1943 et nous sommes en fin d'après-midi.
- Tous vos personnages peuvent s'y trouver pour des raisons diverses et variées.
- Faites des rp court : 600 mots en moyenne, une page word... bref, dans ces eaux-là.
- Les consignes détaillées sur trouvent sur ce lien.

A vous de jouer ! frenchflag
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 11 Fév - 0:39

Cela aurait du être une journée ordinaire dans les bureaux de la Gestapo, avec de la paperasse, des contrôles de routine, le tout avec un paquet de clopes bien entamé. En ce 28 mars, il n'y avait pas de repos pour les allemands, dimanche ou pas. Et c'est ainsi qu'en début de matinée, Eppensteiner s'était enfermé dans son bureau pour finir quelques papiers à remplir, avec consigne de ne pas être dérangé, sous aucun prétexte. Donc personne ne passa la porte, jusqu'à ce début d'après midi où la porte claqua, laissant apparaître Klaus Schnitzler, son supérieur. En un quart de seconde, Viktor quitta cigarette et plume pour se lever, droit comme un i.

« Standartenführer Eppensteiner ! hurla t'il
Ja, mein Oberführer ?
Les français sont dans la rue. Et ce n'est pas une réunion de trois mamies avec une pancarte pour du pain, c'est Paris qui est dans la rue ! Vous prenez vos hommes, et vous encadrez cette manifestation depuis le boulevard de la Villette, direction la Bastille !
Ja, mein …  »


Viktor n'eut pas le temps de finir sa phrase, où il ne faisait qu'acquiescer d'ailleurs, que Klaus refermait la porte et s'en allait. Il ne fallait pas perdre un instant ! Enfilant son manteau et sa casquette sur la tête, l'allemand prit son paquet de cigarettes dans la poche ainsi que son briquet et quitta son bureau, criant au rassemblement des hommes à réaliser dans la seconde. Tous les concernés quittèrent dans l'instant ce qu'ils étaient entrain de faire pour quitter les bureaux et attendre dehors que leur chef sorte à son tour. Il était hors de question de prendre le moindre véhicule, cela serait l'enfer pour circuler, puis le boulevard n'était pas loin. Dans Paris, on put voir un régiment de militaires allemands, membres de la Gestapo rejoindre la manifestation. Et en effet il y avait du monde, beaucoup de mécontents mais il était hors de question de se mêler à eux, les hommes encadrèrent la foule de part et d'autre, surveillant le moindre manifestant en quête d'un comportement suspect. Le premier qui ferait une connerie, il serait envoyé au trou, pas question de tolérer les insultes à l'encontre de l'occupant.

A Bastille, il y avait davantage de monde, c'était noir de monde ! C'était tout de même assez impressionnant, Viktor le reconnut au fond de lui. Mais hors de question de montrer quelconque signe d'émotion. Puis il était trop occupé à donner des ordres pour disperser ses hommes tout en faisant le tour de la place pour observer. Mais il n'était pas le seul à faire ça. C'était une rencontre au sommet entre le colonel-SS, un des chefs de la Gestapo, et le chef de la milice française. Heureusement, Matthieu Faivre était un ami, il était rare que miliciens et occupants allemands puissent s'entendre.

« Il était évident que toi aussi tu sois là ! Rien à signaler ? »

Il y avait des moments pour faire la causette et d'autres pour travailler. A cet instant, c'était le travail qui primait et Viktor ne put s'empêcher de regarder dégoûté cette foule.

« Quelle manie, vous avez les français de descendre dans la rue pour pas grand chose. Si seulement tout le monde était obéissant, tout irait mieux. Bande d'idiots. »
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 18 Fév - 22:11

Un peu d'air frais ne me ferait pas de mal. C'était l'une des résolutions que j'avais prise depuis la nouvelle année : sortir un peu. Ce n'était pas bon pour moi de rester cloitrée entre quatre murs. Je sortais de moins en moins depuis quelques mois. Les rares lieux que je fréquentais n'étaient plus que le bureau de Poste où je travaillais, l'école de mon fils et mon appartement. L'atmosphère de Paris me donnait l'impression d'étouffer. C'était surtout la présence constante des allemands qui me pesait. Je ne supportais plus de les voir tout autour de nous. Ils me rappelaient toujours la mort de Simon et le fait de me retrouver veuve si jeune. Je n'étais pas tranquille loin de chez moi. Un sentiment qui s'était accentué depuis qu'un individu s'était introduit chez moi en pleine nuit. Il n'était pas nécessaire de dire que je ne dormais plus que d'un oeil à présent. Même si l'individu en question s'était révélé être quelqu'un de bien, en l'occurrence un résistant qui essayait simplement d'échapper à une patrouille, je devais avouer que cette expérience ne m'avait pas rassuré. La facilité déconcertante avec laquelle il s'était introduit chez moi me faisait me dire que je n'étais en sécurité nulle part. Cette nuit-là, une personne aux bonnes intentions était entrée chez moi, mais cela aurait pu être n'importe qui d'autre. Un véritable soldat allemand ou un voleur comme je l'avais pensé au premier abord. Tout ceci n'avait fait qu'endurcir mes craintes et mes réticences à sortir de chez moi. Pourtant ce jour-là, j'avais décidé de me laisser convaincre. Blanche était venue sans prévenir à l'appartement et au fil d'une longue discussion avait fini par me convaincre de venir faire une promenade avec elle dans Paris. Cela faisait un moment que Baptiste ne l'avait pas vu et je ne pouvais refuser à la marraine de mon fils de passer un bon moment avec son filleul. J'avais alors cédée et étais sortie prendre l'air en compagnie de Blanche et de mon fils.

Finalement, la promenade s'avérait des plus sympathiques. J'étais heureuse de revoir Blanche dont je n'avais plus eu de nouvelles depuis un certain moment. Toujours aussi belle et radieuse, elle me paraissait pourtant plus fatiguée ou plus triste qu'à l'habitude. « Tu as moins bonne mine que la dernière fois. Est-ce que tout va bien ? » lui demandais-je en lui souriant gentillement. La question était presque rhétorique. La plupart des français avaient la mine grise depuis le début de la disette. Se rationner était devenu un parcours du combattant. Parlant de choses et d'autres, nos pas nous conduisirent rue de Charenton où un étrangement mouvement de foule se fit ressentir. Surprise par le soudain brouhaha environnent et le rassemblement qui se faisait autour de nous, je regardais Blanche d'un air inquiet. « Baptiste viens dans mes bras s'il te plait » ordonnais-je à mon fils en l'attirant vers moi. Celui-ci s'accrocha à mon coup sans discuter et je me rapprochais de Blanche en essayant de contenir un vif sentiment de malaise. L'oppression se faisait plus intense autour de nous et les slogans clamés par le peuple ne laissait aucun doute sur la nature de cette cohue. Paris était dans la rue pour manifester. Une manifestation. Événement au cours duquel Simon avait été tué quelques années plus tôt. Il n'en fallait pas moins pour me sentir en danger. « Blanche faisons demi-tour veux-tu » lui dis-je en me mettant devant elle pour l'inciter à reculer. Je tenais Baptiste plus que de raisons et n'étais pas décidé à le lâcher lui et Blanche.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mer 20 Fév - 3:55

-Aller quoi ! On va pas rester ici toute la journée, merde ! Pour une fois que j'ai congé avec l'autre débile... marmonna Enzo.

Comme approche pour décidé Cesare à venir faire un tour de Paris – ou plutôt des filles de Paris – avec lui, Enzo avait tout essayé. L'enthousiasme, le chantage, la fausse colère, la bouderie. Il en était donc réduit à l'apitoiement. Sa dernière carte. Il avait bien comprit que ça serait plutôt mal barré quand le corse avait mal réagit à son histoire sur cette fille du cirque d'hiver, une contorsionniste, qui pouvait faire n'importe quoi – et Enzo n’exagérait pas, il voulait vraiment dire n'importe quoi – physiquement parlant au lit. Cesare était bizarrement réticent. Pourtant, d'habitude, si, certes, il n'était pas le premier à sauter sur l'occasion car peut être un peu moins téméraire – ça sonnait mieux que stupide – qu'Enzo, il ne rechignait jamais devant une bonne idée, et aller se promener du côté de la Bastille. Les filles n'y étaient peut être pas les plus jolies, mais elles n'étaient pas trop mal non plus et pas trop difficile à emballer. Alors le Florentin ne s'en faisait pas trop là dessus. Il était persuadé que Cesare adorerait l'idée. Et l'autre se permettait de faire la fine bouche ! Non mais vraiment ! Cela confortait Enzo dans l'idée qu'il avait vraiment besoin de s'amuser un peu, le petit.

Ils étaient tous les deux à deux pas de la Bastille en plus, Enzo ayant envie de se changer les idées. Le service de Lecomte n'était pas vraiment difficile, mais il était vraiment un trouillard de premier ordre, totalement paranoïaque. Le jour de congé hebdomadaire du jeune italien avait sauté à plusieurs reprises, ces dernières semaines. Et il en avait assez. Alors ce jour là, plutôt que de signaler son départ, et se faire dire qu'en fait, non, il ne s'était tout simplement pas montré. Ce n'était pas vraiment très professionnel, et encore moins militaire de sa part, mais il n'en avait pas grand chose. La conscience d'Enzo, professionnelle ou personnelle, n'avait jamais vraiment voix au chapitre de toute façon.

-Arrête de faire la gueule, vraiment. T'es usant tu sais ça ? Guastafeste* !

Quand l'italien se mettait à marmonner dans sa langue naturelle, il y avait de quoi s'inquiéter, car cela signifiait rarement qu'il était content. Il sortit un paquet de cigarette, prit une blonde, et l'alluma, avant de remettre son paquet dans sa poche. Le tabac était rare, et seuls les militaires d'occupation en avaient autant qu'ils voulaient, mais puisque Cesare se faisait prier, il n'y avait pas de raison qu'Enzo lui fasse ce petit plaisir, tant pis pour lui. L'italien garda le silence quelques minutes, observant son ami du coin de l'oeil. Quel était le pourcentage de chances qu'ils se retrouvent à Paris alors que la dernière fois, ils s'étaient vus à Florence, et Enzo était dans de sales draps, un peu comme d'habitude. C'était Cesare qui l'en avait tiré, malgré le fait qu'il appartenait notoirement à la mafia florentine à l'époque, ce qu'Enzo détestait, lui, le petit voyou au grand cœur du quartier. Mais ce n'était pas le moment de se la jouer nostalgique. Le jeune homme exhala sa fumée et finit par lâcher :

-Que tu viennes ou pas, moi j'y vais. Mais tu vas le regretter, et tu le sais très bien. Je suis certains qu'il y en aura plusieurs comme tu les aimes... Je les embrasserai pour toi.

Ultime provocation un peu puérile. Mais personne n'avait demandé à Enzo d'être sérieux pour son jour de congé, que diable !!

*rabat-joie
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Sam 23 Fév - 19:06

    Ce devait être une journée comme les autres. Estelle s’était levée, était allée à Radio Paris pour travailler puis était rentrée chez elle, prétextant un mal de tête. Elle s’était changée, puis était partie pour aller place de la Bastille. Ce devait être une journée comme les autres. Ce devait… Estelle avait déjà participé à quelques rassemblements pour crier son mécontentement. La vie était de plus en plus dure : rationnements, interdictions multiples et variées, censure, disparitions… Les Parisiens ne pouvaient plus rien dire, ne pouvaient plus rien faire. Les Allemands régnaient en maître sur Paris. Mais ils semblaient avoir oublié que Paris était le berceau des révoltes, que les gueux autrefois y avaient fait entendre leurs voix. Les Parisiens s’étaient révoltés de nombreuses fois car, au fond, ne sont-ce pas eux qui décident de leur sort ? Les Allemands allaient l’apprendre à leur dépends et Estelle était bien décidée à participer à cette grande manifestation ! Elle en avait marre. Elle en avait marre de toujours devoir s’incliner face à ces officiers qui ne savaient pas ce que c’était que de supporter l’oppression. Il était temps qu’ils subissent la colère des Parisiens. C’est pourquoi, même si elle savait que c’était interdit, même si elle risquait beaucoup à participer à cette manifestation (dont la perte de son emploi), Estelle se rendit, en compagnie des personnes qu’elle avait rencontrées lors des précédents rassemblements, place de la Bastille. Ce grand rassemblement était prévu depuis quelques temps. On se chuchotait le lieu de rendez-vous et la date. On n’osait en parler trop fort, de peur que les autorités n’entendent les détails. Estelle n’en parlait pas à Radio Paris et même Nadège, son amie, n’était pas au courant de la participation de la speakerine. Cette-dernière risquait beaucoup : si des Allemands la reconnaissaient dans la foule, ils pouvaient la faire virer de Radio Paris et le sous-directeur, bien qu’il appréciât la jeune femme, ne pourrait rien y faire.

    Elle était heureuse de les retrouver. Les rassemblements auxquels elle avait participés étaient l’occasion pour elle de se défouler. La speakerine avait dorénavant envie de se battre. Elle voulait se venger de la disparition de Lucien, montrer aux Allemands qu’ils n’avaient pas la mainmise sur Paris contrairement à ce qu’ils croyaient. Alors qu’ils marchaient en groupe jusque la place de la Bastille, ils crièrent quelques revendications, dans une sorte d’échauffement avant le grand rassemblement.

    Puis ils arrivèrent place de la Bastille. C’était impressionnant. La foule était au rendez-vous. Estelle regarda autour d’elle : des officiers devaient sûrement être là. Des miliciens se trouvaient peut-être dans la foule. Si un soupçon de peur envahit la speakerine, il disparut rapidement. Elle rejoignit la foule et se sentit prête à commencer cette manifestation, qui promettait un bon moment de cohésion ! Alors la foule se mit à scander des slogans comme un seul homme. C’était comme si les nombreuses voix n’en formaient désormais plus qu’une. Estelle se mit à crier elle aussi, de toutes ses forces, comme si sa vie en dépendait.

    Ce devait être une journée comme les autres. Mais il était certain que ce dimanche 28 mars de l’année 1943 ne ressemblerait à aucun autre jour…

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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Ven 1 Mar - 22:32

La jeune femme roula sur le lit et vint poser sa tête sur le torse nu de Matthieu qui fumait tranquillement sa cigarette. Elle prit la tige d'entre les doigts du milicien pour en prendre une bouffée avant de la lui rendre, et soupira.

-Tu pourrais venir plus souvent ! Et j'attends encore cette soirée que tu m'as promise. Etre présentée à tout le gratin.

Matthieu sourit, amusé, avant de lui caresser les cheveux, et détourna la tête. La petite était naïve au possible. Le chef de la milice l'avait rencontré quelques mois plus tôt. Danseuse aux Folies Bergères, elle rêvait de gloire et de paillettes. Comme beaucoup d'ailleurs. Et il n'avait pas été très difficile au jeune homme de la voir finir dans ses bras et dans son lit quand elle avait comprit le poste important qu'il occupait. Un amant influent n'était jamais à négliger. Pourtant, des deux, Matthieu était celui qui menait la danse. Il lui avait plus ou moins conté monts et merveilles, pour avoir le plaisir de voir la porte de sa chambre s'ouvrir à chacune de ses visites. Elle n'avait jamais semblé s'en plaindre, sauf quand elle faisait quelques réflexions comme celle-ci de temps à autre. Tout aussi vite oubliées. Matthieu finit tranquillement sa cigarette et était prêt à un second round avec la jeune femme, ce qui ne semblait déplaire à aucun des deux, quand la porte s'ouvrit à la volée sur un uniforme noir visiblement affolé.

-Monsieur, je... pardon... enfin...

-QUOI ? Aboya son chef en levant les yeux au ciel.

-Un message vient d'arriver du quartier général. Il y a une émeute à la Bastille. La population s'est rassemblée pour protester et...

-C'est pas vrai, siffla Matthieu entre ses dents.

Poussant sa maîtresse sans ménagement, il écarta les draps, et s'habilla rapidement, avant de quitter les lieux sans un salut pour la jeune femme, qui ne savait probablement pas quand elle le reverrait, et
Matthieu ne savait pas non plus s'il reviendrait à vrai dire.

-Le poste de commandement nous envoi des hommes, les allemands seront là bas aussi. Les ordres sont apparemment de contenir tout débordement.

Matthieu lui arracha l'ordre de mission des mains et le parcouru rapidement.

-Il serait plus simple de rafler tout le monde, marmonna-t-il.

En grimpant dans la voiture, son bras l'élança. L'ancien policier grimaça en s'installant à sa place. Il fallait que cette foutue vieille blessure se fasse ressentir au moment le moins opportun comme d'habitude. Le trajet jusqu'à la Bastille ne se fit pas sans mal. A grand coup de klaxons, de cris, et de piétons curieux évités, ils réussirent à se frayer un passage. Matthieu prit sa casquette, et lissa ses cheveux d'une main avant de la mettre, tout en sortant du véhicule. Il se dirigea vers les officiers allemands avec lesquels il échangea quelques mots, avant qu'une voix qu'il connaissait ne l'interpelle :

-Il était évident que toi aussi tu sois là ! Rien à signaler ?

Matthieu se retourna et reconnut Viktor Eppensteiner. Un officier SS avec qui il avait sympathisé quelques temps plus tôt. Les deux hommes se saluèrent d'un mouvement de tête.

-Rien de nouveau, à part ça... Matthieu avait désigné la foule d'un air agacé.

-Quelle manie, vous avez les français de descendre dans la rue pour pas grand chose. Si seulement tout le monde était obéissant, tout irait mieux. Bande d'idiots.

Le français haussa les épaules aux remarques de l'allemand.

-Si c'était si facile, la conquête en serait moins glorieuse, n'est ce pas ce qu'on vous apprend dans vos écoles militaires ?

Matthieu s'alluma une nouvelle cigarette, et en proposa une à Viktor, avant de ranger son étui.

-Regardes-les, à croire qu'ils ne se rendent pas compte que ce qu'on fait, c'est rendre le pays plus habitable. Ils devraient nous en être reconnaissant et non pas faire les imbéciles de la sorte.

Il y en avait vraiment pour tous les âges dans cette foule...
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mer 6 Mar - 1:30

Quand on a passé quelques heures dans les geôles peut engageante de la Gestapo alors qu'on avait rien à y faire, et qu'on n'a pas la force morale pour s'en remettre vite, sortir dans Paris pouvait relever du miracle. Et c'était un peu ce que Blanche avait l'impression de vivre à l'instant présent. Toutes les trois minutes, elle tournait la tête, pour s'assurer qu'aucun uniforme vert de gris ne se profilait à l'horizon pour venir lui remettre le grappin dessus et la jeter à nouveau là d'où Raphaël l'avait tirée, en usant de sa position alors qu'il mettait en jeu sa fonction. Mais la jeune femme n'avait pas pu refuser catégoriquement à son amie Grace quand celle-ci était venue lui demander un peu de son temps. Cela aurait semblé bizarre, et Blanche ne voulait pas la mêler à des affaires qui n'allaient de toute façon rien lui attirer d'autre que des ennuis. Après tout, Raphaël était un homme marié, et même si son mariage était en déroute, cela ne pouvait pas le gracier aux yeux de certaines personnes qui n'étaient pas ravies de sa présence à son nouveau poste. C'était étrange comme Paris semblait fidèle à lui-même. Rien ne changeait, à part ses habitants. Il était toujours aussi agréable de se promener du côté de la Bastille. Malgré les matinées encore pluvieuses et froides de Mars, les deux jeunes femmes et le petit Baptiste – dont Blanche était la marraine - marchaient tranquillement. Pourtant ça aurait été mal connaître Grace que de penser qu'elle n'avait pas vu l'inquiétude de Blanche.

-Tu as moins bonne mine que la dernière fois. Est-ce que tout va bien ?

Blanche lui jeta un vif coup d'oeil, un peu prise au dépourvut, avant de réfléchir à ce qu'elle devait répondre à la jeune femme, hésitant. Puis elle choisit quelque chose de banal et de crédible, plutôt que la vérité qui de toute façon ne pouvait servir personne.

-Oui oui, c'est juste des problèmes de travail. Nous avons un peu de mal à maintenir le journal avec les allemands. Ils ne sont pas nos plus fervent lecteurs, étrangement...

Elle avait choisit l'ironie. Comme elle le faisait il y a encore peu de temps. Comme ce jour où les allemands avaient fait une descente dans leurs bureaux, il y a plus d'un an déjà, époque où tout semblait plus simple. Thomas était encore là, Emy riait toujours, Piotr ne s'absentait pas autant pour d'obscures raisons... Mais Grace n'eut pas le temps de répondre, car un brouhaha étrange se fit entendre au loin.

-Baptiste viens dans mes bras s'il te plait.

Grace récupéra son fils, alors que les deux jeunes femmes, inquiètes, attendaient de voir ce qui se passait. Il ne fallut pas longtemps pour voir arriver plusieurs personnes, en colère. Une foule, compacte, énervée. Une manifestation. Blanche frémit. Ne se rendaient-ils pas compte à quel point ce qu'ils faisaient était stupide et inutile ?

-Blanche faisons demi-tour veux-tu ?

La jeune femme acquiesça, et commença à reculer. Mais c'était mal connaître les parisiens en colère. Un jeune homme s'approcha des deux jeunes femmes, suivit rapidement par un autre, et encore un autre.

-Eh les filles, c'est le moment de dégager les allemands ! Venez !

Blanche lança un regard perdu à Grace, avant de s'écrier :

-Ne nous touchez pas ! Laissez-nous tranquilles.

Les hommes les encadrants se concertèrent du regard, surprit.

-Dites, vous seriez pas du côté des uniformes, des fois ? Il posa son regard sur Baptiste. C'est le bâtard d'un boche, celui là ??

Blanche, mue par un réflexe sortit d'on ne savait où, le poussa violemment et se plaça devant Grace et Baptiste.

-Je vous ai dis de nous laisser tranquilles !
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Ven 8 Mar - 1:52

« Allez quoi ! On va pas rester ici toute la journée, merde ! Pour une fois que j'ai congé avec l'autre débile...
No, j'ai pas envie, je vois pas pourquoi tu insistes. » lâcha Cesare en roulant des yeux.

Pourquoi insistait-il comme ça ? Quand le corse disait non, cela prenait tout son sens et on ne revenait pas dessus. C'était jamais en demi-mesure chez lui, pas de peut être, on verra … C'était oui ou non. Et là, pour courir avec Enzo les filles dans Paris, c'était non. Basta. Et pourtant le jeune italien insistait encore et encore, usant diverses méthodes pour l'emmener. Mais pourquoi avait-il besoin de lui ? Parce que les types qui draguent en groupe, ça fait plus viril, ça donne plus de courage ? Ou simplement pour décoincer le corse ? Pas de sa faute si Cesare n'avait jamais mis sa vie privée en premier plan, ayant toujours eu des emmerdes et ne voulant pas mêler une belle à tout ça. Bien sûr qu'il avait connu des filles (heureusement ! ) et avait eu des relations mais c'est vrai que, surtout ces dernières années, il avait mis cela un peu de côté. Voire même totalement quand il était en prison ! Et même son histoire de la contorsionniste qui pouvait faire n'importe quoi de son corps n'avait pas réussi, sinon à froncer les sourcils et l'envoyer promener. Se montrer en plein jour, au cœur de Paris avec tous ces allemands et miliciens dehors ? C'était du pur suicide !

« Arrête de faire la gueule, vraiment. T'es usant tu sais ça ? Guastafeste.
Je fais pas la gueule. C'est toi qui est usant, coglione. (couillon) »

Il ne bougeait pas et toisa du regard le jeune italien. Dire qu'il l'avait sauvé d'un sale pétrin quelques années plus tôt, c'est limite s'il ne le regrettait pas aujourd'hui. Pourtant, se divertir n'était pas un crime et même un garçon aussi sérieux que Peretti pouvait bien se permettre de décompresser un peu, de s'amuser et de faire un effort, non pas forcément pour emballer une fille, mais surtout pour passer un bon moment avec une l'une des rares personnes qui le connaissait vraiment et le supportait quand même. Mais qu'il était tête de mule, il n'était pas corse pour rien celui là !

Lorsqu'Enzo alluma une clope, cela donna envie à Cez de s'en allumer une aussi. Il avait l'avantage de la mafia pour en avoir facilement, c'était bien le seul bénéfice qu'il avait en retournant, contre son gré bien sûr, sous la coupe de Michele Ivaldi. Pour l'instant, il n'avait pas fait grand chose mais avait pu profiter de quelques cigarettes et de quelques produits du marché noir qu'il avait rapporté au presbytère en guise de loyer. Rien de bien extraordinaire mais le moindre aliment était du pain béni en ces moments de pénuries. Seulement voilà, il n'en avait plus sur lui et ce n'était pas Enzo qui allait lui en donner une.

« Que tu viennes ou pas, moi j'y vais. Mais tu vas le regretter, et tu le sais très bien. Je suis certains qu'il y en aura plusieurs comme tu les aimes... Je les embrasserai pour toi. »

Et alors qu'il s'en allait, Cez dut bien se rendre à l'évidence qu'il avait rien pour fumer sur lui, qu'Enzo en avait et que le seul moyen de lui taxer une clope, c'était de le suivre. Pour la énième fois, le corse leva les yeux au ciel, soupira et maudit le ciel en marmonnant alors que son complice était déjà à quelques pas. Finalement, il fit quelques foulées jusqu'à lui en l'apostrophant pour qu'il s'arrête.

« Accordo, je viens avec toi mais t'as pas intérêt à me le faire regretter. Et je trouve que ma présence à tes côtés vaut bien une cigarette. » lança t'il, sérieux au premier abord puis un peu plus détendu à la suite.

Arrivé à la Bastille, il y avait du monde, beaucoup trop de monde. Des manifestants mais aussi des forces de l'ordre venus surveiller. Cesare regretta d'être venu mais ne pouvait plus revenir en arrière alors le mieux était de se fondre dans la masse. Et puisqu'ils étaient venus jouer les Casanova, autant commencer de suite.

« Alors l'artiste, montre moi tes talents de séducteurs, voir ce que tu vaux ! » se moqua Cez avec le sourire.

Il était temps qu'il se déride et s'amuse un peu, ce n'était pas une vie de rester sérieux ! Que cette manifestation serve à quelque chose ! Il ne restait plus qu'à trouver les jolies filles !
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 25 Mar - 18:10

Irrespectueux... Voilà comment Eléonore avait décidé de qualifier ces maudits manifestants aujourd'hui. Le dimanche était le jour du seigneur, mais également celui de la famille et du repos. Pourtant, ces imbéciles de manifestants avaient décidé de semer la zizanie ce 28 mars et pas un autre jour. N'ayant pas vraiment de famille, Eléonore avait décidé de dédier son après-midi à l'inventaire de sa petite boutique et ce fut en fin de journée qu'elle aperçut par delà sa fenêtre, des attroupements qui commençaient à prendre de l'ampleur. Sortant dehors pour voir de plus près et surtout pour protéger sa vitrine, elle remarqua que les manifestants semblaient savoir où ils se rendaient. Ils avançaient d'un pas franc et les bribes de propos qu'elle arrivait à saisir paraissaient emplis à la fois de la colère et d'excitation.

De plus en plus curieuse, elle regagna l'intérieur, s'arma de sa veste et de son chapeau, avant de sortir pour voir où cette foule d'imbéciles se rendait. Combien de temps dura la pseudo filature ? Elle n'en savait rien, mais la jeune femme pouvait affirmer que ses pieds parés de talons commençaient à lui faire mal. À vrai dire, Eléonore ne porta pas l'œil à sa montre, préférant chercher des personnes qu'elle était capable d'identifier au sein de cette foule de curieux, mais en vint. Ce ne fut qu'une fois la place de la bastille atteinte, que la petite boulangère réalisa l'ampleur de l'évènement : beaucoup de monde était rassemblé ici, beaucoup trop de monde ! Les manifestations et regroupements étaient interdits, ce qui signifiait que les forces de l'ordre n'allaient pas tarder à intervenir.

Eléonore avait cependant un train de retard, car visiblement, miliciens et soldats allemands étaient déjà sur place pour maintenir l'ordre... ou pour tirer à vue. Cette idée lui glaça le sang quelques instants, surtout lorsqu'elle réalisa qu'elle pouvait bien être mêlée à tout cela ! Son instinct de survie la fit rebrousser chemin, même si elle tenta de se raisonner rapidement : il y avait bien trop de monde ici pour que les Allemands s'amusent à descendre tout ce qui bouge. Par contre, il risquait d'y avoir des arrestations... et ça c'était tant mieux ! Si les personnes à l'origine de cette agitation pouvaient être interpellées, ce serait bien fait pour elles ! Paris n'était pas une ville de non droit et ces manifestations spontanées ou préparées devaient être maîtrisées. Eléonore pouvait comprendre le ras-le-bol de certains, mais encore une fois, au lieu de passer leur temps à manifester, ces hommes et ces femmes devraient faire en sorte d'améliorer leur quotidien en essayant de travailler toujours plus... Les termes Travail, famille, patrie, avaient le mérite de porter des valeurs intelligentes. Alors, au lieu de toujours tout critiquer sans réfléchir, les Parisiens devraient peut-être cogiter un tantinet pour une fois et ne pas chercher le bâton pour se faire battre... car c'était bien ce qu'ils étaient en train de faire !

En attendant, la piétonne curieuse se tint à distance raisonnable de la place, voulant absolument savoir si les forces de l'ordre allaient agir ou non. Dans le cas contraire, elle rebrousserait chemin et retournerait à ses petites occupations, mais elle avait bon espoir de voir un spectacle digne de ce nom dans les minutes qui allaient suivre... Dans tous les cas, elle n'avait pas payé sa place, alors elle n'aurait rien à regretter ! Voilà comment prendre les choses du bon côté façon Eléonore... si elle faisait abstraction de son mal aux pieds !
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 1 Avr - 18:21

Enzo obtenait toujours ce qu'il voulait. Enfin presque toujours mais les rares exceptions ne comptaient pas dans l'esprit du jeune italien. Voilà bien pourquoi il avait décidé d'aller à cette manifestation avec ou sans Cesare, bien qu'il avait fait de son mieux pour le décider. Mais il n'allait pas laisser le corse lui gâcher la fête, il n'aurait plus manqué que ça ! Ca aurait été mal le connaître que de penser qu'on pouvait lui dicter sa conduite, Cesare mieux que personne devait le savoir. Mais c'était vrai que la fête – si on pouvait appeler la manifestation comme ça – serait bien plus drôle avec son ami que s'il y allait tout seul. Mais comme l'italien, le corse était têtu, et il n'y avait pas moyen de le décider à faire quelque chose qu'il ne voulait pas, ou alors c'était vraiment compliqué et difficile. Qu'à cela ne tienne, il n'allait pas s'en faire pour si peu. Mais il avait encore deux ou trois arguments dans sa manche avant de planter Cesare là, au milieu de Paris, à deux pas de la manifestation, où il se doutait bien que de jeunes parisiennes engagées n'attendaient que d'être soutenues dans leur motivation. Heureusement pour Enzo il était de congé et avait laissé tomber l'uniforme, c'était quand même plus discret.

-Je fais pas la gueule. C'est toi qui est usant, coglione, lui rétorqua Cesare.

Lui ? Il ne faisait pas la gueule ? Eh bah ça avait pourtant largement le mérite d'y ressembler, et même plus que ça. Enzo leva les yeux au ciel, se retenant de dire quelque chose qui aurait put être vexant – quoi qu'au point où ils en étaient, ils n'en avaient plus grand chose à faire de vexer l'autre. Et puis Enzo avait des cigarettes, argument ultime à cette époque où tout le monde fumait et où il était impossible de se procurer du tabac autrement qu'en contrebande ou en ayant des amis bien placés. Heureuse coïncidence pour Cesare en effet qu'Enzo face parti des forces d'occupation. Il en avait de la chance... Hélas Enzo ne se sentait pas d'humeur partageuse ce matin, surtout quand Cesare faisait en sorte de se faire prier. Alors il était bien décidé à le planter là, sa seule compagnie lui suffisait en temps normal de toute façon. Mais il se doutait bien que c'était plus la perspective des cigarettes que sa compagnie et les jolies filles qui décidèrent finalement Cesare à changer d'avis.

-Accordo, je viens avec toi mais t'as pas intérêt à me le faire regretter. Et je trouve que ma présence à tes côtés vaut bien une cigarette.

Enzo eut un petit sourire triomphant. Bah voyons.

-Je doute que tu les mérites, profittatore... rétorqua le florentin, avant de prendre dans sa poche un paquet presque vide et de le lancer à Cesare qui le rattrapa à la volée. Il restait trois cigarettes à l'intérieur. Garde-le, j'en ai un autre. Cadeau de l'armée. Allez on bouge.

Les deux jeunes gens ne tardèrent pas à retrouver la manifestation. Il y avait de tout, des jeunes, des vieux, des casseurs, des engagés... Un peu comme à chaque manifestation en fait. Enzo était presque surprit que les allemands et miliciens, qui étaient déjà là, ne soient pas encore intervenus. Déformation professionnelle sans doute. Mais il fut tiré de ses pensées par Cesare.

-Alors l'artiste, montre moi tes talents de séducteurs, voir ce que tu vaux !

Il eut un petit rire.

-Tu vas pas être déçu mon vieux !

Il avisa une jeune femme rousse à deux pas d'eux et se dirigea vers elle, sortant son paquet de cigarettes neuf, argument incontestable, associée à son charmant sourire cela faisait presque toujours mouche.

-Un problème, mademoiselle ? Vous avez besoin d'aide ?

Il lui présenta galamment les cigarettes, enjôleur. Mais elle le regarda de haut, jetant un coup d'oeil à ses vêtements défraichis et son visage mal rasé.

-Si j'avais besoin d'aide, ce n'est surement pas à vous que je la demanderai! De l'air!

Elle s'éloigna, le nez au vent, et Enzo soupira en jetant un coup d'oeil à Cesare. Ah les femmes!
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 15 Avr - 22:06

« Rien de nouveau, à part ça... »

Viktor ne perdit pas de temps pour critiquer les français et leurs révoltes insensées, pour tout et rien. Rien que des idiots aux yeux de l'allemand qui ne voyait pas l'intérêt de manifester. Ils n'étaient pas si malheureux que cela, il suffisait de trouver son compte de n'importe quelle façon qu'il soit. Mais si ces protecteurs de juifs ou ces communistes – car il n'y avait pas d'honnêtes gens dans cette foule pour lui – refusaient de se plier à la discipline, ils n'avaient que ce qu'ils méritaient.

« Si c'était si facile, la conquête en serait moins glorieuse, n'est ce pas ce qu'on vous apprend dans vos écoles militaires ?
Vrai, mais on nous apprend à nous battre contre de vrais ennemis. Pas des vieilles en charentaises ou des … pouilleux. » lâcha t'il avec un air dédaigneux en fixant un manifestant.

Il avait beau adorer la France, Eppensteiner pense que le pays serait bien mieux sans les français, des parasites de premier ordre, des assistés qui ne sont jamais contents de rien et qui rejettent tout sur le faute des autres. Viktor ne considérait, étrangement, que l'occupation allemande soit une mauvaise chose, au contraire ! Cela ne pouvait qu'être bénéfique à un peuple français totalement anarchiste et aussi versatile qu'une girouette. Il accepta la cigarette de son ami Matthieu, l'alluma et la porta à sa bouche avec cet air arrogant que le caractérisait si bien.

« Regardes-les, à croire qu'ils ne se rendent pas compte que ce qu'on fait, c'est rendre le pays plus habitable. Ils devraient nous en être reconnaissant et non pas faire les imbéciles de la sorte.
Stupides français. Le problème est qu'ils pensent savoir se gouverner eux-même, mais ils ne font que se couler. Qu'attendent-ils de cet attroupement, tels des bœufs ? A part beugler des slogans inaudibles et faire croire qu'ils résistent un peu … »

Il tira sur sa clope et souffla la fumée en levant les yeux au ciel, de consternation. Dans son uniforme et sa casquette avec la figure de tête de mort, le Standartenführer apparaissait comme une sombre figure et ne passait pas inaperçu. Nombreux étaient ceux qui le regardaient en coin, se croyant discret mais le nazi les voyait bien et eut même un petit sourire au coin des lèvres, il aimait tellement cette sensation de pouvoir, de domination à autrui, se faire craindre.

« Comme ils nous regardent ! Comme ils nous craignent ! Ils hurlent contre l'autorité mais personne n'ose nous regarder dans les yeux. Vois tu, Matthieu, la peur a toujours été la pièce maîtresse de la soumission des peuples. Ils marchent, crient mais ils n'oseraient pas s'attaquer à nous car ils ont peur. S'ils nous touchent, ne serait-ce qu'un cheveu, ils savent qu'on leur rendra au centuple. C'est comme ça que ça marche, il faut écraser les rebelles … il jeta sa cigarette au sol et l'écrasa et la masse restera tranquille. »

Telle était sa vision des régimes politiques. Pour lui, rien ne valait la peur. La démocratie, l'écoute des uns des autres, le respect d'autrui ? C'était has-been, rien de plus. Puis, dans la masse, une voix cria « Nazis, salauds ! » ce qui fit méchamment ricané Viktor, qui ne bougea pas, il ne servait à rien d'envoyer ses hommes pour un lâche.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mar 16 Avr - 20:17



« Chef ! Les hommes sont prêts, on attend vos ordres. »
« Allez prévenir Faivre qu’on se met en route. Je viens d’avoir les allemands au téléphone, ils commencent à s’inquiéter. Les pauvres, faudrait pas qu’on loupe le spectacle. »

Ecrasant le mégot de sa cigarette dans le cendrier de la salle commune, Manuel retira ses pieds de la table et se leva en attrapant sa casquette noire qu’il vissa sur son crâne avant de quitter la pièce, suivit par son subalterne. S’emparant de la mitraillette qu’il lui tendait, il la passa sur son épaule et rejoignit ses hommes qui se tenaient en rang dans la cour. Il les passa rapidement en revue, puis se planta devant eux avant de déclarer :

« Messieurs, vous connaissez les ordres. Pas de grabuge. Pas de victimes. Seulement des arrestations si nécessaire, et dans le calme autant que faire se peut. Les allemands sont sur le coup, la police aussi, et ils veulent pas de désordre dans les rangs. Si ça dérape, arrangez-vous pour qu’on ne sache pas que c’est vous. En route ! »

Aussitôt ses subalternes se mirent à aboyer leurs propres ordres, et le chef de centaine qu’était Tessel observa d’un œil critique ses hommes se diviser en dizaine pour aller se répartir d’un bout à l’autre de la manifestation. Il garda une dizaine d’hommes et son chef de dizaine avec lui, et partit à son tour vers le milieu de la foule. Parfaitement identifiables avec leurs uniformes noirs et bleu marine, et évidemment leurs mitraillettes, les miliciens se rendirent place de la Bastille selon les indications des forces de l’ordre allemandes et, une fois sur place, restèrent un instant ahuris face à l’ampleur de la foule. Manuel retint un soupir, déjà excédé. Evidemment, les boches avaient sous-estimé l’ampleur de l’évènement, de même que leurs patrons à Vichy. Faivre les avait pourtant prévenus, mais ils n’avaient rien voulu entendre. En même temps, Faivre aurait pu ne pas les écouter et envoyer plus d’effectifs pour réprimer la rébellion, personne là-haut ne s’en serait soucié tant qu’il y avait du résultat. Or, le résultat qu’il y avait là, c’était une foule en délire au bord de l’explosion, et des forces de l’ordre pour le moins dépassées par les évènements. Il repéra, légèrement en retrait, des officiers allemands qui baragouinaient dans leur langue gutturale d’un air inquiet tout en essayant d’afficher assurance et pouvoir. Un sourire sardonique se dessina sur les lèvres du chef de centaine. Ah ces fridolins, si on n’était pas là pour assurer le boulot pour eux, qu’est-ce qu’ils deviendraient ?

Ses réflexions furent interrompues par ses trois chefs de trentaine et son commandant qui venaient rendre compte de la situation et assurer que leurs hommes étaient en place et prêts pour la manœuvre. Manuel donna encore quelques directives, et ses hommes regagnèrent leurs postes. Scrutant la foule de ses yeux bleus perçants, il repéra quelques agitateurs plus acharnés que les autres et les indiqua à trois de ses hommes qui partirent s’en occuper. D’un signe de la main, il indiqua aux autres de le suivre pour assurer le service de sécurité. Au moindre débordement, ils n’hésiteraient pas à intervenir. Ses gants dissimulant la prothèse qui lui servait de main gauche, mitraillette à l’épaule et matraque dans sa main valide, Manuel s’avança avec ses hommes et entra pratiquement en contact avec les manifestants… Lesquels accueillirent l’arrivée de la Milice avec des regards chargés de haine, mais sans paraître tentés de réagir par la violence. Les armes bien visibles devaient y être pour quelque chose.

« Allez, fini de jouer tout le monde. Y a plus rien à voir, rentrez chez vous ! » commença-t-il à lancer sans se soucier des protestations. Un mouvement de foule provoqua une bousculade qui fit perdre l’équilibre à une jeune femme, laquelle serait probablement tombé si elle n’avait pas eu la chance –ou la malchance, selon le point de vue- d’entre en collision avec Manuel qui la rattrapa par le bras et la remit sur ses deux pieds sans ménagement.
« Vous avez entendu les ordres, mademoiselle ? Rentrez chez vous. C’est pas un endroit pour les demoiselles, et malgré ce qu’aimeraient la police et les allemands je doute que cette manifestation se termine sans dégâts. » lui dit-il sans chercher à prendre de gants. « Allez circulez, si vous ne voulez pas d’ennuis. » Après tout, il était là pour faire son job. Pas pour jouer les diplomates avec une bande d’excités, et encore moins pour se montrer sympathique.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mar 23 Avr - 11:39

Le moral n'allait pas fort et même l'enthousiaste Blanche ne semblait pas en joie. Elle était toujours aussi souriante bien sûr, mais moins pétillante qu'à l'habitude. Elle semblait rêveuse, ce qui ne manqua pas de m'échapper. « Oui oui, c'est juste des problèmes de travail. Nous avons un peu de mal à maintenir le journal avec les allemands. Ils ne sont pas nos plus fervent lecteurs, étrangement... » dit-elle sur le ton de l'ironie. J'esquissais un léger sourire et m'attardais même à rouler des yeux. Elle ne croyait pas si bien dire. J'éprouvais une grande admiration pour Blanche et l'action qu'elle menait avec son journal. Les allemands devaient lui donner beaucoup de fils à retordre. « Savent-ils lire déjà ? » me mis-je à plaisanter à voix basse avant d'étouffer un rire. Dans un regard complice avec Blanche, je me mordais les lèvres pour me retenir de ricaner. Par Dieu, si les allemands m'entendaient, je crois que j'aurais le droit de passer un mauvais quart d'heure. Enfin, si nous avions pu le droit de rire un peu, la vie serait bien monotone.

Malheureusement pour nous, le temps ne fut plus à la plaisanterie, lorsqu'un mouvement de foule se fit sentir et pour fois, les allemands n'y étaient pour rien. Ou plutôt si, la foule qui avançait vers nous était en colère contre cet occupant beaucoup trop envahissant. Une manifestation se profilait, ce qui ne présageait rien de bon et je vis en croisant le regard de Blanche, que celle-ci partageait mon point de vue. Prenant mon fils dans mes bras, je lui proposais de faire demi-tour, ce que la jeune femme fit sans se faire prier. Mais, il semblait être déjà trop tard. « Eh les filles, c'est le moment de dégager les allemands ! Venez ! » beugla un manifestant à notre intention en se rapprochant de nous. « Ne nous touchez pas ! Laissez-nous tranquilles » lança Blanche en me regardant en coin. Je n'aurais pas dit mieux. Nous n'avions rien à faire dans une manifestation. Nous étions françaises, mais nous avions déjà assez de problème avec les allemands pour ne pas nous en rajouter d'avantage. « Dites, vous seriez pas du côté des uniformes, des fois ? C'est le bâtard d'un boche, celui là ? » rajouta l'homme d'un ton insolant en pointant du doigt mon fils. Je devins aussi rouge que mes cheveux. Comment osait-il ?! A cet instant, je ne pensais qu'à Simon, mon mari et français pure souche, abattu quelques années plus tôt pour avoir participer à de telles manifestations. Dire que mon fils était un bâtard était la pire des insultes ! Si je ne l'avais pas eu dans les bras, je crois que l'homme se serait prit la plus grosse des gifles de sa vie sur le visage. « Je vous ai dis de nous laisser tranquilles ! » ordonna à nouveau Blanche en se mettant face à moi comme pour me protéger. Tout en essayant de contenir mon calme, je posais une main sur l'épaule de Blanche afin de lui faire comprendre qu'il n'était pas nécessaire de s'énerver avec ces gens-là. « Laisse Blanche » lui murmurais-je à l'oreille. Tout de même tiraillée par la peur face à trois hommes décidés, je prenais la main de mon amie, pour tenter de la rassurer. « Si nous vous montrons nos papiers d'identité messieurs, vous nous laissez partir ? » demandais-je calmement, non sans une arrière pensée de moquerie. Je savais que je jouais avec le feu, mais je ne voyais guère d'autres moyens de nous sortir de ce pétrin qu'aucune de nous n'avaient demandé. « Ahah, très drôle la rouquine. Tu nous confonds avec les boches maintenant ? » déclara un autre homme du groupe en venant me bousculer. Mon cœur rata un battement et je compris très vite que j'avais fait une erreur. « Arrêtez, s'il vous plait » quemandais-je du regard agacée et apeurée. Mais l'homme ne semblait pas décidé à m'écouter et plutôt à rechercher une tête de turque, en l'occurrence Blanche, moi-même et mon fils. « Je crois qu'on a trouvé deux jolies futures Fraulein les gars, ça serait dommage de les laisser partir » siffla le troisième homme en affichant un regard peu engageant. Je serrais la main de Blanche encore plus que précédemment.
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Emy Hale
Emy Hale
La chance ne sourit pas à ceux qui lui font la gueule.



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Je parle pas aux cons, ça les instruit.
■ topics : OUVERTS
■ mes posts : 969
■ avatar : Zooey Deschanel
■ profession : Journaliste au Courrier Parisien

PAPIERS !
■ religion: Irrémédiablement athée.
■ situation amoureuse: Célibataire endurcie, le couple c'est bourgeois et catholique, d'abord.
■ avis à la population:

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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mer 24 Avr - 18:37

INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! 297983568

« Hugo, t’es sûr que tu veux que ce soit moi qui y aille ? »
Le rédacteur en chef du Petit Parisien adressa un regard perplexe à la jeune journaliste qui arborait pourtant un grand, très grand sourire - voire trop grand pour être honnête. Il la dévisagea un instant, puis esquissa une moue amusée au plus grand dam d’Emy qui connaissait assez son patron pour savoir ce que celle-ci signifiait.
« Piotr n’est pas là, les papiers de David sont de pire en pire et toi-même tu conviendras que je ne peu pas raisonnablement envoyer Jean Pierre... donc oui, Emy, je veux que tu y ailles. Et en journaliste, pas autrement. »
La principale intéressée afficha une expression boudeuse, mais finit par abandonner en lui jurant qu’elle aurait sa revanche - chose qu’on ne dit normalement pas à son rédacteur en chef, mais elle n’en était plus à ça près. Ça n’était pas qu’elle ne voulait pas aller couvrir la manifestation qui se rassemblait place Bastille. Non au contraire : en dépit de tout les risques que ça comportait, Emy aurait bien voulu aller manifester. Tranquillement. Sans avoir de papier à rendre, parce qu’elle savait qu’elle aurait bien du mal à ne pas composer un long réquisitoire contre l’armée allemande, les autorités d’occupation et tous ceux sur lesquels les manifestant, eux, allaient enfin pouvoir gueuler un bon coup. À leurs risques et périls, certes, mais elle en avait vu d’autres et ce jour-là, elle était d’humeur aventureuse.

Mais enfin, puisqu’il lui fallait faire son métier, Emy n’eut d’autre choix que de battre retraite, et elle s’apprêtait à sortir du bureau d’Hugo pour aller se préparer quand il l’arrêta.
« Ah, et tu pars avec Lucy. J’ai besoin de photos. »
Merveilleux, songea la demoiselle en râlant pour la forme, avant de s’enfuir définitivement pour ne pas entendre d’avantage de recommandations du même genre. Hugo était malin : il lui attribuait un chaperon, et pas n’importe lequel : Lucy Doisneau, la photographe-pièce-rapportée qu’elle ne supportait pas, et ce sans la moindre raison, mais tant pis. La journée s’annonçait merveilleuse, en effet.
Bon grès, mal grès, la jeune journaliste alla néanmoins préparer ses affaires. Elle eut même le temps d’oublier de râler (pendant deux minutes) en se plongeant involontairement dans quelques souvenirs perturbants à base de Nate (encore) mais finalement, décida qu’il valait mieux qu’elle s’exprime en mettant toute la rédaction au courant de sa mauvaise humeur plutôt que se risquer à trop penser à la nuit (à base de Nate elle aussi) en question.
C’est donc en bougonnant qu’elle retrouva la photographe - qui n’avait pas l’air bien plus réjouie qu’elle soit dit en passant - et qu’elle grimpa dans la voiture de la rédaction qui les mena rapidement place de la Bastille. Pour l’amour du métier, l’honneur, et la gloire de parvenir à composer un papier parfait, s’encouragea-t-elle mentalement pendant tout le trajet.

Une fois sur place, néanmoins, Emy dut bien se résoudre d’abord à adresser quelques mots à sa collègue, ensuite à cesser de râler, trop impressionnée par la foule qui se tenait là. Elle ne put même retenir un sourire, ravie de constater qu’il y avait encore quelques parisiens pour oser pousser un coup de gueule.
« Ouah. Tu vois ce que je vois ? souffla-t-elle à Lucy (en oubliant trente secondes qu’elle ne la supportait pas).
- Oh oui... marmonna celle-ci, pensive.
- Quoi ? Ça ne te fait pas plaisir de savoir que les gens ont encore un peu de jugeote ?
- Non, ce qui ne me fait pas plaisir, c’est la façon dont ça risque de se terminer. »
Emy leva les yeux au ciel en la taxant de pessimiste, puis fit quelques pas vers la foule, laissant sa collègue aller chercher un meilleur angle pour ses photos. Les sens aux aguets, elle repéra un groupe contenants officiers allemands et miliciens, et se dirigea résolument dans le sens opposé. Foi d’Emy, s’il se passait quoi que ce soit, elle le saurait. Et puis si elle pouvait crier quelques slogans au passage... pourquoi s’en priver ?


(Come on guys, je suis libre comme l’air !
Et pour ceux qui se posent la question : oui, j'assume ma schizophrénie face)
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Edouard Cabanel
Edouard Cabanel
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■ mes posts : 2321
■ avatar : Ryan Gosling
■ profession : Ambassadeur de Vichy à Paris

PAPIERS !
■ religion: Ne croit qu'à la politique. Dieu ? ça fait longtemps qu'il n'existe plus, non ?
■ situation amoureuse: Coincé dans un mariage malheureux avec Madeleine Claussat. Trop occupé à cause de son beau-père pour avoir le temps d'aller voir ailleurs.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 29 Avr - 20:45

Édouard Cabanel n'avait aucune raison valable pour se trouver place de la Bastille ce dimanche 28 mars 1943 et d'ailleurs, rien ne laissait présager des événements de l'après-midi, uniquement causés par une suite de malheureux hasards. Cela faisait pourtant déjà des semaines que les Parisiens se réunissaient sporadiquement dans des lieux symboliques et qu'en tant que conseiller de l'ambassadeur de Vichy, il avait dû répondre des faits et gestes de ses concitoyens qu'il ne maîtrisait aucunement. Mais ce jour-là, tout le monde s'était laissé surprendre par l'ampleur de la mobilisation, les autorités en premier lieu. Quand Édouard, arrivé de la rue du Faubourg Saint-Antoine, vit la foule sur la place, occupée à scander des slogans contre l'occupation et contre les privations qu'on imposait aux Parisiens, il n'en crut pas ses yeux et sembla se liquéfier sur place, au grand déplaisir de son épouse qui marchait juste derrière lui et qui faillit provoquer une collision – et le couple Cabanel en était au point où ils préféraient ne pas avoir à se toucher.
- Qu'est-ce que c'est, papa ? Demanda la petite voix de sa fille cadette, Léonie qui tirait sur sa main droite pour s'élancer en avant ce qu'il l'empêcha de faire d'une poigne ferme.
- Ce n'est rien, ma chérie, répliqua Édouard non sans laisser un regard un peu inquiet à Madeleine qui fronçait les sourcils, visiblement en colère, juste un rassemblement. Mais nous allons rentrer à la maison, comme prévu, d'accord ?
La petite acquiesça non sans continuer à fixer les personnes qui piétinaient sur la place tandis que sa mère murmurait qu'ils auraient dû attendre le véhicule chargé de les ramener chez eux après leur repas chez un dignitaire de l'administration allemande à Paris. Édouard fut forcé intérieurement de convenir qu'elle n'avait pas tort mais la voiture avait eu du retard et l'adoucissement de cette fin de mois de mars favorisait les promenades. Autant que les manifestations d'ailleurs. Maintenant qu'ils étaient arrivés là, ils n'avaient plus le choix : ils devaient traverser la place de la Bastille pour atteindre la Seine. En évitant soigneusement le cœur névralgique du rassemblement, autour de la colonne de Juillet mais en passant du côté des déploiements allemands, sans doute ne risquaient-ils rien. Pour le moment, tout cela semblait demeurer bon enfant et aucune véritable violence n'avait lieu, sinon verbale, malgré l'exaspération évidente des autorités. Mais Édouard savait bien que cela n'allait pas durer éternellement et il mettait peu d'espoir sur un dispersement sans heurts. Ce qu'il craignait le plus depuis le début de ces prises de position prenait corps et de plus, il était en plein dedans. La situation sentait vraiment le roussi.
Le couple Cabanel, de part et d'autre de leur enfant, Léonie étant la seule à les avoir accompagnés cette journée-là, heureusement, commença à s'avancer dans la foule, zigzagant au milieu de gens qui hurlaient des propos haineux. Édouard tenait fermement sa fille par la main et plusieurs fois, il faillit perdre Madeleine qui se fit apostropher par une femme qui s'étonnait de la voir s'éloigner. Celle-ci ne fit par l'erreur de répondre et voyant qu'elle pâlissait, son époux glissa également sa paume dans la sienne pour ne plus la semer. Le premier tiers de leur marche se fit sans encombres et pendant un instant, Édouard fut optimiste. Ils allaient finir par réussir par laisser le danger derrière eux. Mais tout bascula en une seconde :
- Hé mais je te connais !
L'homme qui venait de parler ainsi pointait son doigt vers Cabanel qui ne le reconnut pas et maudit cette voix portante qui fit se retourner les personnes à leurs côtés sur la petite famille. Sentant le tremblement de sa fille, Édouard ne voulut pas s'attarder mais le manifestant poursuivit :
- Il est de Vichy, c'est un collabo ! Regardez comme ils sont bien nourris, ce sont eux qui volent le pain des honnêtes gens !
- Collabo ! Voleur !
Des mots lancés au hasard les enserraient désormais et la foule se rapprochait dangereusement, levant des poings furieux, le visage déformé par une colère sourde qui couvait depuis des années désormais et qui pouvait exploser à tout moment. Édouard le comprenait mieux que quiconque mais cette fois-ci, sa couverture lui donnait le mauvais rôle, celui des affameurs du peuple (lui qui avait tant milité pour la baisse du prix du lait en son temps !) et des cibles. Ne voulant pas perdre la face, il se redressa de toute sa hauteur et répliqua d'un ton clair, celui qu'il utilisait à l'Assemblée :
- Restez calmes, s'il vous plaît ! La violence ne résoudra rien, restez calmes !
Dans son champ de vision, une jeune fille se faisait violemment réprimander par un homme de la Milice qui la traitait sans ménagement et Édouard comprit que ça commençait à mal tourner et qu'il n'allait pas s'en tirer aussi facilement.
- Nous étudions ce que nous pouvons faire, je vous promets d'agir au mieux pour...
- On n'en a rien à faire des promesses d'un menteur ! Collabo !
Il se faisait désormais bousculer malgré la présence de sa fille qui se cachait le visage dans sa veste de mondain, ce qui avait sans doute contribué à dévoiler son identité. Se tournant vers son épouse, il lui confia Léonie et lui commanda de s'éloigner de lui, cherchant à aviser un membre de la Milice pour assurer la sécurité de Madeleine. Ils étaient loin d'être sortis d'affaire !

[Chers manifestants, n'hésitez pas à venir houspiller Édouard !]
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Sam 4 Mai - 0:38

S’il y avait bien un endroit que Saraa avait décidé de fuir comme la peste, c’était la place Bastille - ou tout autre lieu susceptible de servir de lieu de rassemblement lorsque les parisiens en colère se mettaient à défiler dans les rues. Sage décision s’il en est, lorsque l’on est affublé d’un rôle comme celui que devait jouer l’américaine - à savoir l’ex-agent de l’OSS infiltrée dans plusieurs réseaux de résistance pour le compte de la Gestapo et autre SS en tout genre. Hélas, Lucy Doisneau, de son nom de couverture, n’exerçait pas que l’aussi honorable qu’illégale profession d’espionne, elle était aussi photographe, et une photographe qui avait eu le malheur de se trouver sur les pas du rédacteur en chef du journal pour lequel elle travaillait lorsque celui-ci cherchait qui envoyer pour couvrir la manifestation du jour. Des photos, pour voir l’ampleur du mouvement, ça serait une bonne chose, s’était-il exclamé en la voyant. Mauvaise idée, avait pensé Saraa mais hélas, elle devait absolument conserver ce travail (pour sa couverture comme pour sa santé mentale) et n’avait eu d’autre choix de d’accepter. Même si elle avait été à deux doigts de décliner lorsqu’on l’avait informée qu’une certaine Emy Hale l’accompagnerait. Des manifestants en colère, des résistants, des Allemands et autres miliciens et une gamine orgueilleuse.
« Merveilleux, soupira l’espionne en s’engouffrant dans la voiture qui devait les mener sur les lieux. »
Et encore, elle ne savait pas tout.

Le voyage se fit dans un silence relatif. Saraa n’avait rien, de prime abord, contre sa collègue, c’était celle-ci qui avait décidé de la prendre en grippe en même temps que son amie la dessinatrice. Et comme elle n’était pas d’humeur à jouer les mères attentives pour tous les membres de la rédactions, la photographe avait décidé d’en prendre son parti et de traiter par le mépris ce qu’elle considérait comme un comportement somme toute assez puéril. Elle ne chercha donc pas le moins du monde à détendre l’atmosphère, l’esprit occupé à considérer ses propres problèmes, et notamment ceux qui risquaient de se poser dans l’immédiat. Avec la chance qu’elle avait depuis qu’elle avait mis les pieds à Paris, elle s’attendait à retrouver une nouvelle vieille connaissance, à tomber sur Eppensteiner, ou sur un ancien collègue reconverti en nazi - pour ne citer personne. C’est pour cela qu’elle fut d’abord agréablement surprise de l’ampleur de la foule qui s’était réunie place Bastille. Dans la masse, il lui serait plus difficile de croiser qui que ce soit, plus facile de s’échapper et surtout, le mouvement prouvait que Paris n’était pas encore totalement abattue. Mais elle ne resta pas longtemps sur cette première impression et, retrouvant son pragmatisme ordinaire, ne répondit pas de façon très enjouée à Emy qui s’enthousiasmait devant tant de monde.
- Quoi ? Ça ne te fait pas plaisir de savoir que les gens ont encore un peu de jugeote ?
- Non, ce qui ne me fait pas plaisir, c’est la façon dont ça risque de se terminer. »
Pessimiste, mais surtout, réaliste, elle balaya une dernière fois l’endroit des yeux puis laissa la jeune femme pour partir en quête d’un angle de vue acceptable pour saisir l’ampleur de la foule d’abord, puis pour prendre quelques photos qui, elles, passeraient peut-être la censure ensuite.

Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’elle repéra Eppensteiner (étrange, n’est-ce pas ?) dont elle s’éloigna résolument. Elle n’était pas d’humeur à supporter un quelconque chaperon aujourd’hui. Evitant ce qui ressemblait à une émeute en formation, et bousculant au passage une jeune femme rousse auprès de laquelle elle s’excusa platement, elle voulut s’approcher de la Colonne de juillet, sur le socle de laquelle les plus courageux commençaient à s’installer. Elle prit quelques clichés, puis un mouvement de foule l’éloigna et la ramena du côté des autorités, confirmant au passage sa première idée : tout cela pouvait difficilement rester calme.

(Je vous attends face)
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Sam 18 Mai - 22:43

La rumeur, lourde, grondait et donnait l’impression qu’un danger imminent menaçait la foule rassemblée place de la Bastille. Si une réelle connivence unissait les manifestants, si un esprit d’équipe les alliait dans un désir commun de se battre contre l’occupant, l’ambiance n’en changeât pas moins lorsque les Allemands et les miliciens s’invitèrent à la partie. Peu à peu, ils entourèrent la foule, prêts à empêcher tout mouvement qui briserait le calme apparent. Estelle sentait le vent tourner. Autour d’elle, on commençait à devenir violent. Les paroles scandées se faisaient de plus en plus menaçantes, risquant de provoquer la colère des forces occupantes et de la milice. Durant un instant, la jeune femme hésita à faire faux bond à ses compagnons de fortune mais un sursaut de courage l’empêcha de prendre ses jambes à son cou. Cette situation invivable ne pouvait continuer, l’oppression, le rationnement, les brimades, la perte des êtres chers, non, ça ne pouvait pas continuer, il fallait que ça cesse. La France ne pouvait pas être faible, Paris ne pouvait pas se laisser faire ! Personne ne devait décider du destin de ces milliers de Parisiens, de ces millions de Français ! Les Français, peuple libre, peuple combatif qui faisait entendre sa voix, devaient se battre pour faire partir ces brutes aux cerveaux lobotomisés ! Telles étaient les pensées de la speakerine qui scandait de nouveau les messages emplis de haine contre les officiers. Elle puisait sa force dans sa détresse, dans son malheur, dans la colère qui bouillonnait en elle depuis la disparition de Lucien. L’arrivée des Allemands suite à la défaite de la France l’avait mise en colère, elle en avait été choquée, s’était sentie trahie mais elle avait tenté de supporter cette humiliation. Mais la disparition de son fiancé avait tout bouleversé. Pour la première fois de son existence, elle avait appris ce qu’était la perte d’un être cher.

Soudain, des miliciens s’immiscèrent dans la foule. Il n’avait pas fallu attendre longtemps pour que ces trouble-fêtes viennent gâcher la manifestation. Estelle remarqua alors que ces hommes étaient armés : tout cela n’augurait rien de bon. L’un d’eux se mit à crier :

« Allez, fini de jouer tout le monde. Y a plus rien à voir, rentrez chez vous ! »

Des protestations répondirent à cet ordre. Puis il y eut des bousculades, certains jouaient des coudes pour soit s’éloigner des miliciens, soit s’en rapprocher pour se mesurer à eux. Quelqu’un poussa alors Estelle qui perdit l’équilibre mais un bras l’empêcha de tomber face contre terre. Sûrement devait-elle remercier cet homme qui l’avait empêchée de mourir écrasée par la foule, mais lorsqu’elle leva les yeux sur lui, elle rencontra le regard froid et menaçant d’un milicien armé dont la main libre tenait une matraque. Alors le mauvais caractère de la jeune femme reprit le dessus et au lieu de le remercier, elle lança un : « Mais lâchez-moi ! » tandis qu’elle tentait de se dégager. Mais l’homme ne l’entendait pas de cette manière.

« Vous avez entendu les ordres, mademoiselle ? Rentrez chez vous. C’est pas un endroit pour les demoiselles, et malgré ce qu’aimeraient la police et les Allemands je doute que cette manifestation se termine sans dégâts. Allez circulez, si vous ne voulez pas d’ennuis ».

Ces paroles ne firent que redoubler la colère qui animait la jeune femme. Quoi qu’un peu effrayée par la matraque et la mitraillette du milicien, elle ne perdit pas sa répartie qui faisait le bonheur des auditeurs de Radio Paris.

« Ce n’est peut-être pas un endroit pour les demoiselles, mais c’en est un pour les Parisiens ! C’est vous, les intrus, aujourd’hui ! Vous, les miliciens, traîtres à la France ! Vous cachez votre peur derrière des armes ! Vous avez besoin de votre matraque pour me faire partir ? Je ne bougerai pas ! Et si dégâts il y a, ce sera de votre faute ! »

Derrière elle, des manifestants répétaient certains de ses mots, créant des échos menaçants. Portée par les « Traîtres ! », elle en oublia la peur que provoquait le regard inquiétant du milicien. Mais l’absence de peur vous approche un peu trop du danger, et cela, Estelle devait l’apprendre à ses dépens. On ne peut pas toujours dire ce que l’on pense sans être inquiété. Et en ce jour, la speakerine ne parlait pas derrière un micro et ne se trouvait pas en sécurité derrière les vitres du studio.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Dim 2 Juin - 19:10

Matthieu contemplait la masse avec une indifférence teintée de mépris. Ces manifestants ne comprenaient décidément pas que leur manière de s'exprimer était venue tout droit d'une autre époque, d'un moment où cela aurait peut être servi à quelque chose parce que le gouvernement était faible et qu'il se souciait des états d'âmes des citoyens. Maintenant, il s'agissait de redresser la France et l'Europe, et seule l'idéologie fasciste et nazie pouvait les y aider, rien de plus, rien de moins. Certes, c'était à cause d'une manifestation de ce genre mais menée par les parties politiques français d'extrême droite que le jeune homme avait perdu sa place dans la police après la blessure qu'il avait reçue à son bras, mais si on avait écouté l'extrême droite à l'époque ils n'en seraient surement pas là aujourd'hui. Le milicien avait envie de secouer ces imbéciles qui ne voyaient pas tout le bien que l'on pouvait tirer de l'idéologie allemande. Certains pays avaient vu l'opportunité des partis extrémistes et l'avaient saisie, mais la France, comme à son habitude depuis environ un siècle, était restée en arrière hésitante. Il fallait un leader avec une force de décision, c'était ce qu'il manquait. Ce dont elle avait cruellement besoin et allait peut être trouver avec l'appui allemand.

-Vrai, mais on nous apprend à nous battre contre de vrais ennemis. Pas des vieilles en charentaises ou des … pouilleux.

Matthieu ne réagit pas. Il ne faisait pas parti de ces jeunes miliciens impétueux qu'il commandait qui se rebiffaient dès qu'on insultait la population. Ces « pouilleux », comme Viktor les appelait, étaient des moutons qui avaient besoin d'un berger, mais ils avaient la tête assez dure pour tenter de faire tout par eux-même. Viktor prit la cigarette que Matthieu lui tendit et l'alluma.

-Stupides français. Le problème est qu'ils pensent savoir se gouverner eux-même, mais ils ne font que se couler. Qu'attendent-ils de cet attroupement, tels des bœufs ? A part beugler des slogans inaudibles et faire croire qu'ils résistent un peu …

Matthieu eut un rictus.

-Ca, résister ? Eh bien je plaindrai presque les résistants, ils ne sont pas sortis avec cette jolie troupe...

-Comme ils nous regardent ! Comme ils nous craignent ! Ils hurlent contre l'autorité mais personne n'ose nous regarder dans les yeux. Vois tu, Matthieu, la peur a toujours été la pièce maîtresse de la soumission des peuples. Ils marchent, crient mais ils n'oseraient pas s'attaquer à nous car ils ont peur. S'ils nous touchent, ne serait-ce qu'un cheveu, ils savent qu'on leur rendra au centuple. C'est comme ça que ça marche, il faut écraser les rebelles … et la masse restera tranquille.

Matthieu hocha simplement la tête, approuvant le discours de Viktor mais n'ayant rien à y ajouter. Pourquoi fallait-il qu'il y en aient toujours qui aient moins peur que les autres, et du coup rendent la tâche de ceux qui voulaient changer le monde moins facile ? Il y avait de quoi rire, vraiment, surtout quand on se cachait dans une foule pour crier ses slogans politiques et des insultes contre l'occupant.

-Regarde ça... marmonna Matthieu, dépité, en désignant une femme assez âgée avec une poussette, même les grands-mères n'ont plus toute leur tête. Si elles pensent que leur âge les protègera, ou celui des enfants qui sont avec elles, elles ont bien tort.

Matthieu avait parlé assez fort pour être largement entendu de la femme en question, mais il n'en avait pas la moindre honte, ça aurait été mal le connaître.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 3 Juin - 0:17

Blanche avait toujours su qu'elle pouvait faire confiance à Grace. Dire qu'il s'agissait de la grande sœur qu'elle n'avait jamais eus était cependant trop cliché. Elle était plutôt cette amie plus âgée et donc plus mature, qui avait une plus grande expérience de la vie, et une différente, et qui lui permettait de se remettre en question ou de voir une situation sous un angle nouveau. Elle aurait peut être demandé des conseils pour sa « relation » avec Raphaël à la jeune femme si elle en avait eut le temps, si la situation n'avait pas virée soudain à la catastrophe alors que les deux jeunes femmes ne s'y attendaient pas du tout. Blanche avait vraiment du mal au contact de ces hommes aveuglés par leur ressentiment, elle n'était pas du genre à les envoyer bouler d'une tirade bien sentie, mais dans la situation présente, elle doutait que de toute façon ça ait eut un effet quelconque. A vrai dire, elle n'était vraiment pas rassurée, et Grace non plus. Si elles n'avaient pas eus Baptiste peut être qu'elles auraient eut une chance de s'en sortir en courant, mais c'était peu probable à ce moment précis. Blanche laissait ses yeux naviguer de Grace et Baptiste, aux hommes en colère, puis à toute issue possible.

Grace posa sa main sur l'épaule de la parisienne en essayant de la retenir.

-Laisse Blanche.

Elle glissa sa main dans celle de la dessinatrice pour la tirer en arrière.

-Si nous vous montrons nos papiers d'identité messieurs, vous nous laissez partir ?

Blanche eut une grimace, elle doutait que cela suffise, et elle avait hélas raison. Il n'y avait qu'à entendre le rire gras du premier.

-Ahah, très drôle la rouquine. Tu nous confonds avec les boches maintenant ?

La jeune fille se mordit les lèvres en signe de nervosité, dépitée. Comment allaient-elles se sortir de là ? Surtout que rien ni personne ne passait dans le coin. L'un d'entre eux s'approcha de Grace et la bouscula un peu, ce qui fit voir rouge à Blanche. Elle avait toujours été la victime de la guerre, il était peut être temps que cela change.

-Arrêtez, s'il vous plait, murmura Grace.

Baptiste commençait à geindre, il allait se mettre à pleurer d'un moment à l'autre.

-Je crois qu'on a trouvé deux jolies futures Fraulein les gars, ça serait dommage de les laisser partir.

Blanche eut un de ces réflexes stupides, mais qui s'avèrent parfois utiles. Son sac à main à bout de bras, elle en donna un grand coup à l'homme le plus proche qui, plus sur le coup de la surprise que de la douleur, tituba et laissa un passage. Serrant la main de Grace, elle s'élança, entrainant son amie à sa suite, dans les petits escaliers parisiens qui parfois se trouvent coincés entre deux immeubles.

-Cours Grace, ne t'arrête pas !! s'écria Blanche.

Le but du jeu ? S'éloigner le plus possible de cet endroit.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mar 4 Juin - 23:07

Un grand discours d'un endoctriné fini, Viktor le sortait avec un naturel déconcertant. Mieux (ou pire selon le point de vue), il en était vraiment convaincu. La démocratie ? Des balivernes, les hommes peuvent rarement être tous d'accord, cela entraînait des conflits et, de fil en aiguille, on se retrouvait dans des révoltes stupides. Le colonel SS voyait en la tyrannie, la parfaite solution : pas de partage des pouvoirs, l'homme fort décidait, imposait sa loi et avait la force armée avec lui pour que personne n'ose le contredire. Au moins, il était certain qu'il n'y avait pas d'imbéciles qui descendaient dans la rue comme le spectacle grotesque qu'ils avaient sous les yeux. Matthieu était d'ailleurs d'accord avec lui et les deux hommes regardaient passer ces parisiens qui ne savaient pas quoi faire de leurs journées à part ressembler à un troupeau de moutons, à beugler des phrases idiotes, sans que cela ait un impact sur la société. Qui allait les écouter ? Les politiques français ? Ils mangeaient pour la plupart dans la main de Vichy et/ou des allemands, ils n'agiraient pas de leur propre chef. Cette manifestation ne servait vraiment à rien. Il y avait de tous les âges dans le cortège, et le chef de la milice attira l'attention du nazi sur une femme âgée.

« Regarde ça. Si elles pensent que leur âge les protégera, ou celui des enfants qui sont avec elles, elles ont bien tort.
Ça ne les protège pas de la connerie, en tout cas », ricana l'allemand avec un petit sourire moqueur.

Mais il n'avait pas le temps de se moquer du reste du cortège, ni de connaître les paroles de cette femme d'un certain âge qui avait tourné la tête vers eux, laissant montrer qu'elle n'allait pas en rester là. Viktor n'assisterait pas au règlement de compte du chef de la milice car des paroles se firent entendre non loin de lui :

« Collabo ! Voleur ! »

Se tournant vers là où venait ces paroles, il vit un attroupement se faire, un cercle se former autour de quelques personnes, sans savoir véritablement de qui il s'agissait. Il laissa donc Matthieu pour quand même aller faire son travail, emmenant avec lui quelques hommes qui tentèrent de disperser la foule de plus en plus compacte à mesure que l'on arrivait à l'épicentre de ce rassemblement, c'est à dire un homme bien habillé et ce qui semblait être sa famille vu le collier de perles de madame et l'âge de la petite mademoiselle. Les cris se faisaient de plus en plus forts alors que Viktor put enfin arriver à destination et se mettre à hurler à son tour.

« Silence ! Et dispersez-vous sinon j'embarque tout le monde ! Cela eut pour effet de faire partir une grande partie du groupe, laissant un peu plus de place à pour respirer. Mais il y avait toujours des récalcitrants, dont un grand barbu à l'air patibulaire. Quoi ? Un tour à la Gestapo vous intéresse ?
Vous utilisez des manières de fascistes pour brimer la liberté. Viktor eut un rire amusé.
Nazi, monsieur. Des manières de nazis, les fascistes ne nous arrivent pas à la cheville. Puis il redevint sérieux, l'air menaçant. Maintenant, hors de ma vue. »

L'homme mit quelques secondes à réagir mais l'allemand à la casquette à la tête de mort ne plaisantait pas, il faisait même peur lorsqu'il se montrait menaçant. Et alors que ses hommes s'occupaient à faire circuler tous ces idiots, Viktor reprit son sourire poli pour se tourner vers l'ambassadeur de Vichy, qu'il reconnut pour l'avoir croisé dans les événements mondains.

« Monsieur ... Cabanel, il retrouva le nom qu'il prononça le nom avec son accent allemand. Si vous le voulez, je peux vous faire escorter par mes hommes. Ces gens sont comme des chiens enragés, il ne faudrait pas qu'ils s'en prennent à vous. »

Et voilà comment un Standartenfürher sauva un ambassadeur de Vichy des griffes de vils parisiens sans jugeote. Aussi redoutable que mondain, Viktor parla un peu avec Édouard, s'inquiéta poliment si madame Cabanel allait bien. Puis, observant la foule, il repéra une silhouette familière, qui avait apparemment fait demi-tour de façon délibéré. Et alors qu'il s'éloigna des Cabanel, il chercha toujours cette silhouette dans la foule. Et alors qu'il s'en allait retrouver ses hommes, cette même silhouette refit son apparition. Sans hésitation, Eppensteiner entra en contact avec les parisiens, surpris de voir cet allemand se mélanger avec eux. Mais Viktor n'en avait cure et s'approcha de Saraa avec un petit sourire, posa sa main sur l'épaule pour l'interpeller.

« Hé bien fräulein Doisneau, vous ici ! Je me disais bien vous avoir vu ! Permettez-moi d'assurer votre protection, après tout je fais mon travail. » Déclara t'il avec un sourire presque carnassier.

D'un geste, il l'invita à quitter le cortège où il n'était pas bon d'y traîner quand on était avec un allemand ou, pire, en compagnie d'un allemand.

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Edouard Cabanel
Edouard Cabanel
✗ Chef de réseau



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■ topics : OUVERTS
■ mes posts : 2321
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■ profession : Ambassadeur de Vichy à Paris

PAPIERS !
■ religion: Ne croit qu'à la politique. Dieu ? ça fait longtemps qu'il n'existe plus, non ?
■ situation amoureuse: Coincé dans un mariage malheureux avec Madeleine Claussat. Trop occupé à cause de son beau-père pour avoir le temps d'aller voir ailleurs.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Jeu 6 Juin - 11:55

En tant que politicien chevronné, habitué à prendre la parole devant des parterres de députés et d'électeurs, Édouard Cabanel n'avait jamais eu peur des foules. Au contraire, il avait même le souvenir de manifestations pendant lesquelles il s'était senti à l'aise et à sa place, comme lors de ces marches anti-fascistes en 1934, quand il avait emboîté le pas à des personnalités qu'il n'osait plus regarder en face à l'heure actuelle. En effet, tout avait changé. Ou plutôt, c'était lui qui était désormais dans l'autre camp et la marée humaine qui l'entourait, loin de le porter ou de le soutenir, l'oppressait, se rapprochait toujours plus de lui et de sa famille pour les bousculer et les insulter. Et pour la première fois de son existence, Édouard fut réellement inquiet de la possible réaction de ces gens exaspérés qui lui semblaient tel un brasier endormi à qui il ne manquait qu'une étincelle pour qu'il s'enflamme. Étaient-ils capables d'aller au-delà des mots, de le lyncher au milieu de l'indifférence générale parce qu'avec son costume et sa cravate, il était le symbole de tout ce qu'ils détestaient ? Il suffisait qu'un seul d'entre eux, celui-là avec sa barbe touffu ou l'autre, là, aux traits fermes et sévères osât lever sa main sur lui pour que les instincts de la foule se réveillent. Tout ce qu'il pouvait dire, de fausses promesses car il ne pouvait rien faire pour améliorer le ravitaillement contrôlé par l'occupant, il ne pouvait rien faire contre ces soldats en uniforme qui arpentaient leurs rues, n'arrangeait rien au contraire.

Dans quel piège venait-il d'embarquer son épouse et sa petite fille ? Léonie tremblait tout contre lui, effrayée par les vociférations et les poings levés et dans un sursaut de lucidité, Édouard se résigna à se séparer d'elle pour lui éviter d'assister à la suite des événements. Il cherchait à héler un membre des forces de l'ordre – il avait fait partie de ceux qui avaient décidé d'envoyer la Milice sur place quelques jours auparavant – quand une voix forte qui ne souffrait aucune protestation se fit soudain entendre à leurs côtés :
- Silence ! Et dispersez-vous sinon j'embarque tout le monde !
C'était un jeune colonel de la SS qui venait à leur secours, ayant sans nul doute remarqué l'attroupement au centre de la manifestation, armé d'une matraque et dont l'air patibulaire eût tôt fait de disperser un grand nombre des assaillants. On ne savait que trop bien que les Nazis mettaient leurs menaces à exécution. Le courage – ou l'inconscience – avait parfois ses limites. L'un d'entre eux chercha bien à s'exprimer mais le colonel eut un rire amusé qui glaça le sang et qui fit détaler le manifestant, avant de se retourner sur Édouard qui avait fait passer sa femme et sa fille derrière son dos.
- Monsieur... Cabanel, dit l'homme en retrouvant une certaine affabilité malgré les circonstances, si vous le voulez, je peux vous faire escorter par mes hommes. Ces gens sont comme des chiens enragés, il ne faudrait pas qu'ils s'en prennent à vous.
- Je vous remercie d'être venu à notre secours, colonel, répliqua le conseiller de l'ambassadeur de Vichy qui se souvenait d'avoir rencontré l'homme dans certaines soirées mondaines sans pour autant lui avoir réellement parlé (et sans avoir retenu son nom qui se trouvait beaucoup trop long et trop allemand), je pense en effet qu'une petite escorte nous serait nécessaire, peut-être pourriez-vous nous conduire parmi les forces de l'ordre afin que le danger soit écarté, s'il vous plaît ?
Madeleine, visiblement soulagée, remercia avec une certaine effusion le SS alors qu’Édouard préférait détourner les yeux de la casquette à la tête de mort du colonel, ayant presque la nausée à l'idée de s'être fait sortir de là par un Nazi pourvoyeur de mort alors qu'il venait d'être agressé par ses propres concitoyens. Édouard ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû aller à contre courant de ses (quelques) convictions pour sa couverture et pour conserver la vie mais cet événement le dégoûtait surtout de lui-même. Saisissant à nouveau la main de la petite Léonie et suivi de Madeleine, il quitta le colonel pour suivre les hommes de celui-ci jusque sur la périphérie de la place où ils purent se remettre de leurs émotions. Il n'était plus question de marcher jusqu'à chez eux et Cabanel espérait pouvoir obtenir qu'on leur envoie une voiture.

Ce ne fut que parvenu au milieu des camions des Allemands armés jusqu'aux dents qu’Édouard s'aperçut que sa fille sanglotait. Afin de la rassurer tout à fait, il la prit dans ses bras et la serra fort contre lui, navré de lui avoir imposé cela alors qu'elle en profitait pour glisser sa tête contre l'épaule de son père. Combien de cauchemars la poursuivraient-ils désormais ? Madeleine, quant à elle, lui faisait face et s'efforçait de retrouver une allure présentable. Un peu hésitant mais espérant il ne savait quoi, peut-être que cette épreuve commune pouvait les rapprocher, Édouard s'approcha de son épouse et glissa une main sur son épaule crispée :
- Comment vas-tu ? Tu n'as pas été touchée... ?
Elle fit un bond en arrière pour se délivrer de l'emprise de son mari et lui jeta d'un ton mauvais, les yeux emplis de flammes, la colère étant aussi forte que la peur qu'elle avait eue :
- Brillante idée vraiment que de rentrer à pied ! Tu es donc totalement inconscient ? Je ne veux pas rester davantage, débrouille toi pour que nous puissions rentrer.
Ce fut comme si on l'avait giflé. Édouard recula d'un pas et après avoir murmuré qu'il était désolé, il se détourna juste à temps pour voir le colonel Eppensteiner les rejoindre suivi d'une jeune femme qu'il avait peut-être également sauvée et dont le conseiller ne distingua pas tout de suite les traits. En caressant les boucles blondes de Léonie dans l'espoir de calmer les sanglots qui continuaient de la secouer jusque dans ses bras, il s'approcha pour demander de l'aide au colonel mais la surprise le cloua sur place. Ses yeux avaient quitté la silhouette menaçante du SS pour examiner celle de sa compagne... Et il ne crut pas ce qu'il voyait ! Pourtant, il n'y avait aucun doute, ces formes élancées, ce visage à la peau foncée, éclairé par deux pupilles brunes... Il l'avait déjà rencontrée et dans d'autres circonstances, pas forcément les plus agréables. Que faisait donc Saraa Grant, épouse décédée de l'ami d’Édouard, l'avocat David Grant, espionne américaine de son état et opposante acharnée du conseiller, à Paris ?
- Tiens donc, s'exclama Cabanel, enfin revenu de sa surprise et qui ne pouvait s'empêcher son ton d'être particulièrement ironique, mais je vous connais ! Que faites-vous là, au sein d'une manifestation contre l'occupant, mademoiselle... Quel est votre nom déjà ?
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Sam 8 Juin - 11:25

Caroline avait envie de maudire le monde entier. Pour une fois, une seule petite fois où elle ne pouvait pas se permettre la moindre erreur, il fallait qu'elle sorte de chez ce médecin rue Richard Lenoir que les danseurs de l'opéra se devaient d'aller voir une fois par mois pour s'assurer que leur corps suivait le rythme, et se retrouve au milieu d'une foule peu avenante. Leurs intentions semblaient claires. La jeune femme faisait profil bas. Elle le savait bien, depuis quelques mois, Paris étouffait. Trop de pression, trop de choses à faire, pas assez de nourriture... Elle avait vu bien des enfants en carences alimentaires et leurs mères désespérées qui ne savaient plus quoi faire pour les soigner. Il était normal que Paris se soulève. Heureusement pour elle, elle n'était pas habillée de manière trop bourgeoise ce jour-là, ayant opté pour une simple robe brune et un pardessus camel. Un simple chapeau assorti reposait sur son chignon roux. Elle espérait ne pas être reconnue, bien qu'il y ait peu de chances pour le moment, mais on ne savait jamais. Espérant rejoindre tant bien que mal le métro, elle suivait le mouvement de foule, bon gré, mal gré. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres quand elle songea que Victoire n'était pas avec elle... Si elle avait sut que Léonie l'avait amenée avec elle et que toutes deux se trouvaient à une quinzaine de mètres, elle aurait vite déchanté, c'était certain.

La foule était dense, compacte, et il suffisait pour la jeune femme de se hausser sur la pointe des pieds pour apercevoir et les allemands, et la milice. Il n'en fallut pas plus à Caroline pour pâlir. Ca aurait fait une coïncidence de trop. Evitant un groupe de soûlards qui avait surement rejoint le mouvement de foule plus par coïncidence que par réel engagement politique, elle essaya de traverser la manifestation jusqu'aux bordures de la rue, et se rencogna dans l'entrée d'un porche. Nerveuse, elle tira une cigarette de son petit sac et l'alluma pour essayer de se calmer. Et dire qu'elle avait arrêté tout le temps de sa grossesse... Les mauvaises habitudes ont la vie dure. Elle observait, essayant de garder son calme, considérant ses options, quand une masse trébucha à son côté et manqua de s'étaler au sol. Il – car c'était un homme – se redressa, et s'appuya à son côté. Elle le reconnu presque immédiatement.

-Encore vous ?

La surprise avait été plus rapide que la pensée de la jeune femme. Marcus Chapuys. Encore lui, toujours où on ne l'attend pas. Ca en devenait presque suspect.

-Me suivriez-vous, Monsieur Chapuys ?

Ils ne s'étaient pas vus depuis le diner qu'il lui avait promit après avoir à moitié ruiné sa robe quelques semaines plus tôt, à la mairie. Mais leur manière très impromptue de se retrouver commençait à être un peu inquiétante, et presque préméditée.

-Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Oui, cela faisait beaucoup de questions, questions auxquels Caroline attendait des réponses, pour chacune. Maintenant ou plus tard, d'ailleurs, ils étaient bloqués là où ils étaient de toute façon. Alors autant prendre le temps de discuter. Elle lui tendit son paquet de cigarettes, ne sachant pas si le suisse fumait ou non.
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Lun 10 Juin - 19:33

« Tu vas pas être déçu mon vieux ! »

Cesare hocha de la tête avec un sourire indéchiffrable au coin des lèvres. Il n'attendait que ça, de voir comment s'en sortait le jeune italien et s'il allait se prendre une veste. La clope arriva en fin de consommation, le corse la jeta au sol et l'écrasa du bout du pied tout en ne perdant pas une miette de la scène. Enzo allait vraiment tenter sa chance avec des cigarettes ? Enfin, en temps de rationnement, cela était bien pensé, il aurait peut être même conclu avec un jambon sur le dos. Un petit sourire, une voix sûre, le petit savait y faire, à quelques pas de là, Cesare continuait de marcher dans la foule comme si de rien n'était. Et lorsque la jolie rousse remballa avec un air suffisant à le virer comme un malpropre, le petit sourire du corse se mua en quelque chose de plus large et se mit même à rire. Il était rare de le voir s'amuser autant, Peretti avait trop d'ennuis pour trouver le temps de rire, mais là il était clair qu'il aurait eu tort de se priver de ne pas rire. Son ami revint vers lui, un peu dépité, s'étant pris une sacrée claque à l'ego. Et il fallait bien que Cesare rajoute une couche :

« En effet, je suis pas déçu ! Merci du fou rire mon vieux ! » s'amusa le corse, toujours en riant.

Non, il n'allait pas cacher qu'il se moquait ouvertement de sa gueule, l'occasion était trop belle ! Sûrement qu'Enzo était un petit tombeur en règle général, il avait le physique de l'emploi, mais que ça rate pile au moment où il voulait en fait la démonstration, c'était juste de l'or en barre ! Cesare n'aurait peut être pas l'occasion de revoir cela !

« Tu as visé trop haut pour toi, amico. Reste dans ta petite cour de minettes. » lança Cesare, se remettant enfin du fou rire.

Finalement, il était content d'être venu, cela aurait été dommage de rater un si bon moment. Notre homme aux mille ennuis réfléchirait à deux fois à présent avant de refuser une invitation de la sorte, surtout si c'était avec Enzo. La manif continuait sa procession, la Bastille était noire de monde, personnes de tout âge, tous scandant des slogans de ras le bol. Tout autour, des patrouilles et cela était moins fun, il espérait qu'il n'y ait aucun débordement, se faire arrêter signerait son arrêt de mort. Il était mieux de rire un peu et s'amuser tant que tout se passait bien.

« Hé, attends ! Je cherche … »

Oui, Enzo attendait que le corse montre ses talents, mais Cesare ne prétendait pas être un tombeur, il avait une belle gueule et même si les filles ne se bousculaient pas au portillon, ou alors il ne les voyait pas, il savait que s'il sortait un peu plus, il pourrait ne pas s'ennuyer. Alors il fallait choisir une jolie fille. Regardant dans la foule, il eut la drôle d'impression de reconnaître un visage familier, mais se résigna, il l'avait vue mourir en Italie ! Détournant le regard pour se concentrer, il vit une jeune femme brune pas loin d'eux, l'air jolie à la seule vue de son trois-quarts dos. Allez, il fallait la tenter. Il tapa dans le dos d'Enzo, montra la jeune femme et s'y rendit, assez confiant.

« Ça ne peut pas être pire que ton fiasco ! » se moqua t'il.

Il fendit les quelques personnes qui le séparait de la jeune femme, l'air attentive à ce qu'il se passait, peut être même une militante. Il passa une main dans ses cheveux pour vérifier qu'il n'y ait pas une idiote mèche rebelle et s'arma d'un charmant sourire.

« On ne se serait pas vu quelque part ? Je ne peux pas oublier une jolie fille comme vous. » Dit il alors qu'il n'avait pas vraiment vu son visage.

Quelle phrase idiote, bateau mais souvent efficace !Et alors qu'il souriait, il allait sûrement déchanter, car il s'avéra qu'il l'avait bel et bien vue quelque part. Quelle était la probabilité qu'il tombe sur la jeune femme de Bois-Colombe ?
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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Mar 18 Juin - 22:20

-Prenez à droite, là, indiqua Marcus au chauffeur en se penchant vers lui.
La berline roulait dans les rues adjacentes au boulevard henri IV, mais la manifestation qui déambulait empêchait le véhicule d’aller plus loin. Bien moins ennuyé que son chauffeur, Marcus cherchait avec lui le meilleur moyen de rejoindre la rue Saint Antoine, mais la voiture venait de s’engouffrer dans une voie à sens unique.
-Ah, le diable est avec nous, aujourd’hui, pesta Marcus en regardant le panneau de la rue. Bon, faites marche arrière et retournez à l’hôtel...quant à moi, je vais continuer à pieds.
-Vous êtes sûr, monsieur?
-Oui, oui! Ne vous inquiétez pas, je n’ai rien à voir avec ces manifestants, je raserai les murs, lança Marcus bien trop confiant en claquant la porte!

Il quitta la rue Jacques Coeur pour débouler place de la Bastille, noire de monde, impraticable même à pieds. Se pouvait-il que Paris fut si calme, alors que tant de parisiens contestaient l’occupation?! En se faufilant au travers de la foule dense, il se demanda si l’un d’eux oserait prendra la parole, s’élever, non pas à la manière des résistants, mais comme un Michael Collins ou un Spartacus. Peut-être ces gens-là se savaient-ils hélas trop faibles pour contrer l’ennemi allemand, ou n’avaient simplement pas l’étoffe de héros. Peut-être savaient-ils aussi que Spartacus avait été vaincu, que Michael Collins avait baissé les armes devant l’Angleterre.

Mais ce mouvement inné de foule, cette résistance pacifiste était belle à voir...magnifique aussi, par son éclectisme, son image intergénérationelle. La France se levait, bravait l’interdit allemand.

Quelques manifestants tentaient d’aborder Marcus pour lui donner des tracts, quand d’autres commençaient à le prendre à partie. Du coeur de la foule, un mouvement semblait prendre de l’ampleur, gonflant et se portant vers l’endroit où tentait de passer Marcus.
-Allez, fini de jouer tout le monde. Y a plus rien à voir, rentrez chez vous, clama une voix dans la foule!
Des uniformes apparurent de ci, de là, clairsemant la foule qui pourtant ne faisait aucun geste pour se disperser. Avec difficulté - mais sagesse! - Marcus décréta qu’il était temps pour lui de s’engouffrer dans la première rue venue, mais pris dans la masse, il se senti porté par un mouvement de foule.
-Eh le bourgeois, lui lança un gaillard qui devait au minima toiser deux tailles de plus que la sienne, sans parler de la largeur! T’es là pour rapporter aux autres ce qu’on y fait, hein? Tu fais parti des vendus, avec ton costard neuf et tes chaussures vernies?
-Non non je....
-Ben envoie-leur ça de ma part, balança la barrique en essayant de lui attraper le col! Mais Marcus, terrifié à l’idée de finir écrasé sous la masse de l’homme, venait de se baisser, tentant de déguerpir sans finir étouffé ou sous le coup des matraques des miliciens.
-Reste-là, sale collabo! Ramène ta sale tronche! Les cris de l’homme avaient alerté d’autres de son groupe qui commençaient à rappliquer, mais un petit groupe de miliciens apparu stoppant les hommes dans leur élan. Craignant d’être encore poursuivi, Marcus tenta une sortie dans la rue, et alors qu’il atteignait enfin le trottoir béni, trébucha sur le rebord et manqua de s’étaler de tout son long sur le bitume.
Retenant un juron, il releva aussitôt la tête pour se retrouver nez à nez avec...Caroline Lisieux!
-Encore vous!
-Vous pouvez le dire, lâcha-t-il d’une voix empressée avant de se retourner inquiet! Il ne prit même pas le temps de comprendre ce que Caroline Lisieux pouvait bien faire là, ni le hasard qui s’acharnait à les faire se rencontrer, et pris le bras de la jeune femme pour la ramener vers le muret du porche.
-Me suivriez-vous, Monsieur Chapuys ?
Il jeta encore un coup d’oeil en arrière, puis avisa enfin sa compagne et se recoiffant prestement, afficha enfin un sourire presque serein et se détendit.
-Moi non, mademoiselle, mais vous, peut-être..? En tout cas je suis très heureux de vous revoir, continua-t-il même si le moment était bien mal choisi pour ces mondanités!
Comment vous êtes-vous retrouvé là ?
-Excellente question, je vous l’accorde! Il s’adossa à la porte, épousseta sa veste grise et observa le mouvement de foule qui venait vers eux dans la petite rue qu’ils avaient investis. Je suis sensé avoir rendez-vous rue Saint Antoine, mais je crois que nous sommes ici....rue de la Bastille, et avec ces miliciens, je crois que je vais devoir reporter! Mais vous, mademoiselle? Après vous avoir vu au Procopoe, je ne doutais pas que vous puissiez fréquenter ces manifestations. Ne craignez-vous donc pas pour votre réputation?

Il avait fait quelques pas dans la rue, mais à l’instant où il se retournait, une vague de policiers arrivait de l’autre côté, le prenant immanquablement en sandwich. D’un côté, la foule et les miliciens, et là...des policiers mêlés de soldats allemands.
-Venez, fit-il précipitamment à Caroline! Extirpons-nous de là si nous ne pouvons rentrer dans cet immeuble. Il lui tendit la main pour l’entraîner sans la perdre. Acceptez-vous? Je crois que c’est préférable pour que nous ne nous perdions pas!


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MessageSujet: Re: INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens !   INTRIGUE N°8 ✿ Aux pavés, citoyens ! Icon_minitime1Jeu 20 Juin - 11:43

La place de la Bastille semblait se remplir encore et encore, et plus le temps passait, plus Saraa était convaincue que les choses ne pouvaient que mal tourner. Des mouvements de foule, elle en avait vu dans sa vie, et il n’en ressortait généralement rien de bon. Ajoutez à cela la propension que semblaient avoir les Français à manifester, et de ce façon généralement de plus en plus violente au fil des heures, un soupçon de tension et la présence des autorités... Vous obtenez un savant mélange digne des bombes à retardement les plus perfectionnées, et une ex-espionne qui aurait donné beaucoup pour se trouver à des kilomètres de là. Elle avait déjà bien assez de problèmes comme ça, il ne manquerait plus que ses chers collègues allemands la retrouvent parmi les raflés - car c’était bien ce qu’elle redoutait : une rafle - alors qu’elle était censée travailler à leur côté. Un frisson la saisit, et pressée d’en finir, elle leva une dernière fois la tête pour prendre de dernières photos, sans doute destinées à être censurées. Les drapeaux français que l’on brandissait depuis la Colonne de Juillet sembleraient sans doute bien trop patriotiques aux contrôleurs. Mais tant pis, elle avait fait son boulot, elle n’avait plus qu’à sortir d’ici. Plus facile à dire qu’à faire.

En effet, si Saraa avait voulu s’éviter un passage devant les uniformes allemands, elle se rendit rapidement compte que les ondulations plus ou moins violentes de la foules avaient plutôt tendance à l’y ramener. Elle tenta bien de lutter et de se frayer un passage vers l’endroit où devait l’attendre (du moins, elle l’espérait) Emy Hale, mais ses efforts ne la conduisirent qu’à se faire bousculer de tout côté (et à se mettre de fort mauvaise humeur car c’était bien un comble de ne pas réussir à s’échapper d’un rassemblement quand on avait un palmarès d’espionne infiltrée tel que le sien - décidément, Paris la rouillait !). Elle échoua si bien que soudain, une main se referma sur son épaule. Craignant déjà le pire, elle réprima un réflexe de défense qui aurait pu être malheureux, et se retourna, prête à envoyer paître quiconque se trouvait sur son chemin. Enfin, quiconque...
« Hé bien fräulein Doisneau, vous ici ! s'exclama Viktor Eppensteiner, celui-là même qu’elle avait voulu éviter.
- Oh, colonel... quelle surprise, marmonna-t-elle.
- Je me disais bien vous avoir vu ! Permettez-moi d'assurer votre protection, après tout je fais mon travail. 
- Non, très franchement, je n’ai pas besoin de... »
Mais c’était peine perdue : déjà, il l’entraînait vers le barrage, sous l’oeil hargneux des manifestants qui la dévisageaient. Merveilleux.

« Vous savez que je suis censée être sous couverture, colonel, et que ce n’est pas en me sauvant que vous m’aidez à remplir ma mission, lâcha-t-elle entre ses dents serrées alors qu’ils s’extirpaient de la foule. Je dois retourner travailler, je ne suis là que pour... »
Elle s’interrompit brusquement. En effet, son regard avait glissé du gestapiste aux quelques personnes qui se trouvaient derrière les barrages, et était soudain tombé sur un visage parfaitement familier.
« ... prendre des photos, acheva-t-elle alors qu’Eppensteiner l’amenait justement du côté d’Edouard Cabanel. God, let me die. »
Ces derniers mots n’avaient été qu’un souffle. Mais que fichait Edouard Cabanel, ancien envoyé du gouvernement français aux Etats-Unis pour négocier des accords qu’elle avait été chargée de rendre caducs, et accessoirement, ami de son mari, au milieu d’une manifestation, et surtout face à elle ? Et pourquoi fallait-il toujours que les gens qui la croyaient morte fassent irruption dans sa vie au moment où elle s’y attendait le moins. Pour un peu, elle en aurait presque pâli.

« Tiens donc, s'exclama Cabanel, visiblement aussi surpris qu’elle, mais je vous connais ! Que faites-vous là, au sein d'une manifestation contre l'occupant, mademoiselle... Quel est votre nom déjà ?
- Doisneau. Lucy Doisneau, répondit-elle très vite, avant de désigner l’étui contenant son appareil. Je travaille. Mais vous-même, Monsieur Cabanel ? S’il y a bien un endroit où je ne pensais pas vous croiser, c’est ici... »
Elle le dévisagea sans se gêner, bien plus inquiète qu’elle ne le paraissait. Était-il toujours en contact avec David ? Enfin, elle se tourna vers l’officier qui ne l’avait toujours pas lâchée, pour lui lancer un regard entendu et plein de reproches. Merci pour sa couverture, vraiment.
« Vous savez provoquer les retrouvailles, colonel. Avez-vous aussi sauvé M. Cabanel des griffes de la foule ? »
Le tout était bien ironique, mais Saraa n’était vraiment, vraiment plus d’humeur à faire le moindre effort. Paris était définitivement bien trop pleine de fantômes, et celui d’Edouard Cabanel n’était pas des moins redoutables.
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