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 Bye bye love, hello emptiness [topic unique]

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Emy Hale
Emy Hale
La chance ne sourit pas à ceux qui lui font la gueule.



Féminin

Je parle pas aux cons, ça les instruit.
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■ avatar : Zooey Deschanel
■ profession : Journaliste au Courrier Parisien

PAPIERS !
■ religion: Irrémédiablement athée.
■ situation amoureuse: Célibataire endurcie, le couple c'est bourgeois et catholique, d'abord.
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MessageSujet: Bye bye love, hello emptiness [topic unique]   Bye bye love, hello emptiness [topic unique] Icon_minitime1Jeu 22 Oct - 20:26

Les mots ne venaient pas. Elle avait tout essayé : trouver un nouvel angle d'attaque, tourner et retourner le sujet pour lui donner un sens, écrire une première phrase en espérant que la suite coulerait d'elle-même... mais rien. L'inspiration – si l'on pouvait encore parler d'inspiration – la boudait, et son esprit était aussi vide que son dernier paquet de cigarettes – un vide profondément désespérant, donc. Emy laissa échapper un soupir de mourante, et après avoir laissé sa tête retomber entre ses bras croisés, se cogna brusquement le front sur la table, comme si elle espérait pouvoir ainsi réveiller ne serait-ce qu'un tout petit instant une infirme once d'envie d'écrire, et si ce n'était pas l'envie, au moins un petit bout de conscience pour la rappeler à l'ordre. Mais l'envie était bien loin désormais, noyée par le dégoût que lui inspiraient ses propres articles, et sa conscience quant à elle, lui reprochait chaque mot et chaque phrase qu'elle tentait de coucher sur le papier – entre autres choses, qui ne cessaient de lui encombrer l'esprit, et de lui ôter tout le courage dont elle avait besoin pour écrire. Or du courage en ce moment, il lui en fallait beaucoup, mais depuis quelques semaines, Emy avait la sensation d'arriver au bout des réserves que lui avaient laissées ces dernières années. Tout, venir prendre son poste au Courrier, faire face Meilland, publier ce qu'on lui demandait, affronter ses remords lorsqu'elle rentrait seule le soir – tout lui semblait insurmontable, et il n'y avait à l'horizon pas la moindre perspective pour venir éclairer un peu cet immonde magma désespérant qu'était son quotidien. Même ce qui aurait dû la réjouir avait tendance à se transformer en calvaire,  et à cette pensée, ce fut le visage de Nate qui traversa l'esprit de la jeune femme. Nate et ses sautes d'humeur, Nate et sa façon de la considérer comme une petite fille, Nate et son insupportable manie de souffler chaud et froid, au point que, lorsqu'ils se voyaient, Emy se perdait et ne savaient plus s'ils étaient ensemble pour jouer à se faire du mal, ou se faisaient du mal en jouant à être ensemble. Depuis qu'ils avaient franchi la limite qu'ils s'étaient jusque là imposée à l'hôtel, dans la chambre de cet allemand, depuis qu'elle avait difficilement réussi à passer outre ses démons dans ses bras, leurs incessantes chamailleries ne s'étaient espacées, bien au contraire. Elles avaient pris un autre sens, d'autres enjeux, et si elles se résolvaient parfois quand elle lui tombait dans les bras, Emy ne pouvait se débarrasser de la sensation qu'elles l'épuisaient. Oui, même avec celui dont elle s'était un moment crue profondément amoureuse – elle l'avait probablement été, l'espace un instant – la jeune femme étouffait. Tout l'étouffait.

Puisque tenter d'imprimer la marque du bois de la table sur son front n'était définitivement pas une solution à tous ses problèmes, Emy se redressa et décida pour la dixième fois de la soirée au moins de faire une pause. Elle ne pouvait pas continuer à se lamenter sur son sort en espérant être touchée par la grâce – en vain, sans doute, puisque la grâce n'était probablement pas une collabo, elle –, et puisqu'elle ne pouvait pas avancer sur ce fichu papier sans ses bons et loyaux services, autant passer à autre chose. Résolution qui se matérialisa en l'occurrence par son passage de sa chaise à son canapé, où son chat ronflait comme une bienheureuse qu'elle était bien la seule à pouvoir être ces derniers temps. Emy soupira (encore), et avisa une bouteille de vin à moitié entamée qu'elle avait laissée sur sa table basse qui semblait presque lui lancer des clins d’œil provocateurs, comme pour la défier de lui résister alors qu'elle était seule, désespérée, et probablement vouée à subir un nouvel entretien avec son rédacteur en chef puisqu'elle n'aurait aucun article à lui rendre le lendemain. Il y avait longtemps que la jeune femme avait renoncé à chercher une solution dans l'alcool, en revanche, elle y trouvait toujours un refuge appréciable... sur le moment. Avant la gueule de bois, les regrets, et un certain mépris d'elle-même de n'avoir rien trouvé de mieux qui, parfois, avait au moins le mérite de la pousser à aller de l'avant. Parfois, quand elle ressassait, regrettait les années d'avant-guerre, et songeait à ce qu'en aurait pensé Max. A ce qu'il en avait pensé, même, quand elle avait perdu pied après la mort de sa sœur. « Tu es forte, Emy », les mots de la lettre qui lui avait envoyée parvenaient parfois à se frayer un chemin dans son esprit, rassurants, source inépuisable de réconfort, même dans les pires moments, même si depuis le début de l'occupation, elle les avait relus des dizaines de fois. « Tu vaux bien plus que cet être pathétique qui vit dans son monde d'hallucinations, altéré par la boisson, et qui n'est pas ma meilleure amie. » Elle connaissait par cœur la missive de Maxime Cabanel, son petit guide de survie comme il l'avait appelé, à force de s'y raccrocher quand plus rien n'allait... Et pourtant, quand bien même elle aurait pu se le réciter en grande partie de mémoire, Emy attrapa du bout des doigts les feuillets qu'elle avait abandonnés quelques jours plus tôt auprès de la bouteille de Chardonnay. La fameuse lettre était là, et en levant les yeux au ciel, la jeune femme se traité mentalement d'imbécile : elle aurait pu y penser plus tôt. Elle était là, sa solution.

Mais elle n'eut pas le temps d'en relire plus que les quelques premières phrases. Elle sursauta brusquement lorsqu'on frappa à sa porte, si bien que même Minette – la masse blanche et rousse qui ronflait sur son coin du canapé – en leva la tête. Emy fronça les sourcils : ce n'était pas une heure pour les visites, ce n'était pas non plus une façon de cogner qui annonçait les ennuis (du moins, telle qu'elle se l'imaginait, puisqu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'entendre la Gestapo frapper à sa porte), et elle n'attendait définitivement personne – bref, c'est avec perplexité qu'elle daigna se lever de son canapé, tandis que le chat, lui, peu inquiet, retournait avec l'énergie d'un cucurbitacée à ses occupations – à savoir ronfler. La jeune femme déposa la lettre sur un meuble non loin de la porte, puis non sans méfiance, alla ouvrir.
- … Nate, lâcha-t-elle lorsqu'elle eut détaillé la silhouette qui se trouvait derrière la porte.
- Bonsoir, princesse.
Nate (et ce surnom insupportable), qui tombait au meilleur moment à peu près. Pourtant, il avait aux lèvres le sourire enjôleur des bons jours, et lorsqu'il pénétra dans l'appartement, referma la porte et l'entraîna à sa suite sans lui laisser le choix, pour la repousser doucement contre le premier meuble venu, Emy oublia un court instant ses griefs pour se laisser embrasser – comme toujours. Elle ignorait que c'était le dernier « comme toujours » qu'il leur était donné de vivre tous les deux. En effet, alors que la soirée semblait sur le point de prendre une tournure plus intéressante que prévue, le jeune homme se raidit, attrapa quelque chose qui se trouvait dans le dos de la journaliste, et s'éloigna tandis que la journaliste en question le détaillait avec deux yeux de hibou contrarié, sans comprendre. Du moins, jusqu'à ce qu'elle ne se rende compte que c'était la lettre de Maxime qu'il avait en main.
- T'as encore ressorti ça ?
Natanael Blondel et Maxime Cabanel ne s'étaient jamais entendus – ce qui devait probablement beaucoup au comportement de la jeune Emy qui n'avait cessé d'aller et venir entre eux, quand bien même il ne s'était longtemps rien passé avec Nate, tandis qu'elle considérait Max comme son meilleur ami. À ses yeux, il n'y avait donc jamais eu besoin de faire un choix. Hélas, ce genre de moment finit toujours par vous rattraper.
- Ah non, ne commence pas, Nate, marmonna-t-elle en se redressant pour essayer de récupérer ses précieux feuillets.
- Tu sais qu'il n'est pas là, et qu'il ne peut rien pour toi... continua pourtant l'intéressé, dont le regard si troublant s'était soudain voilé de colère.
- Magnifique démonstration de ce qui saute aux yeux, merci, je suis au courant. Bon tu me rends la lettre ?

L'agacement pointait dans la voix d'Emy, qui n'avait pas la moindre envie de se disputer, ni qu'on vienne retourner le couteau dans la plaie, alors que l'absence de Maxime lui pesait déjà bien assez lourdement. Elle fit un geste pour attraper la missive, mais Nate s'éloigna encore en la parcourant vaguement des yeux, visiblement toujours plus en colère.
- Nate, rend-moi ça tout de suite ! Ça ne te regarde pas...
- C'est ridicule de te raccrocher à ces conneries, tu t'en rends compte ? Qu'est-ce que tu espères ? Que tes problèmes vont tous disparaître comme par magie avec un verre de vin et des niaiseries ? C'est ça qui est pathétique !
Emy ne put retenir un regard noir en direction de Nate, quand bien même ses yeux suivaient surtout les mouvements des feuilles qu'il avait en main, comme si elle craignait qu'il leur arrive quelque chose. Elle n'était pas d'humeur à soutenir cette conversation, elle n'était même pas certaine d'en être capable, pas ce soir et déjà, sa gorge s'était nouée.
- Qu'est-ce qui te prend ? lâcha-t-elle d'une voix encore maîtrisée. Je veux que tu me rendes cette lettre, immédiatement Nate.
Mais Nate n'en avait visiblement pas l'intention. Il jeta un nouveau coup d’œil aux feuillets qui se commencer à se froisser sous sa poigne, puis esquissa un rictus presque mauvais. Emy ignorait quelle mouche l'avait piqué, ce qu'il avait fait avant de venir pour pouvoir se mettre dans un tel état (et elle préférait l'ignorer, elle en savait déjà bien assez sur ses activités avec la résistance) mais brusquement, elle eut le sentiment que quelque chose aller se passer, que la situation allait lui échapper et pour une raison obscure, sentit l'angoisse monter.
- Tout ce que tu fais, c'est ressasser... Tu sais ce que tu devrais faire de cette lettre ? La brûler. C'est tout ce qu'il y a à faire avec ce torchon ! continua Nate, en s'approchant à nouveau, et dont la haute silhouette se dressait désormais au-dessus d'une Emy de plus en plus livide.  
- Je ne vais rien brûler du tout ! Tu n'as pas le droit de...
- Bon sang, Emy ! Il est parti ! Ton Max, il t'a abandonnée depuis des années maintenant ! Est-ce que tu vas finir par t'en rendre compte ? explosa le jeune homme, avant de reprendre alors qu'elle tentait de le contredire : tu ne me crois pas ? Est-ce qu'il t'a écrit récemment, hein, dis moi ? Est-ce que tu as eu de ses nouvelles ? Brûle cette lettre !
Il lui avait attrapé le poignet en parlant, et Emy s'était figée, le cœur battant une mesure telle qu'elle avait l'impression qu'elle allait s'étouffer, presque tremblante... et effrayée. Par Nate, par sa façon de la dominer de toute sa hauteur alors que, coincée contre le meuble, aucune échappatoire ne lui apparaissait. Il fallait qu'elle respire, qu'elle sorte de là, qu'il la laisse. Qu'il lui rende sa lettre.
- Nate lâche-moi... souffla-t-elle avec difficulté. Rends-la moi... et lâcha-moi, s'il te plaît.
Pourquoi respirait-elle mal ? Pourquoi était-elle entrain de paniquer ? Pourquoi cette sourde impression qu'elle était en danger, que quelque chose allait se produire ? Emy se raccrocha au meuble pour se rattraper alors qu'elle ne vacillait pas réellement, et Nate, sans avoir l'air de se rendre compte de sa détresse, ne la lâchait pas.  
- C'est cette lettre ou moi, Emy. C'est facile, lui qui est parti ou moi qui suis là.
Là-dessus, il déposa ses deux mains sur les bras de la jeune femme, laissant tomber la lettre. Son ton dur, son geste comme s'il allait la secouer... C'était trop. Sortant de l'état de paralysie dans lequel elle se trouvait quelques secondes plutôt, Emy explosa soudain et le repoussa violemment.
- LAISSE-MOI ! cria-t-elle quoi qu'elle fut à bout de souffle. Dégage, fous moi la paix ! Je... je ne veux plus... ne reviens pas !
Elle avait reculé de trois pas dans le couloir et Nate la dévisagea un instant, il la détailla avec colère et déception, mais tout ce qu'elle voyait, elle, c'était sa silhouette qui semblait la menacer, et elle recula encore.
- Va-t-en !

Il tourna les talons. Sans ajouter un mot, pas même un soupir, Natanel fit volte face, ouvrit la porte et la claqua derrière lui. Il partit et dans le silence qui s'était soudain abattu sur la pièce, Emy s'entendit suffoquer, elle réalisa que des larmes lui avaient échappé et doucement, elle se laissa glisser par terre, jambes rassemblées contre sa poitrine. De violents souvenirs, la silhouette de Nate, sa colère, l'angoisse, tout se mélangeait de façon totalement absconse. Il fallait qu'elle se calme. Pourquoi avait-elle paniqué ? Dans un effort qui lui sembla tout à fait démesuré, elle tendit le bras vers la lettre de Max qui gisait sur le sol et la ramena contre elle en se forçant à respirer calmement, à ravaler les larmes qui coulaient sur ses joues, à reprendre ses esprits. A réaliser. Nate était parti, pour de bon. Il lui avait de demandé de choix, elle avait choisi. Mais pourquoi cette crise ? Emy laissa sa tête retomber en arrière pour cogner le mur contre lequel elle s'était appuyée, les mains toujours crispées autour de feuillets désormais un peu froissés. Il ne l'avait pas abandonnée, Nate avait tout faux. Pas comme tous les autres, ceux du journal, ceux de la bande dont elle s'était éloignée. Il était toujours un peu là, il le lui avait dit, et il avait promis qu'il reviendrait. A nouveau, Emy sentit sa gorge se nouer, mais plus d'angoisse cette fois-ci. Non, ce qui la secoua brusquement, ce furent de véritables sanglots. Car au fond, malgré la lettre qu'elle serrait contre elle, malgré les promesses, malgré tout ce qu'elle voulait bien se raconter... la guerre continuait, les gens disparaissaient, elle ne reverrait plus Nate. Elle était seule.
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