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 Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse [Pv Emy]

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Jules Dumas
Jules Dumas
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MessageSujet: Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse [Pv Emy]   Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse [Pv Emy] Icon_minitime1Sam 2 Sep - 11:04

Marcel ne manquait pas d’air. Vingt minutes de retard, ça commençait à frôler la blague de très mauvais goût. Il avait au moins intérêt à s’être fait arrêter pour avoir une excuse crédible ! Non. Tout de même pas. Aussitôt pensé, aussitôt Jules regretta. Un vélo qui avait déraillé ferait aussi bien l’affaire. Ou un neveu à garder pour dépanner, rien de bien méchant. L’esprit ailleurs mais toujours un plateau à la main, le serveur continuait de déambuler sans grande conviction entre les tables, maugréant intérieurement contre ce collègue qui n’arrivait pas. Après avoir récupéré la bouteille vide – et vidée en un temps record ! – à une table d’officiers, il se réfugia un instant derrière le bar, regarda une nouvelle fois sa montre en fronçant les sourcils et envisagea très sérieusement d’abandonner tout de même son tablier. Heureusement il n’eut pas besoin de déserter, Marcel se décida enfin à arriver, comme une fleur. Ah, vraiment, il ne manquait pas d’air. Mais Jules n’avait ni envie de s’attarder en lui faisait un reproche, ni le cœur à saper la belle humeur qu’il semblait avoir, et se contenta de lui envoyer un regard qu’il jugea suffisamment noir – mais qui dans les faits n’aurait pas fait peur à grand monde. Tout en s’étirant comme s’il s’apprêtait à courir un marathon, Marcel déclara avec un sourire amusé au coin des lèvres.

« Y’a ta belle, la jolie brunette qui était dehors, qui t’attend dans les coulisses. Elle m’a dit qu’elle était là pour toi alors je l’ai faite entrer. »

Eh bien tout s’expliquait. A coup sûr il avait jugé que faire la cour à Emy était un temps mieux dépenser que servir des verres aux allemands. Bravo, bel esprit de camaraderie ! Et qu’il ne tente même pas de nier, il avait l’air trop fier de lui pour que Jules admette qu’il n’avait fait que se montrer un parfait gentleman en la laissant entrer et qu’il n’avait au passage pas tenté de décrocher un rendez-vous. Et si elle l’avait vraiment été, sa belle ? On ne pouvait vraiment compter sur personne… Surtout pas sur ce beau parleur de Marcel. Un peu renfrogné, Jules grommela un « merci » à peine audible, lui donna au passage quelques recommandations et l’informa surtout que l’allemand à l’accent à couper au couteau de la table 2 continuerait de se contenter d’un vin rouge parfaitement lambda et pas de… la chose absolument incompréhensible qu’il répétait. De toute façon un allemand ça n’y connaissait rien au bon vin.
En se hâtant et tout en espérant de ne pas retrouver Emy de trop mauvaise humeur à cause de son retard, il longea la salle pour rejoindre les coulisses, tête baissée pour ne surtout pas se faire interpeler par des clients. Une fois de l’autre côté du rideau il y croisa bien sûr quelques danseuses légèrement vêtues qui comme toujours lui lancèrent un signe de main en gloussant légèrement en voyant son regard qui ne savait jamais trop où il avait le droit de se mettre, puis une autre un peu plus habillée et avec laquelle il s’entendait particulièrement bien.

« Alors étranger, on part sans dire au revoir ? »
Une main sur la hanche, elle lui lança une moue boudeuse à laquelle il répondit avec un clin d’œil.
« Et si tu es chanceuse, tu ne me verras plus jamais »

Il ne prit pas le temps d’échanger plus que ces quelques mots et continua sa quête de son amie, qu’il trouva échouée quelques mètres plus loin sur un canapé dont la moitié qu’elle n’occupait pas était recouverte de costumes empilés avec un soin qui aurait causé une syncope à leur créatrice. En la voyant qui avait pris toutes ses aises, auréolée d’une élégance toute relative, il se racla bruyamment la gorge pour se manifester et prit un ton plein de reproches.

« Je vous en prie mademoiselle, faites comme chez vous. »

Mais la fausse réprimande s’arrêta là et son visage se fendit d’un grand sourire. Constater qu’elle n’avait pas décidé de le planter, fatiguée d’attendre, était déjà une satisfaction en soi. Car depuis ce matin il s’était en avance réjouis de la revoir. Depuis que quelques semaines plus tôt ils s’étaient recroisés, après ce qui lui avait semblé une éternité sans nouvelles, il s’était en effet habitué avec une étonnante facilité à la présence familière de cette amie d’avant-guerre. Et si bien sûr rien n’était vraiment comme avant, à commencer par une compagnie qu’ils avaient connu plus nombreuse, tous ceux qui lui rappelaient qu’une vie avait existé avant la guerre étaient les bienvenus dans son entourage. Même si la voir sans Hava lui faisait à chaque fois un pincement au cœur, quand ce n’était pas un coup au moral une fois qu’il se retrouvait à y songer seul chez lui, restait que la journaliste faisait partie de ceux dont il s’imaginait mal se passer.

« Désolée de t’avoir fait attendre. Pour ma défense si Marcel avait été moins occupé à te faire les yeux doux il serait peut-être arrivé plus tôt. »

Et son service se serait en effet terminé à 19h et pas vingt minutes plus tard. Mais à rien ne servait de ressasser, l’important était qu’il en avait enfin terminé pour la journée. Ne manquait plus qu’une limonade pour fêter ça. Peut-être même quelque chose d’un peu plus corsé si vraiment Emy insistait – mais uniquement car dans sa galanterie infinie il se sentirait obligé de l’accompagner.

« Le café des Trois frères, ça te va ? En approximativement cinq minutes de vélo on y sera. »
Il gonfla exagérément la poitrine, leva le menton avec une fierté qui se devait risible et rajusta la cravate déjà parfaitement en place de son uniforme.
« Sans vouloir me vanter je suis très bon pilote, on pourrait y être en quatre et demi. »

La dernière fois qu’il avait transporté sa voisine sur le porte bagage pour la dépanner ils avaient en effet frôlé l’accident, mais c’était un détail. Et pour sa défense elle avait beaucoup gigoté, ce qui rendait l’épreuve très difficile ! Emy restait priée de le croire sur parole et de ne pas remettre en cause son excellent coup de pédale. Il aurait été vexé. Même si pour le moment, affalée sur le canapé avec un raffinement qu’elle avait laissé à l’entrée, la journaliste semblait à peine disposée à se traîner jusqu’à dehors. Elle avait en tout cas l’air moins en forme que les deux danseuses qui leur passèrent devant leur nez en trinquant puis avalant cul-sec deux verres censés leur donner le courage nécessaire pour leur numéro, qu’elles abandonnèrent sur une commode avant de se diriger vers la scène. Il fallait bien être au cabaret pour qu’on trouve normal de boire pendant les heures de service... Et si cela avait, il y a déjà quelques années, tiré un froncement de sourcils à Jules, désormais il le voyait avec indifférence et les fournissait même volontiers – mais discrètement – en alcool lorsqu’elles le demandaient avec des grands yeux auxquels il était impossible de dire non. Après les avoir suivies quelques secondes du regard, il se retourna vers Emy et attrapa sa main pour la tirer sur ses pieds.

« Aller, debout. »

Il avait assez vu cette saleté de Paradis pour une journée, il était temps de respirer un autre air.
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Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse [Pv Emy]

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